Il n’y a rien de pire pour un boxeur que de monter sur un ring avec la rage au cœur. Un pugiliste peut haïr un rival mais il ne faut pas que cette haine se transforme en rage.

Souvent, la rage fait perdre le contrôle de soi-même, et dans un combat de boxe, on ne peut pas se permettre une perte de contrôle.

Heureusement, David Lemieux a Marc Ramsay comme entraîneur et celui-ci sait comment s’y prendre pour freiner la rage de son poulain.

« Je n’ai rien contre la haine d’un rival, mais il faut garder le contrôle de ses émotions en tout temps », ne manque pas de préciser Ramsay, qui en a vu bien d’autres.

Et il a entièrement raison.

Souvenez-vous du regretté Eddie Melo. Chaque fois qu’il montait sur le ring, il voulait arracher la tête de son rival. Il avait l’air d’un animal enragé.

Il voulait tout détruire devant lui. Vous avez vu comment sa carrière s’est terminée : par une mise hors de combat dès le premier round par un certain Jose Seys.

Heureusement, David Lemieux est assez expérimenté pour être capable de contrôler ses émotions. D’ailleurs, je suis convaincu qu’il est un meilleur boxeur que Curtis Stevens. Il est déjà favori par 3 contre 1 pour triompher.

Vers une revanche

Je sais que Lemieux rêve du jour où il pourra obtenir une revanche contre Gennady Golovkin et qu’il a de bonnes chances de monter sur un ring contre Canelo Alvarez dans un bref avenir. Or, Stevens n’est qu’une étape de parcours devant lui, une sorte de tremplin vers un championnat du monde.

Ce que j’aimerais voir, et il y a de bonnes chances que cela se produise, c’est une magnifique performance de Lemieux en sol américain.

Et pourquoi pas une chance au titre du combat de l’année et du meilleur boxeur de 2017? Ce ne sont certainement pas les performances de Deontay Wilder contre Gerald Washington ou bien encore celles de Keith Thurman contre Danny Garcia qui soient présentement en lice.

Les boxeurs poids moyens ont ce don de donner à peu près les meilleurs spectacles du monde de la boxe et maintenant que le réseau CBS a donné le ton à ce qui s’en vient en 2017, avec pas moins de 5,1 millions de téléspectateurs, au tour de Lemieux et Stevens de montrer au réseau HBO qu’ils sont d’excellents amuseurs publics.

Présentement, Lemieux doit se contenter d’être un troisième violon au Québec derrière Adonis Stevenson et Artur Beterbiev. Mais dites-vous bien que son style se compare avantageusement aux deux autres.

Pluie d’insultes

Si on se fie aux insultes que se sont lancées les deux adversaires au téléphone pendant une conférence de presse, on peut s’attendre  à voir deux pugilistes qui se détestent vraiment. Ce qu’ils se sont criés par  la tête lors de la conférence de presse, ce n’était pas de la frime pour mousser la popularité du combat. Tout était légitime. Lemieux déteste Stevens et Stevens ne peut sentir Lemieux. Cela fait déjà trois ans que ça dure.

Maintenant, il ne reste qu’à changer les paroles et les menaces en taloches sur le museau et le tour sera joué.

Les deux ont promis de se mettre K.-O. mutuellement. Je les crois. Mais j’opte pour la force de frappe de Lemieux. C’est vrai que Stevens cogne fort, mais Lemieux est encore plus puissant dans ses coups.

« Ce combat ne se rendra pas à la limite », de lancer Lemieux.

« Amène tes sels d’ammoniaque pour te réveiller car je vais t’assommer », de rétorquer Stevens.

« Il me tombe vraiment sur les nerfs, de poursuivre Lemieux. La dernière fois que j’ai haï un rival de cette façon, c’était contre un certain Delray Raines. Il m’avait lancé toutes sortes d’injures avant le combat. Or, je lui ai cassé trois côtes et fracturé le nez.

Mais ces menaces ne sont rien comparativement à celles prononcées par David Haye à Tony Bellew avant leur combat la semaine dernière.  D’ailleurs, il a fallu que la Régie de la boxe britannique s’en mêle et menace Haye de conséquences graves. Haye avait alors déclaré qu’il ferait exploser la tête de Bellew après l’avoir traité de toutes sortes de noms.

Plusieurs points en commun

Les deux boxeurs ont plusieurs points en commun. Par exemple, tous deux ont affronté Hassan N’Dam. Stevens a perdu la décision contre lui et Lemieux l’a battu en 12 rounds.

Tous deux ont affronté Gennady Golovkin. Tous deux ont été battus par K.-O. technique. Stevens a été retiré du combat après sept rounds tandis que Lemieux a perdu par K.-O. technique/8 après que l’arbitre ait mis un terme à l’affrontement. 

Tous deux se sont retrouvés au tapis pendant le duel contre GGG.  Stevens au 2e round et Lemieux au 5e.

Tous deux ont gagné leurs deux derniers combats avec des fiches identiques : un triomphe par décision et un autre par K.-O..

Enfin, Stevens est inactif depuis le mois de novembre dernier tandis que Lemieux s’est battu au mois d’octobre.

Comme vous le voyez, les statistiques sont à peu près identiques. Sauf que Stevens a été beaucoup plus malmené que Lemieux pendant l’affrontement contre GGG.

Dans la cour des grands

Ce combat a toutes les chances de se classer parmi les grands affrontements des poids moyens au fil des ans. Lemieux a le style du parfait bagarreur, un peu comme l’étaient Jake LaMotta, Marvin Hagler, Carlos Monzon, Tony Zale, Rocky Graziano, Marcel Cerdan, Carmen Basilio et Tommy Hearns.

Et Stevens est un bagarreur qui ne recule pas souvent devant un rival. Or, le premier qui va faire mal à l’autre pourrait donner le ton au combat.

Cette fois-ci, les deux ne pourront pas répéter l’exploit de la semaine dernière quand le réseau CBS a obtenu une cote d’écoute supérieure au basketball et au hockey avec 5,1 millions de téléspectateurs.

Ce n’est pas tout le monde qui possède le réseau HBO. Mais un bon combat pourrait attirer entre 500 000 et 1 million de téléspectateurs. C’est ce que je souhaite.

PRÉDICTIONS : Lemieux vainqueur par K.-O. au 6e round dans un combat furieusement disputé.

Bonne boxe!