MONTRÉAL – Est-ce que Gennady Golovkin pourrait frapper son Waterloo contre David Lemieux ? La probabilité semble mince à première vue, mais l’entraîneur Marc Ramsay détient peut-être la clé puisqu’il a épié la progression de GGG depuis près de 18 ans.

Grâce à sa feuille de route plus que garnie, le stratège derrière le plan de match qui sera préconisé par Lemieux connaît celui qui mettra en jeux ses trois ceintures le 17 octobre depuis fort longtemps.

En effet, Golovkin peut bien avoir présenté une remarquable fiche de 345-5 dans les rangs amateurs, mais Ramsay a été témoin de certaines des rares défaites de l’impressionnant boxeur.

Dans le cadre d’un duel qui risque de se conclure à la suite d’un typique et retentissant coup d’un boxeur ou de l’autre, la recette qui sera concoctée pourrait devenir l’élément déterminant. Voilà pourquoi le bagage d’informations à la disposition de Ramsay vaut son pesant d’or.

« Je connais Golovkin depuis qu’il a environ 15 ans, je l’ai vu gagner et perdre. Comme tous les humains, il présente des forces et des faiblesses et on va préparer quelque chose de bien pour lui », a assuré Ramsay qui ne chômera pas jusqu’au Jour J, mais il est habitué à une lourde charge de travail.

Camille Estephan, le promoteur de Lemieux, et Bernard Hopkins ont aussi précisé qu’il existe toujours une méthode pour vaincre chacun des boxeurs.

« Plusieurs personnes pensent que Gennady est le favori, mais il y a une recette pour vaincre tous les boxeurs et nous avons déjà une bonne idée de celle requise pour venir à bout de lui. On ne va pas à New York pour faire un défilé de mode, on va là-bas pour gagner », a martelé Estephan qui ne craint pas les rendez-vous d’envergure.

Mike Moffa, qui entraîne le Québécois à l’occasion, a reconnu que c’était véridique tout en avouant que les chances du négligé ne sont pas gigantesques.

« Je peux placer David comme négligé. Ses chances sont minces, mais je crois en sa victoire en vertu de son talent et sa discipline au travail. Il s’améliore à tous les combats dont au niveau de la défense et du jab », a évoqué Moffa qui considère que la vitesse de Lemieux surprend tous ses opposants et peut-être même Golovkin (photo). Gennady Golovkin

Le principal intéressé a bien sûr été invité dans ce débat, il se dit persuadé de pouvoir offrir une solide opposition, et même battre, l’un des meilleurs boxeurs livre pour livre de la planète.

« Beaucoup d’amateurs croient que le combat sera complètement dominé par Golovkin, mais je peux vous garantir que ça ne sera pas le cas », a clamé l’athlète de 26 ans.

L’autre clan n’a pas montré d’étonnement par rapport aux données recueillies par Ramsay. L’entraîneur Abel Sanchez prétend plutôt que Golovkin a trop évolué depuis les rangs amateurs pour se fier là-dessus.

« (Ce ne sera pas un avantage) parce qu’on parle de deux boxeurs différents avec les années. Par exemple, David était un petit garçon quand il a perdu contre (Marco Antonio) Rubio, maintenant il est un homme. Marc l’a aussi aidé à le développer au niveau mental. Gennady a également grandi au fil du temps et à mes côtés », a jugé Sanchez qui a comparé ce choc à venir à celui remporté en trois rounds par Marvin Hagler contre Thomas Hearns en 1985.

Ramsay peut bien disposer d’une multitude d’indices sur le plus imposant défi de son protégé, mais il admet sans gêne que la préparation sera extrêmement difficile pour quitter New York avec les quatre ceintures.

« Il comporte plusieurs difficultés en commençant par le fait qu’il constitue un boxeur très complet. Dans le fond, il ne faut pas seulement se munir contre un seul aspect comme la puissance ou la technique. Quand c’est le cas, les stratégies deviennent plus complexes. On n’est pas sorti du bois non plus pour trouver un partenaire d’entraînement avec les qualités de Golovkin, ça en prendra plusieurs », a décrit l’entraîneur.

D’un autre côté, le Kazakh n’a jamais croisé le fer avec un boxeur qui peut l’assommer comme Lemieux outre Curtis Stevens s'il faut croire Sanchez.

« C’est certain qu’il ne s’est jamais fait frapper par un cogneur comme David et il en est conscient », a jugé Ramsay qui a aussi vanté la confiance de Lemieux.

« On l’a vu mardi, David n’en a rien à cirer, il respecte Golovkin, mais il n’a pas peur de lui. La majorité des boxeurs qui se présentent devant Golovkin ressentent un peu l’effet Mike Tyson dans le sens qu’ils figent à l'idée de l’affronter, mais ce n’est pas le cas pour David », a-t-il poursuivi.

L’affrontement Golovkin-Lemieux peut bien détenir les ingrédients d’un choc monumental et explosif, mais ça n’altère pas une seconde le respect qui règne entre les deux clans.

« David a trébuché contre Rubio et (Joachim) Alcine. Par la suite, Marc a fait un superbe travail pour le ramener au niveau qui avait été anticipé pour lui. Si on ne peut pas respecter ça comme amateur de boxe, il y a quelque chose qui cloche », a expliqué Sanchez avec classe.

En fin de compte, il n’y aura pas qu’un gagnant dans ce combat. Ils seront nombreux puisque les amateurs aussi pourront savourer le moment.

« Prenez ce combat comme un cadeau qu’on vous fait », a d'ailleurs précisé Ramsay avec pertinence.

Oubliez les affrontements entre les boxeurs de Ramsay

Les sujets ne manquaient pas avec Ramsay et l’entraîneur a été on ne peut plus clair sur un point précis. Il n’a aucunement l’intention que ses boxeurs finissent par être opposés.

Cette possibilité est revenue dans les discussions alors que Jean Pascal aurait pu se mesurer à Artur Beterbiev qui demeure à la recherche d’un adversaire.

« Ben non ! Il n’est aucunement question que deux de mes boxeurs s’affrontent. On peut oublier ça tout de suite et je parle de tous les boxeurs incluant Eleider Alvarez », a tranché Ramsay.

Si jamais les options devenaient trop limitées, il serait intéressant de voir si Ramsay finirait par accepter de changer son fusil d’épaule. Pour le moment, il a soutenu que Beterbiev ne se morfond pas trop dans cette période d’attente.

« Il n’est pas du style à se préoccuper de ça, il attend de savoir et on devrait être fixé d’ici deux semaines », a évoqué Ramsay à propos du Russe que Bernard Hopkins ne voulait pas rencontrer dans un ring.

En terminant, Ramsay se retrouve au cœur d’une opposition qui grandit entre HBO et PBC pour l’organisation des combats de boxe. L’entraîneur se concentre sur le positif qui peut ressortir d’un tel contexte qui ne lui est pas étranger.

« Quand on est impliqué dans une guerre, et je l’ai un peu vécu dans le temps entre GYM et InterBox, on est pris dans la confrontation. Mais avec un certain recul, c’est très sain pour les boxeurs et les organisations. Ça permet de pousser les autres pour satisfaire les amateurs », a conclu l’intervenant toujours pertinent.