Le Floyd Mayweather, version 2015, vieillit très bien. Âgé de 38, l’Américain est un grand millésimé, plus corsé qu’avant, même. Dans un combat qui définit l’ensemble de sa carrière, l’Américain, qui a parfois une personnalité imbuvable, a prouvé qu’il est le meilleur boxeur de l’univers, toutes catégories de poids confondues, et l’un des meilleurs de l’histoire.

Dès la première minute du combat, on a pu voir que la tâche serait ardue pour son rival, Manny Pacquaio, qui a semblé ressentir davantage le poids des années. Moins fougueux que lors de ses années de gloires, Pacquaio a laissé son adversaire gérer la distance à souhait. Les explosions de coups légendaires de Pacquiao n’ont pas été très nombreuses. Lorsqu’il est parvenu à atteindre Mayweather, Pacquaio ne parvenait pas à enchaîner avec le coup fatal. À l’inverse, Mayweather a tout fait bien. Ses déplacements... La position de ses mains pour bloquer des coups... on l’a même vu prendre l’iniative de l’attaque à certains moments, ce qui est plutôt inhabituel chez lui.

Qualifié de « combat du siècle », le rendez-vous aura pu décevoir certaines personnes. Ce combat n’a pas été le meilleur de l’histoire et ne sera probablement même pas candidat au combat de l’année (il n’a même pas été candidat au combat de la soirée, devancé par les prestations de Vasyl Lomachenko et Leo Santa Cruz). Un combat propre, mais avec trop de respect de part et d’autre? Malgré tout, il aura été très intéressant. Assez j’espère pour avoir un effet positif sur l’industrie de la boxe et attirer de nombreux nouveaux adeptes du sport.

Je crois toutefois que l’effet aurait pu être plus grand si Pacquiao l’avait emporté. Sa personnalité est nettement plus sympathique que celle de Floyd Mayweather, qui me fait un peu penser au joueur de baseball Barry Bonds : un joueur exceptionnel, mais détesté pour sa personnalité.

À l’issue de ce combat, une chose apparaît certaine, Personne ne peut battre Floyd Mayweather Jr. Même Manny Pacquaio n’y arriverait pas dans un combat revanche. Monsieur Mayweather peut faire ce qu’il veut; terminer sa carrière en septembre avec une fiche exceptionnelle de 49-0, ce qui égalerait celle de Rocky Marciano. Ou encore disputer un dernier combat en 2016 pour accéder au formidable 50-0.

Dur pour Zewski

La prestation de Pacquaio a été insuffisante pour attirer la faveur des juges, comme ce fut le cas la veille, toujours à Las Vegas, pour le boxeur québécois Mikaël Zewski.

Ses coups ne sortaient tout simplement pas, comme l’a remarqué l’entraîneur de son adversaire Konstantin Ponomarev, le grand Abel Sanchez. Après le 4e round, il a déclaré aux analystes de la télévision que « Mikael ne réagissait pas comme on pensait. On croyait qu’il serait plus agressif. »

Les juges ont été impitoyables envers Zewski et je ne crois pas qu’il s’agisse d’une injustice puisque j’avais 98-92 sur ma carte en faveur du jeune Russe. Ponomarev a été bon. Il a su faire respecter sa force de frappe d’apparence modeste. Zewski paraissait craintif par moments. Et lorsque Zewski a ouvert la machine au 10e round, Ponomarev ne s’est pas défilé et il s’est mis à échanger avec le Québécois.

La grande question est maintenant de savoir ce qui attend Zewski, âgé de 26 ans. Ce combat contre un adversaire invaincu avait été choisi par le gérant Cameron Dunkin, qui voyait dans cette confrontation un test. Je suis convaincu que Zewski a encore un bel avenir devant lui, mais la route pourrait être longue avant l’obtention d’un titre mondial.