Alors que Ingemar Johansson, l'ex-champion mondial des poids lourds et tombeur de Floyd Patterson, rendait l'âme en Suède, Hermann NGoudjo subissait son premier vrai revers dans les rangs professionnels.

Vous m'avez bien compris. Son premier vrai revers, car si vous vous souvenez bien contre Jose Luis Castillo et Paul Malignaggi, les juges lui avaient littéralement volé la décision à chaque occasion.

Vendredi soir au Centre Bell, on a vraiment constaté la faiblesse flagrante de la Panthère Noire.

Sur la science fondamentale de la boxe, Ngoudjo peut rivaliser avec qui que ce soit parmi les meilleurs. D'ailleurs, même avec une mâchoire fracturée, et deux chutes au tapis, il a su se relever et se tirer d'affaires tant bien que mal.

C'est au niveau de sa force de frappe que ça se gâte. Elle est pratiquement inexistante. En carrière, il a réussi 9 K.-O. en 19 combats, mais il n'a pas terrassé un rival pour le compte au cours des sept dernières rencontres.

Sa dernière mise hors de combat remonte au 25 février 2006, soit près de deux ans, alors qu'il était parvenu à l'emporter par TKO au 12e sur Juan Carlos Alderete, à Gatineau.

Ses dix derniers combats ont nécessité douze rounds à chaque occasion. Ça fait donc 120 rounds de boxe et de telles performances usent son homme.

Ça va mal

Je sais que Ngoudjo est un travailleur infatigable et qu'il redoublera d'ardeur pour remonter la pente, mais ça fait maintenant trois défaites en cinq combats dont deux en matchs de championnat.

Je suis convaincu que GYM a fait son travail en parvenant à le garder parmi les meilleurs de sa catégorie, mais deux défaites en autant de matchs de championnat, ça veut dire quelque chose, non?

Je m'explique sur la force de frappe de la Panthère Noire. Quand le rival est un dur cogneur, Ngoudjo n'est pas en mesure de riposter coup pour coup avec ce rival. Résultat, il est obligé de boxer à reculons et dans une telle position, ses coups percutants s'ils existent sont pratiquement nuls.

C'est exactement ce qui est arrivé contre Juan Urango. Par moments, le Colombien me faisait penser à Ricardo Mayorga. Sans jamais regarder où il frappait, il lançait de la gauche et de la droite sachant qu'un de ses coups atteindrait bien la cible.

Ce pauvre Ngoudjo, n'ayant pas cette même force de frappe devait redoubler d'ardeur en défensive pour éviter de se faire démolir.

À l'exception du troisième engagement, il a bien fait son travail Mais vous admettrez avec moi que sa riposte était pratiquement inexistante.

Deux en deux

Ça fait donc deux de nos champions ou aspirant monarque qui subissent la défaite en combat de championnat. Ce fut tout d'abord Joachim Alcine contre Daniel Santos et maintenant Hermann Ngoudjo.

Qui sera le suivant?

Celui qui me fait le plus peur, c'est Adrian Diaconu. Non pas que sa force de frappe laisse à désirer. Non, loin de là. C'est plutôt son inactivité, sa résistance physique et ses nombreuses blessures qui me laissent perplexe.

Diaconu est inactif depuis avril 2008. Depuis septembre 2006, il n'a livré que trois combats. Ça fait donc trois batailles en 28 mois. C'est très peu pour un champion.

Le Shark doit se battre un de ces jours contre l'Italien Sylvio Branco un quadragénaire qui « tapoche » ses rivaux tant bien que mal depuis 1988, soit depuis 21 ans.

Le seul problème, c'est qu'en Italie, si jamais le combat a lieu dans ce pays, il faut une exemption de la régie de la boxe pour permettra à un pugiliste de 42 ans de monter sur le ring et jusqu'ici, cette permission n'a pas été accordée.

Et Bute...

Notre autre champion Lucian Bute est peut-être celui qui a le plus de chance de conserver sa couronne pour un bon bout de temps.

Le 13 mars prochain, au Centre Bell, il affrontera Fulgencio Zuniga, un type qui a 19 K.-O. en 22 victoires. Bonne fiche. Et il n'a été passé K.-O. qu'une seule fois par Kelly Pavlik. Et cette défaite remonte à 2005.

Zuniga est ce même boxeur qui vient de subir la défaite par décision contre Dennis Inkin, celui là même qui vient de perdre sa couronne des super-moyens aux mains de Karoly Balzay.

Oui, Zuniga a une bonne force de frappe. Mais Bute, contrairement à Ngoudjo, peut rivaliser avec lui coup pour coup. S'il se fait blesser, il ripostera et fera mal lui aussi à son rival. Ce que ne peut pas faire Hermann NGoudjo.

J'aurais cru que le ciel aurait été plus généreux pour Hermann. Après tout, on lui avait volé la décision à deux occasions auparavant. Mais quand tu es né pour un p'tit pain...

Bonne boxe!