Après avoir vu le Québec perdre son unique champion en 2012, Adonis Stevenson a redonné ses lettres de noblesse à la boxe de la Belle Province en passant le knock-out à Chad Dawson en 76 secondes pour s’emparer du titre des poids mi-lourds du WBC en 2013.

Stevenson a commencé l’année en vengeant la seule défaite qu’il avait subie depuis le début de sa carrière en assommant Darnell Boone en mars. Alors aspirant obligatoire à la ceinture des super-moyens de la IBF, il tenait quand même à faire oublier cet affront survenu en avril 2010.

À la suite de longues tractations qui se sont échelonnées sur plusieurs mois, Stevenson s’est finalement vu offrir la chance de devenir champion en finale d’un gala présenté sur les ondes du réseau américain HBO le 8 juin au Centre Bell. Le cogneur s’est assuré de marquer l’histoire en envoyant Dawson au pays des rêves grâce à un violent crochet de la main gauche.

Stevenson a ainsi accompli l’exploit prédit par son défunt entraîneur Emanuel Steward, décédé quelques mois plus tôt à la suite d’un cancer du côlon. Le boxeur québécois a ensuite réalisé la deuxième prophétie de Steward, celle de devenir une vedette sur la scène internationale.

Pour sa première défense de titre en septembre, Stevenson a en effet servi une véritable leçon à Tavoris Cloud, obligeant l’ancien champion des mi-lourds de la IBF à jeter l’éponge après le septième round. Il avait jusque-là largement dominé tous les rounds du combat.

Stevenson a ensuite conclu l’année en affrontant son aspirant obligatoire Tony Bellew en novembre au Colisée Pepsi, l’emportant par arrêt de l’arbitre au sixième round. Maintenant libre de toute obligation jusqu’au 30 novembre 2014, il peut ambitionner de devenir l’un des pugilistes les plus prisés de la télévision américaine.

Malheureusement, les exploits de Stevenson ont été assombris par de nouvelles révélations sur son passé criminel tout juste avant son duel contre Bellew. Fâché du traitement que lui ont fait subir certains médias, il a manifesté le désir de déménager sa petite famille du Québec.

À la surprise générale, Stevenson n’a initialement pas été mis en nomination au titre de boxeur de l’année par les chroniqueurs de boxe d’Amérique, malgré ses quatre victoires avant la limite, dont trois en l’espace de six mois en combat de championnat sur les ondes de HBO. L’Association s’est cependant ravisée après un certain tollé sur les médias sociaux.

Pascal-Bute : coït interrompu

Après des années de pourparlers,  Lucian Bute et Jean Pascal ont finalement accepté d’en venir aux coups dans un mégacombat présenté le 25 mai au Centre Bell. Une blessure à la main gauche subie par Bute à l’entraînement a cependant reporté le duel au 18 janvier 2014.

Lucian Bute et Jean PascalSi Bute a connu une année relativement tranquille pendant laquelle il a convolé à justes noces avec sa fiancée Elena le 15 juin, Pascal a quant à lui fait abondamment parler de lui pour des événements non reliés au sport. Pascal a d’abord dû renoncer à un combat contre Dawson prévu en mars en raison d’un conflit d’horaire occasion par la reprise des activités dans la LNH.

Pascal s’en est ensuite pris à son promoteur en prétendant qu’il avait accepté de se battre contre Bute pour assurer la santé financière du Groupe Yvon Michel. Les négociations entre Pascal et Michel pour sceller le duel du 25 mai avaient été particulièrement compliquées.

Pascal a ensuite fait la manchette en juillet après avoir été hospitalisé à la suite d’une chute de pression. Deux semaines plus tard, le Lavallois a déversé son fiel sur Bute et son entourage sur les réseaux sociaux au petit matin en portant de nombreuses accusations à leur sujet.

Pascal a cependant terminé l’année en beauté en battant le vétéran George Blades par arrêt de l’arbitre au cinquième round en novembre, dans un combat qualifié de remise en contexte.

Jean, Alavarez et Dan se rapprochent d’un titre

En plus de Stevenson, d’autres boxeurs québécois ont effectué de bonnes opérations en 2013.

Dierry Jean s’est assuré d’un combat de championnat en battant Cleotis Pendarvis par arrêt de l’arbitre au quatrième round, dans un duel éliminatoire présenté en mai en Oklahoma. Il affrontera le champion des super-légers de la IBF Lamont Peterson le 25 janvier à Washington.

Jean avait précédemment vaincu Juan Jesus Rivera en février à Gatineau - où la boxe pro effectuait un retour après plus de six ans d’absence - pour conserver son titre de la NABF.

Eleider Alvarez a quant à lui défait Nicholson Poulard en mars, puis Edison Miranda en septembre pour devenir 2e aspirant à la ceinture des mi-lourds de la WBO. Il affrontera le champion des super-moyens de l’IBO Thomas Oosthuizen le 18 janvier.

Jo Jo Dan est de son côté devenu deuxième aspirant au titre des mi-moyens de la IBF en surprenant Kevin Bizier en novembre à Québec. Le protégé du promoteur américain Lou DiBella avait également disposé de Damian Frias plus tôt en avril à New York.

Bizier et Décarie doivent recommencer à zéro

Si les choses se sont bien déroulées pour Jean, Alvarez et Dan, c’est tout le contraire pour Bizier et Antonin Décarie. Les deux boxeurs ont frappé un mur dans leur ascension vers le sommet.

Jo Jo Dan et Kévin BizierBizier (photo) avait pourtant commencé l’année sur les chapeaux de roues en battant l’ancien champion unifié des légers Nate Campbell en février. Puis après une victoire sur Giuseppe Lauri en septembre, il a dû s’avouer vaincu par décision partagée devant Dan, subissant sa première défaite depuis le début de sa carrière, devant les siens en plus.

Décarie s’est quant à lui incliné par décision unanime contre Luis Carlos Abregu en avril en Argentine. D’abord prévu pour 12 rounds, le combat a été réduit à 10, même si la ceinture d’argent des mi-moyens du WBC était à l’enjeu.

Décarie a ensuite remporté son combat de retour face à Salim Larbi en septembre, mais l’émergence de plusieurs nouveaux talents a mené à une séparation à l’amiable avec son promoteur de longue date Yvon Michel. Le Lavallois sera maintenant l’une des têtes d’affiche de la série « Fight Lounge » qui sera lancée en février par Eye of The Tiger Management.

Le lourd Bermane Stiverne a connu une année drôlement frustrante, alors qu’il a été laissé en pan par le champion du WBC Vitali Klitschko pendant plusieurs mois, même s’il a remporté un combat éliminatoire contre Chris Arreola en avril en Californie. Klitschko a finalement été dépouillé de son titre en décembre et affrontera Arreola pour la ceinture en 2014.

Retour de Lemieux et émergence de Maduma

Privé d’un lucratif contrat avec HBO à la suite de sa défaite devant Marco Antonio Rubio en 2011, David Lemieux a continué sur sa lancée de 2012 en remportant ses 3 combats en 2013. Il a facilement écarté Robert Swierzbinski en juin, mais ses victoires aux dépens de Marcus Upshaw en septembre et Jose Miguel Torres en novembre ont prouvé qu’il a retenu des leçons du passé.

Après le duel face à Swierzbinski, Michel avait dévoilé un plan de 3 ou 4 combats préparatoires qui doivent le mener à un choc contre une tête d’affiche sur la scène internationale en 2014.

Sans trop faire de bruit, Ghislain Maduma s’est hissé jusqu’au rang de troisième aspirant chez les légers du WBC en remportant les quatre duels qu’il a disputés cette année. Il s’est emparé de la ceinture continentale des Amériques et de celle de la NABF au passage. Tout comme Décarie, il sera l’une des vedettes de la série « Fight Lounge ».

Mikaël Zewski a poursuivi sa progression en gagnant ses cinq combats, dont le dernier en novembre à Québec. Le boxeur de Trois-Rivières espérait mettre la main sur un titre nord-américain cette année, mais l’occasion ne s’est jamais concrétisée.

Arash Usmanee a perdu dans la controverse un combat éliminatoire pour la ceinture des plumes de la IBF face à Rances Barthelemy en janvier, mais a ensuite eu la chance d’affronter le champion Argenis Mendez en août. Il a cependant dû se contenter d’un nul majoritaire. Le pugiliste d’origine afghane a depuis quitté Montréal et vit désormais à Las Vegas.

Artur BeterbievMartel Bahoéli et Beterbiev se révèlent

Sur la scène locale, Éric Martel Bahoéli a frappé un grand coup en enregistrant trois victoires pour mettre fin à une série de trois défaites. En démolissant l’espoir invaincu Didier Bence en novembre, il s’est garanti une présence régulière sur les cartes de Michel l’année prochaine.

Les amateurs ont également eu l’occasion de découvrir l’ancien champion du monde amateur Artur Beterbiev (photo), dont la signature a été annoncée en grandes pompes en juin. Beterbiev a terrassé ses trois premiers rivaux, dont le vétéran Rayco Saunders en septembre.

Et sur une note beaucoup moins joyeuse, l’ancien champion des super-mi-moyens de la WBA Joachim Alcine a subi quatre revers, le plus récent en décembre en Californie. Il a maintenant perdu ses cinq derniers combats depuis sa victoire-surprise sur Lemieux en décembre 2011.