Bernard Hopkins est né sous une bonne étoile, le 15 janvier 1965, à Philadelphie. C’était un vendredi, en plein hiver.

C’est un capricorne, il est marié et père d'un enfant. Il boxe depuis 1988, après avoir purgé une assez longue peine de prison pour des crimes commis dans sa jeunesse, alors qu’il a été poignardé à trois reprises.

Il a 49 ans et c’est le plus vieux champion encore à l’œuvre. Qu’il gagne ou qu’il perde contre Beibut Shumenov, il a l’intention de continuer à boxer.

Hopkins est né le même jour que le regretté prédicateur Martin Luther King, le père de la bombe hydrogène Edward Teller et le richissime Aristote Onasis, dont la dernière épouse a été l’ex-première dame des États-Unis, Jacqueline Kennedy, pour ne nommer que ceux-là.

Samedi soir à Washington, l’Alien (l’extraterrestre), comme il aime se faire appeler, tentera non seulement de remporter sa 55e victoire en carrière, mais du même coup il essaiera de coiffer deux couronnes des mi-lourds. Celle de l’IBF qu’il détient déjà et celle de la WBA qu’il tentera de ravir à son adversaire.

Les deux autres champions, Sergey Kovalev (WBO) et Adonis Stevenson (WBC) rêvent de le voir éclipser son rival, car tous deux aimeraient bien se mesurer à lui. Après tout, B-Hop est une légende vivante et celui qui le vaincra verra son nom gravé à tout jamais dans les annales de la boxe.

Un autre Montréalais voit aussi d’un bon œil un triomphe de Hopkins. Ce n’est nul autre que le nouvel homme d’affaires Jean Pascal qui s’est frotté à lui à deux occasions, se permettant même de l’envoyer au tapis à deux reprises. Lui aussi aimerait bien avoir une troisième chance contre lui.

Adonis dans sa mire

S’il y a un boxeur que B-Hop veut affronter, c’est bien Adonis Stevenson, le roi des mi-lourds. Et ne soyez pas surpris si cet affrontement n’est pas présenté à Montréal au début de l’automne prochain. Naturellement, avant de rêver à un tel combat, il faut que l’Extraterrestre parvienne à vaincre son rival de 19 ans son cadet.

Parlons-en de son rival Beibut Shumenov… S’il se promène avec la couronne WBA des mi-lourds sur la tête, il peut remercier le ciel, car c’est par un vol manifeste qu’il a ravi cette couronne à Gabriel Campillo, en 2010.

Alors qu’à peu près tout le monde donnait Campillo vainqueur par décision unanime, les trois juges rendaient une décision contraire. Naturellement, cette décision a été rendue à Las Vegas. Seul le juge Levi Martinez donnait Campillo gagnant par 117-111 tandis que Patricia Morse Jarman (111-117) et Jerry Roth (113-115) faisaient un cadeau à Shumenov.

Depuis ce jour, Shumenov a défendu sa couronne avec succès à six occasions. Mais contre des rivaux de second ordre. Ce qui a fait dire à B-Hop : « Je me bats contre de vrais boxeurs, pas des pieds de céleri… Shumenov veut se faire un nom tout comme les autres qui m’affrontent … ».

Que reste-t-il?

Bernard Humphrey Hopkins n’a plus rien à prouver dans le monde de la boxe. S’il monte sur le ring, c’est beaucoup plus pour son plaisir personnel. Depuis sa sortie de tôle en 1988, tout lui a souri. Mais il a travaillé très fort pour y arriver. Quand il a quitté la prison, le directeur lui a souhaité bonne chance et lui a lancé comme cela : « Bonne chance et à la prochaine fois… » Et Hopkins de lui répondre : « Tu ne me reverras plus jamais ici, je te le jure… » Et il a tenu parole à coup de sueur et de sacrifices.

Il a tout raflé dans le monde de la boxe. Il a été champion mondial des poids moyens et des mi-lourds.

En 2001, il a été proclamé le boxeur de l’année par la revue Ring Magazine.

Il a été champion des poids moyens pendant 10 ans, 2 mois et 17 jours. Il a défendu son titre des moyens à vingt occasions, dépassant ainsi la marque de Carlos Monzon.

Il avait 40 ans, 6 mois et un jour quand il a régné à titre de champion mondial, surclassant ainsi le record de Sugar Ray Robinson.

En 2010, il avait 46 ans quand il a éclipsé la marque de George Foreman à titre du plus vieux champion mondial en battant Jean Pascal pour les titres WBC et IBO des mi-lourds.

Et Dieu seul connaît le jour ou il va accrocher ses gants pour de bon. Chaque fois qu’il monte sur un ring, il ajoute à son propre record.

Je ne veux rien enlever à Beibut Shumenov. Après tout, après neuf combats, il était champion mondial. Mais je ne vois pas comment il peut venir à bout du boxeur qu’il admire le plus sur la planète à moins que ce dernier subisse soudainement une crise de vieillissement.

Un K.-O. ferait du bien

Bernard Hopkins est un fin renard. Sur un ring, il n’a pas son pareil. Il connaît tous les trucs du métier et par moment, il peut être violent pour ne pas dire salaud. Mais il lui manque quelque chose, qu’il n’a pas réussi au cours de ses 15 derniers combats. C’est un K.O.

La dernière victoire qu’il a remportée par mise hors de combat remonte au 18 septembre 2004 contre nul autre que son partenaire d’aujourd’hui, Oscar de la Hoya. Depuis ce jour, il a livré 14 combats de douze rounds en 15 sorties. Le seul affrontement qui n’a duré que deux rounds est celui de non-décision (no contest) contre Chad Dawson en avril 2012.

J’ai l’impression que B-Hop va devoir se contenter d’un triomphe par décision encore une fois. Il devrait l’emporter en douze rounds haut la main sans trop de difficulté, mais son rival a un bon menton. D’ailleurs, il n’a jamais connu la défaite par K.-O.

Il est difficile à comprendre ce Shumenov. C’est vrai qu’il est champion mondial. Que pendant un certain temps, il était son propre gérant, tout comme son rival de samedi soir. C’est peut-être la raison principale pourquoi, au cours des sept dernières années, il n’a livré que 15 combats. Depuis 2009, il a combattu pas plus de deux fois par année. Encore pire, en 2012, il s’est battu une fois tout comme en 2013 ce qui n’est pas rassurant contre un vétéran spécialiste de la trempe de B-Hop.

Ce qu’il faut se demander, c’est qui sera le prochain adversaire de Bernard Hopkins? Sur les rangs, il y a Adonis Stevenson, Sergey Kovalev et Jean Pascal. Lequel sera l’heureux élu? Mon choix c’est Adonis.

Et si jamais Shumenov devait avoir le meilleur sur B-Hop, souvenez-vous que son gérant actuel n’est nul autre que Al Haymon, le même que notre Superman.

Bonne boxe!