Il ne fait aucun doute que Martin Murray est un bon boxeur. Mais a-t-il assez de talent pour venir à bout de Gennady Golovkin?

Personnellement, je ne le crois pas.

C’est vrai que Murray s’est fait voler quand on lui a accordé un verdict nul face à Felix Sturm, lors d’un combat de championnat en Allemagne. C’est aussi vrai qu’il a terrassé Sergio Martinez à deux occasions lors de son combat de championnat à Buenos Aires, bien que l’arbitre n’ait alloué qu’une seule chute. Mais on sentait déjà que Martinez montrait des signes d’usure irréparable.

Felix Sturm et Sergio Martinez ne sont pas du calibre de GGG. D’ailleurs, je crois qu’il pourrait les vaincre tous les deux le même soir.

Gennady Golovkin est un phénomène que l’on retrouve malheureusement trop peu souvent dans le sport. Une sorte de Sugar Ray Leonard, de Roy Jones, de Muhamed Ali.

GGG a le gabarit parfait pour réussir.  Il vit aux États-Unis, boxe à la mexicaine, a l’allure et le sourire d’un acteur d’Hollywood et une politesse princière.  Et en plus, il est un assommeur public, un boxeur que l’on aime voir à l’œuvre.

Sur le ring, GGG n’a de pitié pour personne. Tel un exécuteur des hautes œuvres, il arrive à l’aréna, enfile ses gants de boxe, se rend sur le ring et exécute ses victimes sans merci.

31 victimes

Ses proies sont au nombre de 31. De ce nombre, seulement trois ont pu résister à ses attaques durant des affrontements de huit assauts. Encore mieux, ses 18 dernières victimes n’ont jamais entendu le son de la cloche qui annonçait la fin de leur calvaire.

GGG ne connait rien d’un affrontement de 12 assauts et une seule fois il s’est rendu jusqu’au dixième round.

Depuis juin 2011, aucun de ses combats a dépassé huit rounds et cet exploit n’est arrivé qu’une seule fois.

En 2014, il a livré trois combats qu’il a gagnés.  Les trois affrontements totalisent 12 rounds de travail, soit une moyenne de quatre rounds par combat.

Golovkin présente une fiche de 406 combats en carrière, dont 375 chez les amateurs. Lors des Jeux olympiques de 2004, il a dû se contenter de la médaille d’argent après sa défaite 18/28 aux mains du Russe Gaydarbek Gydarbekov. L’année suivante, lors du championnat mondial en Chine, il a aussi baissé pavillon 21/27  devant l’Égyptien Mohamed Hikal, mais il n’a jamais visité le tapis de l’arène au cours de sa carrière amateur et professionnelle.

Murray peut-il se comparer?

Martin Murray peut-il vraiment se comparer à ce boxeur du Kazakhstan?

Pour une troisième fois en carrière, il se retrouve dans un match de championnat mondial. S’il n’a pas été chanceux dans ses deux tentatives précédentes, peut-il espérer faire mieux contre GGG?

Vous me direz que dans un combat de boxe tout peut arriver. Et c’est absolument vrai. Mais les preneurs aux livres ne sont tout de même pas dupes.  Déjà, ils ont établi Golovkin favori à trois contre un pour conserver son titre.

On prétend que Murray est le meilleur boxeur qu’ait affronté Golovkin jusqu’ici. C’est un bagarreur qui n’a subi qu’une seule défaite en carrière. C’était contre Sergio Martinez et les trois juges avaient présenté des fiches identiques de 115/112 pour l’Argentin. Pourtant, certains ont prétendu que le combat était beaucoup plus serré, surtout dans les derniers rounds.

À Monte-Carlo

Pour une troisième fois, Murray va combattre à Monte-Carlo. C’est un grand voyageur.  Il s’est battu chez lui en Angleterre, en Afrique du Sud et en Argentine, mais jamais aux États-Unis.

En juin 2012, il avait signé un contrat pour affronter Julio Cesar Chavez à El Paso, au Texas, mais a la toute dernière minute, le match est tombé à l’eau lorsque les douanes américaines ont refusé de lui accorder un visa à cause d’un passé criminel.

Murray, qui mène une présentement une vie exemplaire et qui est accrédité comme travailleur social auprès des jeunes en Angleterre, vit paisiblement en compagnie de son épouse Gemma et de ses trois enfants. Il  n’en revenait pas de se voir refuser le droit d’entrée aux États-Unis.  D’ailleurs, une nouvelle demande est déjà en cours.

Comment en est-il venu à se voir refuser le droit d’entrée aux États-Unis?  « Je me suis battu avec un portier de bar, à Preston, pour défendre un ami en péril. La police nous a arrêtés. Mon ami s’est vu imposer une peine de 60 jours et j’ai reçu la même sentence. J’étais déjà sous condition quand l’incident est survenu, or  j’ai accepté mon sort. »

Martin Murray ne manque pas de bonne volonté, ni de talent. Il est conscient qu’il affronte un des meilleurs cogneurs sur la planète en Golovkin. 

Tout comme c’était le cas jadis aux plus beaux jours de Mike Tyson, GGG sème la terreur chez ses rivaux à la veille de l’affronter.  Mais comme le disait si bien Iron Mike.  « C’est quand tu reçois le premier coup de poing que tu comprends ce qui t’arrive et que ça chambarde tout ton plan de match. C’est là que la peur te colle aux tripes. »

Jusqu’ici, on n’a pas senti cette peur, cette crainte chez Murray. Est-ce parce qu’il cache bien son jeu ou bien si réellement il ne craint vraiment pas  de se mesurer à un, sinon le meilleur poids moyen de la planète?

Enfin, Golovkin a dressé une liste des boxeurs qu’il aimerait affronter après cette bataille contre Murray.  Parmi eux, on retrouve  Miguel Cotto, Julio Cesar Chavez, Carl Froch et Andre Ward, mais il demeure ouvert à toutes propositions.

Bien que David Lemieux ait déclaré publiquement qu’il aimerait un jour se mesurer à GGG, ce dernier n’a pas retenu son nom parmi ses rivaux éventuels.

Personnellement, je ne vois pas Murray dépasser cinq rounds dans cet affrontement. Même s’il n’a jamais perdu par K.-O. au cours de sa carrière, je doute qu’il puisse rester debout pendant douze assauts devant un des plus durs cogneurs que la boxe connaisse actuellement.

Bonne boxe.