Les options de B-Hop
Boxe jeudi, 13 nov. 2014. 15:36 jeudi, 12 déc. 2024. 01:34Que fait un vrai champion lorsqu’il est déchu de ses titres mondiaux?
Il prend son courage à deux mains et évalue ses chances de reprendre sa place parmi les plus grands de son sport.
Tout cela est bien beau, mais pour un boxeur qui est sur le point de devenir un cinquantenaire, c’est une tout autre histoire.
Si votre nom est Bernard Hopkins vous criez bien fort : « Au diable les risques du métier. Au diable les commotions cérébrales. Au diable la démence pugilistique. Au diable la possibilité d’être atteint de la maladie de l’Alzheimer. Je veux continuer à boxer, un point c’est tout…! »
Le nom et les records de Bernard Hopkins n’ont rien à voir en temps réel. Il se dit un extraterrestre, et de la façon dont il a absorbé tous les coups du monarque Sergey Kovalev samedi dernier, il faut se demander vraiment si son masque vert qu’il porte lorsqu’il fait son entrée sur un ring n’est pas son vrai visage et sa vraie peau?
Vous me direz qu’il n’a pas gagné un seul round contre Krusher Kovalev et vous avez entièrement raison, mais souvenez-vous surtout du douzième engagement alors qu’il y est allé coup pour coup avec son tombeur. Pourtant il savait qu’il était battu. Il aurait pu s'asseoir sur ses lauriers. Non, il a voulu y aller à fond de train avec le dur cogneur devant lui, ce qui a bien failli lui faire subir son premier K.-O. en carrière. Je ne connais aucun autre pugiliste de 49 ans qui aurait pu en faire autant.
Pas plus tard que le lundi suivant son revers, il était de retour dans le gymnase. « Regardez-moi », a-t-il lancé aux nombreux journalistes présents. Ai-je l’air d’un type qui a reçu toute une raclée? Non… Aucune marque, mais je vais être honnête avec vous. J’ai passé la fin de semaine à me tremper dans l’eau chaude. J’avais mal partout… Au bras, au-dessus et derrière la tête. Non… Je savais que j’avais été impliqué dans un vrai combat de boxe. »
S’il faut se fier aux déclarations de B-Hop, il a l’intention de poursuivre sa carrière, mais à un poids inférieur.
C’est donc dire qu’il pourrait se retrouver chez les super-moyens, voire même les poids moyens.
« Mon prochain rival sera un champion, a-t-il lancé le plus sérieux du monde. Mais ce sera à un poids plus léger que celui de mon dernier combat. »
« Je ne choisirai pas celui contre qui je vais me battre, a-t-il poursuivi. D’ailleurs, ce n’est pas mon habitude. Non, je vais trouver un bon rival, le meilleur qui soit, mais à un poids inférieur à celui de mi-lourd. Je veux un autre championnat! »
Donc les noms qu’il faut retenir si Hopkins a vraiment l’intention de se battre à un poids inférieur sont Anthony Dirrell, Andre Ward, Carl Froch et Arthur Abraham, les monarques chez les super-moyens. Mais lequel accepterait de monter sur le ring contre lui?
ANTHONY DIRRELL : Il est champion WBC depuis le mois d’août après avoir vaincu Sakio Bika. Je doute qu’il soit intéressé à affronter Hopkins.
ANDRE WARD : Le champion de la WBA n’a pas combattu depuis novembre 2013. Croyez-vous vraiment qu’un réseau de télévision serait prêt à payer le gros prix pour le voir affronter B-Hop?
CARL FROCH : Le vrai champion de la WBA et de la IBF. Il parle de plus en plus de retraite. Or, pourquoi affronter Hopkins? Cela servirait à quoi?
ARTHUR ABRAHAM : Champion WBO. Il a 34 ans, ne sort pratiquement jamais de l’Europe et ses cinq derniers combats se sont tous rendus à la limite de 12 rounds. Ai-je besoin d’en rajouter?
Chez les moyens, à 160 livres, il y a Gennady Golovkin, Miguel Cotto, Daniel Jacob et Jermain Taylor.
À 50 ans, Bernard Hopkins serait-il capable d’atteindre un poids de 160 livres? À 168, c’est toujours possible, mais à 160, c’est étirer la sauce un peu. Surtout qu’il n’a déjà pas une once de graisse sur son corps d’extraterrestre.
Si j’étais un des boxeurs que j’ai énumérés ci-haut, je n’accepterais pas d’affronter le bonhomme de 50 ans à moins d’être en fin de carrière et de vouloir ajouter quelques dollars dans mon compte de banque.
Pourquoi? Parce qu’une victoire sur un homme de 50 ans n’a aucune signification sur le palmarès d’un champion. La balloune d’Hopkins a été dégonflée par Sergey Kovalev et c’est lui qui verra son nom inscrit dans les livres des records comme étant celui qui a mis fin au règne de B-Hop. Enfin, un combat de boxe, c’est un combat de boxe. Une vilaine coupure ou une décision trop hâtive d’un arbitre peut faire disparaître un titre assez vite. Le risque n’en vaut pas la chandelle.
Hier, B-Hop était champion. Aujourd’hui, il ne l’est plus. Sa valeur marchande a vraiment dégringolé. Ce n’est plus lui qui mène la barque et il lui sera difficile de dénicher un champion chez les super-moyens qui voudrait l’affronter.
Mon choix serait assez facile à faire si j’étais Bernard Hopkins... Ce serait nul autre que Jermain Taylor. Et pourquoi pas?
En 2005, Hopkins et Taylor se sont affrontés à deux reprises, Taylor remportant la victoire à chaque occasion. Lors de la première confrontation, Taylor a ravi les couronnes WBC, WBA et WBO des poids moyens à B-Hop à la suite d’une décision partagée (115-113, 115-113 et 112-116).
Cinq mois plus tard, les deux pugilistes se sont affrontés à nouveau et cette fois, à la suite d’un combat ennuyant au possible, Taylor a conservé ses couronnes en gagnant l’affrontement par décision unanime de la part des trois juges (115-113).
Pourquoi choisir Taylor? Tout d’abord parce qu’il n’est pas riche et parce qu’il est le plus vulnérable des autres champions. C’est vrai qu’il a gagné ses cinq derniers combats (3 K.-O. et 2 décisions), mais c'était contre des adversaires plus ou moins talentueux. Il a finalement ravi la couronne IBF des poids moyens à Sam Soliman, dont c’était la première défense, le 8 octobre dernier, en le battant par décision.
Chaque fois que Taylor monte sur un ring, il donne des sueurs froides à son entourage et aux dirigeants des différentes régies de boxe où il se produit. Il passe tous les tests avec succès, mais…
On sait que Taylor a déjà souffert d’un saignement au cerveau à la suite de son percutant K.-O. aux mains d’Arthur Abraham, le 17 octobre 2009. À la suite de ce revers, Taylor avait été transporté d’urgence à l’hôpital pour une sérieuse commotion cérébrale. D’ailleurs, pendant un certain temps, il était souvent désorienté et souffrait de pertes de mémoires.
Finalement, après une absence du ring de deux ans, il est revenu à la compétition et il est maintenant le monarque IBF des poids moyens.
Personnellement, je crois qu’il est fait sur mesure pour Bernard Hopkins. Et vous savez quoi? Je crois que B-Hop pourrait le vaincre et lui ravir sa couronne.
Imaginez un instant… Un champion mondial de plus de 50 ans…
Vous savez quoi… Je pense que Bernard Hopkins est vraiment un extraterrestre!
Mais au lieu de continuer à se battre, j’aimerais mieux le voir tranquille, en train de se bercer quelque part sous les chauds rayons du soleil.
S'il veut devenir chroniqueur de boxe, je suis d’accord, mais continuer sa profession de boxeur... non… C’est fini… Assez, c’est assez Bernard!
Bonne boxe!