Il était sur le coup de midi, en ce premier jour de l'hiver. Le monde se faisait rare dans le Centre Claude-Robillard. En descendant l'escalier pour se rendre au sous-sol, on pouvait entendre comme un son de tambour au loin. Au fur et à mesure que j'avançais, le son devenait plus perceptible.

J'avais une bonne idée de ce qu'était ce son. Ça fait déjà assez longtemps que je couvre la boxe. Mais je ne savais pas qui en était l'auteur.

Après avoir soulevé le rideau pour finalement entrer dans le coin réservé à la boxe, j'ai aperçu Lucian Bute en train de tapocher le gros sac de sable.

C'est Stéphan Larouche qui a soulevé la tête pour me saluer des yeux. Bute, lui, n'a jamais ralenti son tempo. À bien y penser, c'est comme s'il était dans un autre monde en tapochant son sac.

"On s'amuse… De me crier Stéphan. On s'en tient aux bases fondamentales de la boxe. Lucian ne fera pas de sparring avant le 7 janvier prochain. Pour le moment, c'est la même petite routine."

Soudainement, la cloche a permis à Bute de s'arrêter un instant. "Bonjour Monsieur Chartrand, m'a-til lancé dans un excellent français. Je vais vous parlé après mon entrainement, s'il vous plait."

Soudainement, Bute a augmenté sa force de frappe sur le sac. De jabs qu'ils étaient au début, c'étaient maintenant des crochets de la droites suivis de combinaisons un deux.

Contre qui le 29 fevrier?

Contre qui va-t-il se battre le 29 février prochain?, ai-je demandé à Stéphan Larouche.

"Pour le moment, rien de décidé, m-a-t-il répondu. Il y a trois possibilités. Ça pourrait être Christian Sanavia, Allan Green et un troisième nom que je ne peux pas dévoiler pour l'instant. D'ailleurs, il n'y a rien de certain sur les deux premiers. On vient à peine de commencer les négociations."

Le plus connu des deux est Cristian Sanavia, le champion EBU d'Europe, qui vient de livrer un verdict nul face à Danilo Haussler en Suisse, il y a quelques semaines. Il est classé entre les 9e et 12e places dans les quatre associations.

L'autre, Allen Green, est classé 13e à l'IBF et sa seule défaite en carrière remonte à mars 2007 alors qu'il avait perdu une décision face à Edison Miranda. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il avait envoyé Miranda au tapis durant ce combat.

"Je n'ai pas de choix pour un rival le 29 février prochain, de dire Bute. Je me battrai contre celui que InterBox choisira. Je n'ai aucun nom en tête. Ensuite, je m'en tiendrai aux règlements de l'IBF. Si je dois affronter un adversaire numéro un dans un match obligatoire, je le ferai."

Bute, c'est le boxeur, pas le négociateur. On lui prépare un plan et il le suit à la lettre. Il a une confiance inébranlable dans ses gérants.

Il ne faut pas trop insister quand on parle avec notre champion. Par exemple, quand je lui ai demandé s'il avait l'intention de se fiancer à Noël. Il est devenu un peu ennuyé par ma question. "Je ne parle pas de ma vie privée", m'a-t-il répondu, poliment mais sur un ton qui voulait dire ce que cela voulait dire, mais de façon très gentille. Ce n'est pas de vos affaires.

Bute fera relâche les 24, 25 et 26 décembre prochain. Il passera des Fêtes tranquilles. D'ailleurs ce n'est pas lui qui crie le plus fort dans une réception. "Je vais aller au cinéma, faire de la lecture et naviguer sur Internet pour parler par vidéo-conférence avec ma famille à Galati, en Roumanie."

Finalement, j'ai pu apprendre qu'il avait l'intention de s'acheter une maison l'an prochain. "Assez près du gymnase", a-t-il ajouté. Quand je lui ai suggéré de venir à Laval, qui n'est qu'a dix minutes du centre Claude-Robillard. Il a répondu :

"C'est très possible…"

Lucian Bute a tenu à offrir ses meilleurs vœux à l'occasion des Fêtes, non seulement à tous ses admirateurs, mais à tous les amateurs de boxe. "Avant tout, je souhaite de la santé à tout le monde. C'est très important dans la vie."