POINTE-CLAIRE, Qc - La nouvelle du terrible accident subi par le cutman Bob Miller la fin de semaine dernière a unanimement ébranlé la communauté tissée serrée de la boxe québécoise.

L’homme âgé de 70 ans a été victime d’une violente sortie de route après s’être apparemment endormi au volant alors qu’il revenait d’un gala. L’incident, qui pourrait le laisser paralyser du cou jusqu’aux pieds - est survenu près de son domicile de Plattsburgh dans l’État de New York.

Dimanche soir, plusieurs boxeurs et entraîneurs québécois ont partagé leur tristesse sur les réseaux sociaux et les louanges ne cessent de déferler depuis ce temps. L’entraîneur Stéphan Larouche a été particulièrement touché lorsqu’il a su ce qui était arrivé à son fidèle complice.

« J’arrivais de la Roumanie dimanche matin et j’avais manqué un appel du cellulaire de Bob et je me suis alors dit qu’il voulait me demander à quelle heure il devait arriver pour le gala d’en fin de semaine ou encore me demander comment ça s’était passé en Roumanie, s’est rappelé Larouche mardi après-midi en marge de la conférence de presse faisant la promotion de la sous-carte du gala d’Eye of the Tiger Management qui sera tenu samedi soir au Centre Bell.

« Malheureusement, c’était un message de sa conjointe Linda qui m’annonçait que Bob avait eu un accident très, très grave. Au début, je ne voulais pas tellement y croire, je me disais que ça ne devait pas être si grave que ça. C’est alors que tu te rends compte à quel point la vie est fragile et qu’elle peut basculer. Bob est un homme tellement fier, un homme essentiel. »

« C’est difficile, Bob en a tellement fait pour moi. Je le connais depuis que je suis tout jeune boxeur amateur, a ajouté Ghislain Maduma. C’est une des meilleures personnes que tu ne peux pas avoir dans ton coin. Nous avions discuté il n’y a pas tellement longtemps et nous avions hâte de nous voir samedi. C’est poche, je trouve ça dur. J’étais très, très proche de Bob. »

Larouche et Miller collaboraient professionnellement depuis environ un quart de siècle et l’entraîneur ne cache pas que l’absence de l’un de ses plus proches collaborateurs sera difficile à combler. « Comme là, nous avons un problème, constate-t-il avec énormément d’émotion.

« Ce n’est pas tout le monde qui possède ces compétences-là. Ça prend des années avant de les développer. C’était vraiment très plaisant de travailler avec lui, car nous avions établi une chimie après toutes ces années. Pour l’équipe, c’est vraiment une nouvelle catastrophique. »

Pour l’heure, c’est l’entraîneur Pierre Bouchard qui prendra la relève, lui qui remplaçait déjà Miller lorsque ce dernier n’était pas disponible comme c’était le cas pour le combat que Bogdan Dinu a disputé vendredi dernier en Roumanie. Selon Larouche, Bouchard a le profil de l’emploi.

« Pierre est un gars très calme qui a toujours été dans le coin avec Bob, il l’a donc vu travailler, précise Larouche. Ça prend vraiment quelqu’un de calme pour faire ce job-là et Pierre va peut-être s’y intéresser encore plus à l’avenir. Mais reste que ça va être spécial de ne pas avoir Bob à nos côtés pour un gala de cette envergure-là samedi. Il était pratiquement tout le temps-là. »

« Une mégaperte »

En plus d’être un penseur de plaies d’une efficacité redoutable, Miller s’est avéré un mentor pour Larouche, l’Américain lui ayant ouvert les portes de la boxe professionnelle à l’époque où Stéphane Ouellet faisait la pluie et le beau temps chez les amateurs partout dans le monde.

« Bob amenait des équipes américaines se battre au Québec et quand il avait vu Stéphane Ouellet se développer, il avait dit à Yvon [Michel] qu’il était prêt à nous donner un coup de main si jamais nous décidions de passer chez les pros, se souvient avec nostalgie Larouche. C’est même Bob qui avait trouvé le premier adversaire [Bob Rockwell] de Stéphane Ouellet!

« Bob a ensuite travaillé avec Éric Lucas et tous les autres boxeurs d’InterBox à l’époque. Leonard Dorin, Dale Brown, Fathi Missaoui, Lucian Bute, Adrian Diaconu et sans oublier tous ses autres boxeurs aux États-Unis. Les gens l’ont oublié, mais c’est Bob qui était là lors des débuts professionnels de Mike Tyson avant de se faire injustement tasser par la suite. »

Larouche aimait également les propositions que Miller lui faisait aux abords du ring pendant un combat. En raison de sa vaste expérience, l’Américain possédait un regard extrêmement juste.

« Étant donné qu’il était moins impliqué émotivement, Bob avait tout le temps un oeil positif, explique Larouche. Il avait toujours le bon commentaire sans jamais faire de l’overcoaching. C’était de petites suggestions ici et là et il était capable de bien lire l’adversaire. Je lui demandais toujours ce qu’il pensait et nous jasions de même. C’est une mégaperte. »

À l’initiative de ses fils Shannon et Shawn, une campagne de sociofinancement a été lancée sur Go Fund Me afin d’aider Miller dans sa coûteuse rééducation qui s’annonce. Au moment d’écrire ces lignes, plus de 8000 $ ont déjà été récoltés depuis le lancement dimanche.