C’est ce soir qu’on verra si je m’emballe un peu trop quand je vois l’Ukrainien Vasyl Lomachenko à l’œuvre. Mais je l’avoue... Je ne peux faire autrement que de l’admirer dans son art qu’il maîtrise presque à la perfection. Et pourtant, en termes de boxe, il n’est qu’un bébé.

Pour me sécuriser et me rendre plus à mon aise, j’ai décidé de comparer ses prouesses avec des super boxeurs, des vedettes incontestables telles Sugar Ray Leonard, Oscar De La Hoya et Andre Ward, trois champions qui tout comme Lomachenko ont gagné une médaille d’or aux Jeux olympiques.

Je ne suis pas sans savoir qu’une médaille d’or olympique n’est pas garante de succès chez les pros. On en a eu la preuve avec les David Reid (1996), Nate Jones (1996), Andrew Maynard (1988), Kennedy McKinney (1988), Frank Tate (1984) pour ne nommer que ceux-là.

Déjà, Lomachenko est en avance sur les prouesses olympiques de Leonard, De La Hoya et Ward à leurs tout débuts chez les professionnels, avec deux médailles d’or au nom de l’Ukraine lors des Jeux de 2008 et de 2012.

Je sais que Hi-Tech comme l’ont baptisé ses amis n’a que huit combats (7-1-0, 5 K.-O.)  à sa fiche professionnelle, mais il a tellement de qualités sur le ring qu’il ressemble à un vétéran avec quatre fois plus de duels que lui.

Lomachenko en avance

Au même stade de la carrière de Leonard, De La Hoya et Ward, il les dépasse tous. Non seulement a-t-il gagné deux médailles d’or aux Olympiques, ce que les trois autres n’ont pas réussi, il a établi un record mondial en devenant champion à son troisième combat chez les pros.

Il a fallu 26 combats en deux ans et neuf mois, au darling des Jeux olympiques de Montréal en 1976, pour coiffer sa première couronne mondiale aux dépens de Wilfredo Benitez qu’il a vaincu par TKO au quinzième engagement.

Oscar De La Hoya a mieux fait que Sugar Ray en s’assurant la ceinture mondiale des super plumes en mars 1994 en obligeant Jimmi Bredahl à se retirer du ring sur les conseils du médecin au dixième engagement. Le Golden Boy en était à son 12e combat chez les pros. Il a donc pris un an et huit mois pour atteindre son but le plus cher.

Quant à Andre Ward, le dernier Américain à gagner une médaille d’or pour les États-Unis lors des Jeux d’Athènes, en Grèce, il lui a fallu cinq ans moins un mois avant d’être couronné champion mondial WBA des super moyens en battant Mikkel Kessler lors de la série Super six.

Les comparaisons

Ou Lomachenko se compare-t-il face à ses trois prédécesseurs?

Malheureusement pour lui, il n’est pas Américain de souche ni Latino. Or, il part donc avec deux prises contre lui.

Regardez les exploits de Gennady Golovkin et Sergey Kovalev. Ils sont d’excellents pugilistes, parmi les élites d’aujourd’hui et pourtant, ils ne parviennent pas à s’attirer les faveurs du grand public et leurs ventes à la télévision payante sont bien en dessous d’un Canelo Alvarez et même d’un Manny Pacquiao.

Lomachenko est âgé de 29 ans. Il avait 26 ans quand il a coiffé sa première couronne. 

C’est Oscar De La Hoya qui mène le bal dans ce domaine.  Le Golden Boy a été proclamé champion à 21 ans tandis que Leonard en avait 23 quand il a vaincu Benitez. Andre Ward, qui est toujours actif, est devenu monarque à 25 ans.

Présentement, je classe Lomachenko en troisième place derrière Leonard et De La Hoya, mais en avance sur Andre Ward, même si ce dernier n’a jamais connu la défaite en carrière professionnelle.

Ward est un superbe boxeur qui connaît tous les trucs du métier. Mais il n’a pas et n’a jamais eu le charisme de Leonard ou De La Hoya. 

Sugar Ray et le Golden Boy étaient non seulement des super pugilistes, ils étaient aussi des « entertainers », des amuseurs publics sur le ring.

C’est pour cela que De La Hoya a livré pas moins de 19 combats à la télé payante et généré des recettes de 680,6 millions de dollars auprès de 13,85 millions de téléspectateurs.

L’argent est rare

Je doute que Lomachenko puisse surpasser le record de vente de De La Hoya, car l’argent semble se faire de plus en plus rare aux États-Unis de nos jours et de plus, il n’est pas dans la catégorie de poids qui plait le plus à ceux et celles qui achètent les galas de boxe télévisés.

Ce soir, Lomachenko mettra son titre WBO des super-plumes à l’enjeu contre l’ex-pizzaiolo Jason Sosa (20-1-4, 15 K.-O.). Le champion en sera à son neuvième duel dans le monde payant de la boxe.

Sosa est le deuxième aspirant à la couronne du champion, derrière Orlando Salido, le seul tombeur du monarque. Sosa n’a perdu qu’une seule fois en carrière et il faut remonter jusqu’en 2010 alors qu’il livrait son cinquième combat chez les pros pour trouver cette tache à son dossier.

En 2015, Sosa a dû se contenter d’un verdict nul face à Nicholas Walters, la dernière victime de Lomachenko.

Arum le compare à Ali

Le promoteur Bob Arum, qui s’y connaît en boxe et en boxeurs, ne tarit pas d’éloges à l’égard de l’Ukrainien.

« Je le compare à Muhammad Ali, a souligné l’octogénaire. C’est un magicien, un maître magicien sur le ring! »

On verra bien ce soir si tous ceux (et ils sont nombreux) à choisir Lomachenko comme le meilleur boxeur livre pour livre ont raison. Personnellement, je le crois. Lomachenko est un amuseur public comme j’en ai rarement vu et je m’attends à ce qu’il nous offre une autre performance étourdissante à condition que Sosa veuille bien collaborer. Comme on dit dans le jargon : il faut être deux pour danser!

Soirée ukrainienne

Cette soirée se poursuivra avec deux compatriotes de Lomachenko, Aleksandr Usyk et Aleksandr Gvodzdyk.

Usyk est lui aussi un médaillé d’or de l’Ukraine depuis les Jeux olympiques de Londres, en Angleterre en 2012. C’est ce même Usyk qui avait battu Artur Beterbiev en quart de finale des Jeux olympiques de Beijing en 2008 et une autre fois, toujours en quart de finale au championnat du monde en 2011.

Usyk défendra ce soir sa couronne WBC des lourds légers contre Michael Hunter, qui a aussi participé aux Jeux de Londres. Il avait été éliminé dès la première ronde par nul autre qu’Artur Beterbiev, mais cet affrontement avait été très serré (10-10+).

Hunter a été plus chanceux aux essais olympiques en 2008 à Trinidad en battant le Colombien Oscar Rivas, qui fait maintenant partie de l’écurie de GYM.

Hunter a aussi connu du succès aux Essais olympiques à Guatemala City en 2008 en l’emportant 4-3 contre Didier Bence, du Canada.

Enfin, un autre Ukrainien, Aleksandr Gvozdyk, médaillé de bronze chez les mi-lourds aux Jeux de Londres affrontera le Cubain Yunieski Gonzalez. Gvozdyk n’a jamais subi la défaite en douze combats depuis qu’il a quitté les rangs  amateurs et on lui prédit un bel avenir. Qui sait... Peut-être un jour, verra-t-on Usyk et Gvozdyk défier à nouveau Artur Beterbiev chez les mi-lourds ou les lourds légers? Personnellement, j’aimerais voir ces deux-là se mesurer à nouveau contre notre assommeur par excellence.

Je vous attends ce soir sur RDS à 23 h en compagnie d’Yvon Michel pour ce combat qui vous parviendra en direct du MGM National Harbor, d’Oxson Hill, au Maryland.

Bonne boxe.