Cela fait maintenant plus de cinq mois et je me demande toujours comment un boxeur comme Chris Algieri peut se retrouver aujourd’hui en championnat du monde contre Manny Pacquiao. Vous me voyez venir?

Il a battu qui au cours de sa carrière pour se retrouver aujourd’hui contre un des meilleurs boxeurs de la planète?

Vous souvenez-vous du 6 juin dernier, quand la victoire surprise de Chris Algieri a été annoncée à la foule dans l’enceinte du Barclays Center, à Brooklyn?

J’ai failli tomber en bas de ma chaise et je ne suis pas le seul. Au moins un juge avait vu le combat exactement comme moi, et ce juge, c’était le plus expérimenté des trois.

Je suis frustré parce que deux des trois officiels n’ont pas rendu la même décision que moi.

Disons que je suis quelque peu ébranlé par cette décision de Don Trella et Tom Schreck, deux des trois juges qui ont officié sur le bord du ring ce soir-là et qui ont remis des cartes de 114-112 en faveur d’Algieri, tandis que leur confrère Max DeLuca y allait d’un score de 117-109, mais pour le Russe Provodnikov. Ai-je besoin de vous souligner la différence dans le pointage?

Bravo, le All American Boy a gagné. Pourquoi s’en faire, il a battu un Russe. Et après? Ce n’est pas la première fois et pas non plus la dernière. On appelle cela en boxe une décision locale. C’est le gars de la place ou du pays qui doit être favorisé.

N’eût été Provodnikov, il n‘y aurait pas eu de combat ce soir-là. C’est le Russe qui a foncé sur son rival durant tout le combat. C’est le Russe qui a donné le plus de coups de puissance. Mais deux des trois officiels ont trouvé que la défensive d’Algieri avait été supérieure à l’attaque de Provodnikov.

Je ne veux rien enlever à Chris Algieri, mais je ne vois pas comment il pourrait gagner contre Manny Pacquiao. Pas plus que Jean Pascal devrait s’avouer vaincu devant Donovan George.

Si je me fie aux déclarations de Freddie Roach, l’entraîneur du Pacman, son protégé n’a eu aucune difficulté à éclipser et endormir quelques-uns de ses partenaires d’entraînement, tout comme il l’avait déjà fait avec Amir Khan lors de quelques séances.

Peut-on imaginer que Pacquiao puisse perdre un tel combat? Cela voudrait dire que la défaite pourrait le pousser à la retraite. Après tout, il aura 36 ans dans deux semaines et son cerveau a déjà été impliqué dans 63 batailles.

Mais s’il devait perdre, pouvez-vous imaginer la consternation chez son promoteur Bob Arum, et à peu près tous les amateurs de boxe… Un revers du Pacman et ce serait : au diable un combat qui pourrait générer des revenus d’une valeur d’un milliard de dollars contre Floyd Mayweather, si jamais ce dernier acceptait enfin de se mesurer à Pacquiao.

Si vous avez regardé récemment les réclames publicitaires où le Philippin est impliqué, vous aurez constaté qu’il se moque royalement de Money depuis quelque temps. C’est comme s’il l’écœurait au point où il faudra bien que Mayweather l’affronte ou bien il passera pour un sans cœur.

J’ai déjà mon opinion là-dessus. Je crois sérieusement que Mayweather n’est pas intéressé à se mesurer à Pacquiao. Avec seulement deux combats à livrer avant de se retirer, il veut avant tout conserver sa fiche intacte et entrer un jour au Temple de la renommée avec un record sans tache.

Pourtant, j’estime que Money pourrait vaincre Pacquiao, mais il n’y a rien de certain. L’Américain prend lui aussi de l’âge. Il y a un risque, et quand vous vous appelez Floyd Mayweather, vous ne prenez pas de risque. En tout cas pas sur le ring.
 

Si vous vous demandez pourquoi Manny Pacquiao aime se battre à Macao, en Chine, c’est tout simplement une question monétaire. Déjà, une bourse de vingt millions de dollars lui est garantie, si je me fis aux déclarations de Bob Arum.

En se battant à Macao, Pacquiao n’est pas obligé de faire affaire avec le fisc américain. Si le combat avait eu lieu aux États-Unis, Pacman aurait été obligé de remettre 39,6 % de sa bourse à l’Oncle Sam.

Pacquiao sera obligé de faire une remise de 20 % aux Philippines, sa terre natale, mais c’est tout de même près de 20 % de moins qu’aux États-Unis. Et 20 % de moins sur une somme de 20 millions de dollars, c’est 4 millions que le Pacman pourra mettre dans ses poches tout en allant jouer au basketball avec ses amis.

C’est vrai que dans un combat de boxe, tout peut arriver. Déjà, les preneurs aux livres ont établi Pacquiao favori, mais jusqu’ici, l’Américain tient son bout. Par contre, on verra les vraies cotes quelques heures avant que les deux pugilistes montent sur le ring.

Qui sait, peut-être qu’en grimpant les trois marches de l’escalier du ring le Pacman va soudainement vieillir tout comme il l‘avait fait contre Juan Manuel Marquez, il y a deux ans.

Je veux bien croire Freddie Roach, qui prétend que son poulain montre une très bonne force de frappe à l’entraînement, mais souvenez-vous que huit de ses neuf derniers combats se sont rendus à la limite de douze rounds. En somme, sa dernière victoire par K.-O. est celle contre Miguel Cotto, qu’il avait vaincu par K.-O. technique au douzième assaut, mais ce triomphe remonte au mois de novembre 2009. Après une attente de cinq ans, il est grand temps que Pacquiao montre qu’il lui reste encore cette force de frappe d’antan.

Enfin, le bon petit Américain de la rive gauche de Long Island en sera à son deuxième combat de douze rounds en carrière. Avant sa victoire sur Provodnikov, il n’avait jamais dépassé dix rounds. À son avantage, on sait qu’il sait boxer et qu’il n’a jamais été passé K.-O. au cours de sa carrière de boxeur et de kick-boxeur.

Si jamais Algieri devait remporter la victoire, croyez-vous sincèrement que l’on pourrait négocier un combat avec Floyd Mayweather? Je ne le crois pas…

S’il fallait qu’Algieri gagne ce combat, on dirait simplement que Manny Pacquiao était un boxeur rendu au bout du rouleau.

Mon choix, Pacquiao en moins de sept rounds.

Bonne boxe!