C'est fou à quel point en boxe, toutes les perceptions peuvent changer en une seule journée.

Il y a 24 heures, le nom Klitschko avait une aura d'invincibilité et la mention du pays de l'Allemagne signifiait, pour les amateurs de boxe, un havre de protection pour les boxeurs « locaux ».

Bute doit s'avouer vaincu

En mai 2012, plusieurs voyaient en Lucian Bute une machine. Cette perception a changé le temps d'une soirée à Nottingham .

Depuis ce combat contre Carl Froch, le grand Roumain nous paraissait comme un être blessé mentalement et physiquement. Les entrevues avec lui donnaient lieu à de vulgaires sessions de psycho-pop plutôt que de parler de boxe.

Finalement, le temps d'un combat, qu'il n'a même pas gagné rappelons-le, Lucian Bute nous apparaît maintenant comme un homme et un athlète en parfaite possession de ses moyens. Lors de ses prochains combats, nous les journalistes, ne reviendront plus sur le « cauchemar de Nottingham ». Et en regardant l'ensemble de sa carrière, plutôt que de parler d'un long déclin, on peut dire que Bute a connu généralement du succès, mais qu'il s'est heurté à trois bons boxeurs, champions ou anciens champions.

À l'annonce du combat, il y a quelques mois, je faisais le parallèle entre ce duel Bute-DeGale et l'affrontement entre Mikkel Kessler et Eric Lucas. Si Kessler est sans contredit un bien meilleur boxeur que DeGale, n'empêche que le déroulement du combat permet à Bute de faire ce que Lucas n'a pu se permettre : continuer d'espérer!

Une transformation

Il y a un an, Lucian Bute revenait bredouille d'un camp d'entraînement désastreux aux Philippines avec l'entraîneur Freddy Roach. L'histoire officielle dit qu'il a quitté ce camp en raison d'une blessure au dos, alors que d'autres informations laissent entendre que Bute se serait fait knocker lors d'un combat d'entraînement. Bute revenait au pays la tête basse, sans réponses aux questions des journalistes, et en perdant son combat contre la Roberto « canne de tomate » Bolonti.

« Ça prend le contrat signé! »

Après des mois de repos et d'autres remises en questions, Bute s'est retrouvé à Pointe-Claire au gymnase des frères Grant.

Rencontré hier après le combat, l'actuel champion du monde Adonis Stevenson racontait à quel point ce changement a pu être bénéfique pour Bute.

« Après ma défaite aux États-Unis, ce sont Howard et Otis Grant qui m'ont permis de relancer ma carrière. Crois-moi, si Lucian était démotivé, il a dû facilement retrouver tout l'entrain nécessaire aux côtés de Howard », dit-il en riant.

C'est formidable ce que les frères Grant ont accompli. Ils ont carrément ressuscité la carrière d'un boxeur passif et prévisible. Contre DeGale, Bute a utilisé son jab, il a travaillé en combinaisons et a été formidable avec son travail au corps. Il a pu encaisser, et à moins que je me trompe, il n'a jamais été placé le dos aux câbles. Hier, aucun autre boxeur au monde chez les 168 livres n'aurait pu battre Bute ou DeGale. En conférence de presse, le champion IBF a tout de même mentionné que selon lui, Andre Dirrell était meilleur que Bute.

Bute n'est pas fini, pour le plus grand bien de la boxe québécoise qui n'a pas le luxe de perdre un ambassadeur qui fait autant l'unanimité que lui.

Exclusif: Kovalev-Stevenson en juin

Stevenson aussi

Un autre qui a profité de la soirée pour changer les perceptions à son égard est Adonis Stevenson. Le champion s'est pointé à Québec sur un parterre rempli d'adversaires potentiels en Jean Pascal, Artur Beterbiev et Sergey Kovalev.

Dans des images captées par mon caméraman Stephane Hecube, on voit Adonis prendre les devants et aller saluer Sergey Kovalev, malgré la guerre ouverte qu'ils se livrent sur les médias sociaux. Rapidement, les deux hommes ont convenu de s'affronter au mois de juin avec un partage égal de la bourse, sans appel d'offres. Encore une fois, le clan Kovalev a joué les « empêcheurs de tourner en rond » en désignant immédiatement HBO comme le télédiffuseur du combat. Kovalev a pincé une joue de Stevenson et il a ri jaune quand le Québécois a voulu faire de même. Et quand les deux hommes se sont quittés, Kovalev s'est adressé à la caméra de RDS pour répéter ses attaques enfantines de « chickenson ». Pourtant hier, c'est Kovalev qui avait l'air d'un « chicken ».

Quelques jabs

Les deux combats principaux se sont terminé par des décisions des juges. Malheureusement, la Régie des Sports de combat résiste à l'idée de partager les feuilles de pointage avec les journalistes immédiatement après les combats, alors que les médias sociaux s'enflamment. Pour votre info, j'avais Alvarez gagnant 115-113 et DeGale gagnant 116-112, et je suis aussi en accord avec le 117-111. Mais pas avec le 118-110 dans le combat d'Alvarez.

Une foule de 8624 pour cet excellent gala au Centre Vidéotron. Ce premier gala « historique » dans la « bâtisse à Régis » a très mal commencé quand le premier combat s'est mis en branle alors qu'il n'y avait personne dans les gradins. Des centaines de spectateurs attendaient pour entrer!