Il y a un an exactement, le 3 août 2019, Jean Pascal déjouait la plupart des prédictions de bien des experts.

Le Québécois arrêtait Marcus Browne avant la limite pour capturer la ceinture intérimaire de la WBA, un titre qui sera plus tard rehaussé pour permettre à Pascal d’être désigné champion mondial.

Le souvenir de cette victoire surprise réchauffe le cœur du boxeur en ces temps difficiles pour l’industrie de la boxe québécoise.

« Ce matin, je me suis levé avec un sourire en coin. Ça valait la peine de croire en moi, je n’ai pas laissé l’opinion des gens devenir ma réalité, explique l’athlète au bout du fil. J’ai travaillé fort, j’ai été discipliné. La clé maîtresse de tout ça, c’est la persévérance et la confiance en soi. Il m’a fallu 10 ans pour redevenir champion. Oui, j’ai eu des hauts et des bas dans cette période, mais j’ai toujours cru que j’avais l’étoffe et les qualités requises pour redevenir champion. Puis, avec mon entraîneur Stéphan Larouche, on s’est écouté mutuellement. C’est ça, la force de notre équipe. »

Toujours avec Larouche à ses côtés, Pascal est retourné aux États-Unis défendre son titre contre Badou Jack à la fin décembre dans un combat sensationnel remporté par décision partagée. Le champion de 37 ans croyait que ses prestations électrisantes dans ses deux dernières sorties lui permettraient d’être rapidement reprogrammé aux États-Unis par PBC lors de la reprise de la boxe, mais pour l’instant, Pascal et son gérant Greg Leon attendent encore l’appel.

« Je suis déçu, car on m’avait avisé que je serais dans les premiers boxeurs à apparaitre à l’affiche. Mais ce n’est pas arrivé, probablement que c’est une question de budget de la part de PBC. »

La patience est de mise, et Jean Pascal pourrait bien ne pas remonter dans le ring avant 2021.

« Peut-être qu’ils vont me placer à la fin de l’année ou peut-être même qu’il vont attendre les budgets de 2021. Ce serait vraiment plate, j’étais tellement sur un bel élan. Le momentum est cassé. Mais j’essaie de me garder en forme. Je m’entraîne à la maison et je vais au complexe sportif Claude-Robillard trois fois par semaine. L’important est de rester prêt pour le moment où l’appel viendra.»

Autre combat contre Badou Jack?

Jean Pascal célèbrera son 38e anniversaire cet automne. Il ne s’inquiète pas des conséquences d’une longue période d’inactivité, lui dont la plus longue attente entre deux combats est de 19 mois.

« Ça ne serait pas une première pour moi. Je suis déjà passé par là. Heureusement avant la pandémie, j’avais disputé cinq combats en deux ans. »

Le dernier combat de Jean Pascal, le 28 décembre dernier, l’avait opposé à Badou Jack. Celui qui détient également la ceinture d’argent du WBC, en plus de son titre WBA, pourrait bien retrouver de nouveau Badou Jack lorsqu’il remontera dans le ring.

« Je n’ai pas encore d’adversaire, de lieu et de date, mais je crois que ce sera contre Badou Jack. Je serais bien content de le retrouver parce que le premier duel avait été très excitant. Jack était revenu dans le combat, ça a fait un combat plus serré que celui contre Browne, que j’avais arrêté avant la limite.»

Puisque Jean Pascal et Badou Jack ont sensiblement le même âge et que les deux n’ont pas livré de bataille depuis leur guerre de 12 rounds à Atlanta, la perspective d’une nouvelle confrontation apparaît équitable dans les circonstances.

« Nous serons sur un pied d’égalité », ajoute Pascal.

Solidarité dans la boxe

Lors de la conversation téléphonique, on ne sent pas Pascal ni frustré ni anxieux. Celui qui a traversé bien des tempêtes parait accueillir le déroulement des événements avec une certaine sagesse. Il semble toutefois s’impatienter légèrement devant la paralysie qui frappe la relance de la pratique des sports de combat au Québec.

« Je trouve ça malheureux et déplorable. Les décisions du Dr Arruda me concernent moins que la plupart des boxeurs d’ici, car je disputerai mon prochain combat aux États-Unis, mais je reste solidaire avec mes consoeurs et confrères de la boxe au Québec. »