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RDS2 présentera le gala Kovalev c. Shabranskyy samedi à 22h.

Le père Noël s’est présenté très tôt cette année pour remettre ses cadeaux à Dmitry Bivol et Artur Beterbiev. Depuis déjà quelques semaines, tous deux coiffent une couronne mondiale des mi-lourds, Bivol, celle de la WBA et Beterbiev, celle de l’IBF. Ce samedi, ce sera au tour de Sergey Kovalev de se voir livrer son cadeau à condition qu’il ait été bon garçon. Et son cadeau de Noël porte le nom de Vyacheslav Shabranskyy.

Non... mais c’est Andre Ward qui doit rire dans sa barbe. Bien entraîné, « SOG » aurait pu vaincre les trois adversaires, Trent Broadhurst, Enrico Kölling et Shabranskyy le même soir... ou presque.

Cela fait presque six mois que l’on n’a pas vu Kovalev sur le ring. Il faut comprendre qu’il a longuement ruminé ses deux défaites aux mains de Ward.

Des excuses

Dans son premier affrontement contre Ward, « Krusher » a déclaré que sa défaite était la faute de l’arbitre Robert Byrd, allant même jusqu’à prétendre qu’il faisait partie du clan de Ward et que les juges américains ne voulaient pas voir un Russe triompher. Dans le deuxième, c’était à cause de son entraîneur John David Jackson, qui ne lui prodiguait pas les bons conseils.

C’était toujours la faute de quelqu’un, mais pas la sienne quand il perdait... Kovalev devra apprendre que c’est lui et lui seul qui peut dicter sa ligne de conduite. Et il faut bien l’admettre, notre Russe n’a pas toujours été un enfant de chœur.

Il dit qu’il a changé. Un incident qui aurait pu lui coûter la vie au cours de l’été en Russie l’a totalement bouleversé. L’histoire est admirablement bien racontée par le journaliste Greg Bishop dans le Sports Illustrated de ce mois-ci.

Au volant de sa vieille Mercedes 1996, rafistolée au coût de 100 000 $, il a failli y laisser sa vie. Heureusement, il a pu éviter une voiture qui effectuait un dépassement. Pour ne pas faire un face-à-face, il a été obligé de donner un coup de roue qui a propulsé sa voiture hors route, dans le bois. Kovalev prétend que son véhicule n’a pas touché à un seul arbre et sa seule blessure a été un saignement de nez, sans fracture. Pourtant, sa bagnole a été totalement démolie.

Plus le même homme

Depuis cet incident, Kovalev prétend qu’il n’est plus le même homme. Il même une vie beaucoup plus rangée. Il ne fume plus, ne boit plus, mange beaucoup plus de légumes que par le passé et boit de plus en plus d’eau, une chose qu’il détestait par le passé, prétextant que l’eau le faisait engraisser.

Il est aussi beaucoup plus religieux que par le passé après avoir résidé dans un monastère sur le mont Athos, la montagne sacrée, en Grèce, où y vivent environ 2000 moines.

On verra bien ce samedi, si tout ce qu’il dit est vrai. Depuis son dernier revers contre Ward, Il a congédié son entraîneur Jackson pour le remplacer par un camarade du nom d’Arbor Tursunpulatov, un entraîneur qui a fait sa marque parmi les boxeurs amateurs de Russie.

Personnellement, je ne crois pas que Shabranskyy soit un boxeur de la même classe que Kovalev. Certes c’est un jeune homme talentueux, mais il faut se rappeler qu’il a visité le tapis à trois occasions lors de son duel contre Sullivan Barrera, en décembre dernier.

Shabranskyy, que l’on surnomme cœur de lion, possède un bon bagage amateur. Il a été médaillé d’argent en 2008 et 2009, en Ukraine, chez les 81 kilos. En 2010, 2011 et 2012, il a participé à la Série mondiale de boxe sous les couleurs des Matadors de Los Angeles et s’est bien tiré d’affaire.

Cœur de lion

Cœur de lion est né en Ukraine, mais il a livré tous ses combats professionnels aux États-Unis. Il est parvenu à se hisser au dixième rang des aspirants à la couronne vacante de la WBO. Mais regardez son palmarès et vous constaterez qu’il n’a jamais battu personne parmi l’élite des mi-lourds, où le talent est pratiquement illimité.

Or, on peut comprendre que Kovalev est déjà favori à 10-contre-1 pour coiffer la couronne WBO. Si Barrera a été capable de le terrasser à trois occasions avant que l’arbitre n’intervienne au septième engagement, imaginez ce que « Krusher » lui fera subir! À moins qu’il ne fasse un peu comme l’a fait Kölling contre Artur Beterbiev. Garder les mains très hautes, reculer continuellement et ne donner qu’un coup ici et là. Boxer, non pas pour gagner, mais pour survivre. Mais attention... il a tout de même envoyé Barrera au tapis en deuxième reprise, ce qui veut dire qu’il possède une assez bonne force de frappe.

De bons partenaires

Je veux bien croire que Shabranskyy est sur le point de voir son rêve de jeunesse se réaliser en croyant dur comme fer qu’il peut sortir victorieux de son combat contre l’ex-triple champion. Il s’est entraîné avec Bivol et David Benavidez, deux champions très talentueux. Mais son passé est loin d’être le garant de son avenir. Les dix-neuf boxeurs qu’il a vaincus sont tous des pugilistes de classe « B », exception faite de Yunieski Gonzalez. La seule fois qu’il a affronté un adversaire de classe « A+ » Il a visité le sol trois fois et a perdu le seul combat de sa carrière. Et souvenez-vous... Berrera est ce même pugiliste qui a été vaincu par Andre Ward, et plusieurs prétendent, et avec raison, que Kovalev a gagné le premier affrontement contre « SOG ». Or...

Le Kovalev des beaux jours est une brute sur le ring. D’ailleurs, il est classé comme le meilleur mi-lourd de toutes les associations et il est l’homme à battre. Mais attention... il est loin d’avoir eu l’air d’un champion dans un triomphe par décision contre Isaac Chilemba, en Russie, en 2016. Et on peut aussi se poser des questions sur le talent de son nouvel entraîneur Abror Tursunpulatov, dont l’expérience primaire se situe au chapitre de la boxe amateur.

Kovalev prétend qu’il était parmi les siens dans son pays natal et que son entraînement laissait à désirer avant d’affronter Chilemba. Son ex-entraîneur Jackson ne se gêne pas pour déclarer que Kovalev ne voulait pas écouter ses conseils, faisait à sa guise quand il le voulait en dehors et sur le ring.

Vulnérable au corps

Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, Jackson soulignait que Kovalev était vulnérable au corps, ce qu’a prouvé Andre Ward, lors du deuxième engagement.

Verra-t-on Shabranskyy tenter d’exploiter cette faiblesse? « Pas nécessairement, soutient son entraîneur Manny Robles. »

Si jamais Shabranskyy parvenait à vaincre Kovalev et coiffer la couronne mondiale WBO des mi-lourds, je serais l’homme le plus surpris du monde. Mon choix va avec Kovalev qui devrait se débarrasser de cet Ukrainien avant la fin du sixième engagement. Après tout, Kovalev doit prouver qu’il est meilleur que Barrera, peut-être son prochain adversaire ?

Barrera voudra épater!

Un autre combat qui suscite beaucoup d’intérêt est celui qui opposera Barrera à Felix Valera, en demi-finale.

Valera est un bon boxeur, doté d’un solide menton. D’ailleurs, il a été le premier à forcer Bivol à se battre jusqu’au douzième engagement, lui, qui avait passé le K.-O. à ses six premiers adversaires. Mais je doute qu’il soit de la classe de Barrera. Sa fiche peut paraître impressionnante, mais elle a été créée contre des boxeurs ordinaires.

Barrera a fait beaucoup mieux contre des pugilistes plus talentueux tel Joe Smith fils, à qui, il a fracturé la mâchoire. Il a vaincu Shabranskyy, Karo Murat et Jeff Lacy, des pugilistes avec une certaine réputation.

Ce n’est pas par chance qu’il a gagné la médaille d’or lors des championnats mondiaux juniors de 2000 à Budapest, pour le compte de son pays natal, Cuba, et vaincu des rivaux tels que Chad Dawson et Beibut Shumenov. En somme, il n’a fait que continuer son ascension vers la boxe professionnelle, où il est un rival de classe pour Adonis Stevenson, Bivol, Beterbiev et Kovalev.

Barrera devrait remporter la victoire par décision en dix rounds contre Valera.

Au bout du rouleau

Enfin, il y a l’autre Cubain, Yuriorkis Gamboa qui tente d’étirer sa carrière qui bat de l’aile. Ce médaillé d’or aux Jeux olympiques de 2004, à Athènes, en Grèce n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a été superbe chez les amateurs où il s’est couvert de gloire à Cuba et sur la scène internationale et plus tard chez les pros en coiffant les couronnes WBA et IBF des poids plumes, mais depuis sa première défaite contre Terence Crawford, il est évident qu’il a considérablement ralenti.

Il a livré trois combats en 2017 et en a gagné deux contre Rene Alvarado et Alexis Reyes, mais encore une fois, il a perdu par TKO contre Robinson Castellanos.

Gamboa a maintenant 35 ans. Il en aura 36 le 23 décembre prochain. En Jason Sosa, il a la chance de retrouver une étincelle du passé. Sosa n’a pas boxé depuis avril dernier, alors qu’il n’avait pu continuer le combat au neuvième engagement contre Vasyl Lomachenko.

Si Gamboa ne parvient pas à gagner son combat contre Sosa et du même coup faire belle figure, c’est la dernière fois que vous le verrez à la télévision.

Je vous rappelle que le gala vous sera présenté en direct du Madison Square Garden, à New York, sur RDS2, à compter de 22 h.

Prédictions

Kovalev par K.-O. au 5e sur Shabranskyy

Barrera par décision sur Valera

Gamboa par décision sur Sosa

Bonne boxe!