Si l’adversaire avait été Deontay Wilder plutôt qu’Otto Wallin, je ne suis pas certain que Tyson Fury serait, encore aujourd’hui, champion linéaire.

Je veux bien croire qu’il a été coupé sérieusement à l’œil droit depuis le troisième round et qu’il avait de la difficulté à voir de cet œil, mais il m’a semblé léthargique, surtout en début de combat.

Avec cette vilaine blessure à l’œil droit, on est en droit de se demander si la revanche contre Deontay Wilder, prévue pour février prochain, est en péril.

Fury est maintenant  sorti victorieux tandis que Deontay Wilder devra faire de même avec son prochain rival, le Cubain Luis Ortiz,  le 23 novembre prochain, au MGM Grand, de Las Vegas.

Wilder a remporté les honneurs d’un premier affrontement contre Ortiz, le 3 mars 2018, au Barclay’s Center, de Brooklyn.  Ortiz avait été battu par TK.-O./10, mais il avait bien failli jouer un vilain tour au champion en l’étourdissant au septième round.

En somme, c’est la performance du Suédois Otto Wallin  qui a été surprenante.  Il a tenu le coup pendant douze assauts et s’est même payé le luxe d’ébranler le Roi des gitans en dernière reprise.

Cette énorme entaille est belle et bien le résultat d’un solide crochet de la gauche, au troisième engagement, qui a obligé Fury a changé totalement son plan de match.  Toutefois, ses coups n’étaient pas tellement puissants.  On aurait dit qu’il manquait d’énergie par moment.

Il peut se compter chanceux que son rival n’ait pas été Wilder, dont la force de frappe est de beaucoup supérieure à celle de Wallin.

C'était un coup de poing

Fury croyait que la coupure avait été causée par un coup de tête.  Les officiels de la Commission de boxe du Nevada ont alors demandé à voir la reprise vidéo et il a été établi, sans l’ombre d’un doute que c’était bel et bien un coup de poing qui avait causé la blessure.

Je n’ai pu faire autrement que de me reporter  au 8 septembre 2000, au Centre Molson alors qu’Arturo Gatti se battait à Montréal pour la première fois de sa carrière.  Ce soir-là, il affrontait une étoile montante du nom de Joe Hutchinson, sans aucune tache à son dossier.

Au deuxième engagement, Gatti avait été victime d’une mauvaise coupure à l’œil gauche et le médecin du temps, le docteur Pierre Meunier, avait décidé de laisser le match se poursuivre. Après tout, on était à Montréal et la foule de 18 150 personnes voulait voir son favori à l’œuvre et Thunder lui-même voulait absolument poursuivre le combat. Mais dites-vous bien que ce fut un véritable bain de sang à compter du deuxième engagement.

Tout comme Fury, Thunder avait dû changer totalement sa stratégie, mais il était parvenu à vaincre son rival par décision unanime.

Le juge Sylvain Leblanc avait même accordé une fiche parfaite de 100-92 à  Gatti.

On appelle le médecin

À Las Vegas, où se déroulait le gala à saveur mexicaine, Fury a été vu par le médecin au sixième engagement et on lui donna le feu vert. Mais un peu plus tard, une deuxième entaille, cette fois dans la paupière du même œil blessé a obligé Fury à boxer  avec son œil amoché qui l’obligeait à essuyer le sang qui bloquait la vue de son œil droit.

Comme il l’avait promis, Fury s’est présenté sur le ring  après un long trajet d’un semblant de char allégorique drapé des couleurs mexicaines  et avec un large sombréro. Il avait aussi choisi une chanteuse mexicaine pour égayer  la foule pendant son trajet vers le ring. Il avait souligné que c’est lui qui représenterait le peuple mexicain pour la fête de l’indépendance  et il a tenu parole.  Il s’est même battu à la mexicaine et la foule a bien aimé son courage.

Il y avait 8 249 amateurs à l’intérieur du T-Mobile Arena, de Las Vegas.  Pas une foule extraordinaire, mais de beaucoup supérieure à celle qu’avait prédite Eddie Hearn, le grand le rival du promoteur Bob Arum.  Pas plus tard que jeudi dernier, le promoteur britannique  avait affirmé que seulement 1 500 billets avaient été vendus pour le gala du 14 septembre.

Le match a été présenté sur DAZN et les dirigeants de  ce site ne dévoilent pas les chiffres officiels de leurs galas. On peut donc  juger par les 325 000 personnes qui avaient acheté le gala sur la télé payante du match entre Wilder et Fury en décembre 2018.

Mieux que Schwartz

Avec sa performance, de beaucoup supérieure à celle de son prédécesseur Tom Schwartz, Wallin se trouvera du travail aux États-Unis.  Il a le gabarit pour faire sa place chez les poids lourds.

Quant au père du champion linéaire,  il était furieux de la performance de son fils et il lui a conseillé de changer son équipe de seconds au plus vite sinon sa carrière irait chez le diable.

« C’est  la pire performance de toute sa carrière, de lancer John Fury, le père de Tyson. Je suis fier du cran qu’il a montré, mais je ne peux m’imaginer qu’il était en si piètre condition après huit semaines d’entrainement. »

Le paternel ne décolérait pas dans le vestiaire de son fils.  « Il n’avait aucune force dans ses coups, pas d’énergie et son jeu de pied laissait à désirer. De poursuivre John Fury.  S’il conserve ses seconds, il peut dire adieu à sa carrière. »

Une réaction du père qui pourrait avoir des répercussions sur  la carrière de son fils au cours des mois à venir.  On verra.

Dans l’ensemble, un assez bon spectacle pour des poids lourds, en dépit des paroles peu élogieuses du paternel, mais Fury aurait pu faire mieux.  

À Carson, en Californie

Celui qui devrait éventuellement prendre la relève de Canelo Alvarez comme l’idole du peuple mexicain a de nouveau servi une leçon de boxe, cette fois  à son adversaire, Patrick Allotey, un type qui était invaincu au cours de ses six derniers combats.

La victoire de Mungia est survenue au quatrième engagement et il prétend  que la tâche a été assez facile pour qu’il songe à demeurer chez les 154 livres, où il domine la WBO.

Lors de son avant-dernier combat en avril dernier, Mungia avait eu toutes les misères du monde pour finalement éclipser son rival Dennis Hogan. D’ailleurs plusieurs connaisseurs prétendaient que Mungia n’avait pas gagné ce match.

Maintenant sous la gouverne de l’ex-champion mondial, Erik Morales, Mungia s’est montré sans pitié pour son adversaire qu’il a attaqué au corps la plupart du temps si bien qu’au troisième engagement Allotey s’est retrouvé au tapis. Il est revenu au quatrième round, mais il n’a pu soutenir les charges  au corps du champion des 154 livres et c’est son coin qui a décidé de mettre un terme à la rencontre.

Sur le ring, Mungia avait l’air d’un poids moyen pendant que son rival ressemblait beaucoup plus à un mi-moyen.

Grâce à ce triomphe, Mungia a conservé sa fiche vierge (34-0-0—27/K.-O.) il est peut-être un bon boxeur, après tout, il n’a que 22 ans, mais il est loin d’être un second Canelo Alvarez. Naturellement, son promoteur Golden Boy anticipe un jour organiser un affrontement entre Canelo  et Mungia. Mungia est natif de Tijuana tandis qu’Alvarez réside à Guadalajara. Deux villes où la boxe est maitresse.

Reste juste à savoir à quel poids se battra dorénavant Mungia et que fera Canelo, si jamais il parvient à vaincre Sergey Kovalev ? Va-t-il poursuivre sa carrière chez les mi-lourds, ce qui est peu probable, vu la compétition féroce qu’il y a à ce poids ou bien livrera-t-il combat chez les super-moyens?

Si rien d’autre ne fonctionne pour lui, il peut toujours se rabattre sur ses deux titres mondiaux chez les 160 livres.

Bonne boxe