En voyant Jean Pascal se battre avec une seule main à compter du quatrième assaut, je n’ai pu faire autrement que de penser à ce soir du 16 juin 1949.

Ce soir-là, un de mes boxeurs préférés, que j’ai toujours considéré comme le meilleur pugiliste que la France ait connu, défendait sa couronne mondiale des poids moyens contre Jake Lamota.


Tout comme Pascal, Marcel Cerdan avait subi une vilaine blessure à une épaule durant sa rencontre des suites d’une chute au tapis dès le premier engagement et il avait dû abandonner le match et son titre en abdiquant au dixième round.

Malheureusement pour Cerdan, il a perdu la vie dans un accident d’avion en direction des États-Unis où il devait livrer son combat revanche.

En somme, la seule différence entre les deux événements, c’est que le rival de Cerdan n’était pas Aleksy Kuziemski, mais bel et bien le Raging Bull lui-même, Jake Lamotta.

Je suis content pour Pascal, qui, tout comme Lucian Bute, a retrouvé le chemin de la victoire.

Toutefois une crainte persiste. Sa fragilité à se blesser. Si ce n’est pas une épaule, c’est une main et ainsi de suite.

Vous aurez remarqué tout comme moi que Pascal a la silhouette d’un culturiste beaucoup plus que celle d’un boxeur, et ses gros muscles bien moulés cachent une fragilité. Aujourd’hui, la question qu’il faut se poser est : sera-t-il en mesure de guérir assez vite pour affronter Chad Dawson?

Je lève mon chapeau devant lui pour avoir combattu si bien et si fort avec une seule main pendant presque sept assauts. Gagner une décision unanime avec une seule main, faut le faire! Par contre il faudra plus que du courage le jour où il affrontera Chad Dawson. Il faudra que sa forme physique soit parfaite.

J’ai eu beaucoup de mal à m’expliquer ses deux livres en trop lorsqu’il est monté sur la balance. Même s’il prétend le contraire, j’ai l’impression qu’il y a eu relâchement dans son entrainement. Contre Dawson, un tel accroc ne sera pas permis.

MOINS ROUILLÉ

Maintenant que Bute et Pascal ont renoué avec la victoire, il est temps de passer à autre chose. Chez Pascal, c’est dans le sac. Ce sera Chad Dawson, à Québec, en mars.

Pour Bute, ce n’est pas aussi clair et je doute qu’il affronte Carl Froch, son tombeur, en mars prochain à Montréal. Le Cobra veut absolument se mesurer à nouveau à Mikkel Kessler. Pour lui, c’est une obsession.

Personnellement, je suis content que Froch ignore Bute aux dépens de Kessler. Cela permettra au Roumain de livrer un autre combat préparatoire. Mais préparatoire à qui? Froch ou Kessler ?

Malheureusement, Bute ne m’avait pas impressionné outre mesure quand il avait livré bataille à Dennis Grachev. Il avait bel et bien gagné la décision de façon unanime, mais souvenez-vous qu’un des juges n’avait que deux rounds d’écart entre les deux hommes. Et Dennis Grachev, ce n’était certes pas Chad Dawson.

Vous vous souviendrez aussi que le 10 octobre 2010, le Cobra avait baissé pavillon par décision unanime devant Mikkel Kessler et un juge avait même remis une carte de 117/111 en faveur du Danois. Cela vous donne une idée de ce qu’a été le combat.


OUBLIEZ ÇA!

Plusieurs Québécois aimeraient bien voir Pascal affronter Bute le plus vite possible. Mais aucun des deux boxeurs est dans le cheminement de l’autre, du moins pour le moment.

Pour Bute, on doit trouver un adversaire de classe, et pour Pascal, il lui faut guérir son épaule endolorie.

Avec Adonis Stevenson, cela nous fait trois aspirants à des titres mondiaux, peut-être un quatrième avec Antonin Décarie et peut-être même un cinquième avec David Lemieux, et qui sait, pourquoi pas un sixième avec Eleider Alvarez.

Certes il y en a d’autres qui pourraient aspirer aux grands honneurs, mais ils ne sont pas dans la classe des six derniers.

ET DAVID LEMIEUX

Vous me direz qu’une victoire ne fait pas une carrière, mais il faut tout de même rendre à César ce qui appartient à César. Pour quelques-uns, il y a le Beaujolais nouveau et pour les amateurs de boxe, il y a le David Lemieux nouveau, cru de 2012.

J’ignore si vous êtes de mon avis, mais je trouve que Lemieux a changé depuis sa dernière défaite. Il semble beaucoup plus mature, tellement sûr de lui-même, et au Centre Bell l’autre soir, il a terrassé un rival au deuxième engagement d’une façon que l’on retrouve surtout chez les champions.

Pourtant, ce rival Albert Ayrapetyan était parvenu à rester debout devant le monarque Sergio Martinez pendant onze assauts avant de finalement rendre les armes. Y a-t-il quelque chose de positif pour Lemieux là-dedans?

DES SALLES COMBLES

Pour ceux qui critiquent toujours la boxe à Montréal, elle est en bonne santé. On a eu salle comble pour le dernier match de Lucian Bute et même chose pour Jean Pascal. Et il n’y a pas qu’à Montréal que les assistances sont bonnes. Ça va très bien aussi du côté de Québec.

Dites-vous bien que les influents réseaux de télévision américains ne désirent par venir à Montréal pour visiter le vieux-port, le Village, ou encore l’oratoire St-Joseph. Ils y viennent parce que les foules sont bonnes, enthousiastes et connaissantes. C’est donc dire que leurs spectacles télévisuels sont toujours bien garnis avec des scènes extérieures des rues de Montréal.

PLUS DE PLACE

J’aurais aussi voulu vous parler de la nomination d’Arturo Gatti au Temple de la renommée de la boxe, mais l’espace me manque.

Pour le moment, je félicite sa mémoire, sa famille et tous ses admirateurs. Je vous en reparlerai dans un prochain billet. Mais je me réjouis d’avoir souhaité sa nomination au moment où plusieurs supposés connaisseurs se plaisaient à dire qu’il ne méritait pas cet honneur.

Comme diraient les Français : Allez vous faire foutre!

Dors en paix Thunder…

Bonne boxe