BOUCHERVILLE, Qc - Près d’un an et demi après avoir disputé son dernier combat, Lucian Bute est enfin prêt à remonter dans le ring dans un ultime effort pour redevenir champion du monde.

L’ancien détenteur de la ceinture des poids super-moyens de la IBF aura en effet une dernière chance de relancer sa carrière, alors qu’il se mesurera à l’Italien Andrea Di Luisa en finale d’un gala de la série Premier Boxing Champions présenté le 15 août prochain au Centre Bell.

Dorénavant associé à l’influent conseiller Al Haymon, Bute entend convaincre les amateurs et les bonzes de l’industrie qu’il possède toujours ce qu’il faut afin de rivaliser avec les meilleurs.

« C’est clair que c’est mon rêve d’avoir un combat de championnat et de gagner la ceinture, a déclaré le boxeur québécois d’origine roumaine en conférence de presse mardi après-midi.

« J’ai eu une période difficile avec les blessures et les changements d’entraîneur, mais je me sens bien et j’ai retrouvé le bonheur et le plaisir de m’entraîner. J’ai passé pas mal de temps au gymnase avec ma nouvelle équipe et je me sens très confiant. J’ai beaucoup de plaisir! »

Après s’être incliné par décision unanime des juges devant Jean Pascal en janvier 2014, Bute avait ensuite annoncé la fin de son association avec son entraîneur de toujours Stéphan Larouche avant de se tourner vers le très réputé Freddie Roach en septembre dernier.

Les deux hommes n’ont cependant que brièvement travaillé ensemble, puisque le boxeur a dû annuler un combat prévu contre l’Argentin Roberto Feliciano Bolonti en décembre en raison d’une mystérieuse blessure au dos subie pendant son camp d’entraînement aux Philippines.

Sans entraîneur, Bute a finalement cogné à la porte du gymnase des frères Howard et Otis Grant situé dans l’Ouest-de-l’île. Ironiquement, Howard Grant était dans le coin de Librado Andrade lorsque ce dernier a affronté le Montréalais à deux reprises en octobre 2008 et novembre 2009.

« Je ne pouvais pas me permettre de m’entraîner pendant seulement huit semaines avec quelqu’un, a expliqué Bute. J’ai besoin d’un entraîneur à temps plein et j’ai trouvé la bonne équipe ici à Montréal. Je ne voulais pas aller m’entraîner à l’extérieur en vue d’un combat. »

Un retour à la base

Si plusieurs ne se gênent pas pour tourner en dérision le projet de revenir au sommet de Bute, les principaux intervenants sont convaincus que l’ex-champion n’a pas dit son dernier mot.

« Après quelques semaines dans le gymnase, mon frère Otis m’a dit que Lucian était encore en pleine possession de ses moyens, a mentionné Howard Grant. Lucian est très positif et c’est ce qui m’impressionne le plus. À 35 ans, il est motivé et a faim. Il s’entraîne tout le temps. »

« À l’étape où il est rendu dans sa carrière, Lucian avait besoin d’un entraîneur comme Howard, a ajouté le promoteur Yvon Michel. Howard est un entraîneur de ring et non pas un gérant d’entraînement comme Stéphan Larouche et Marc Ramsay, qui sont de bons entraîneurs aussi.

« Mais Howard veut se concentrer sur la préparation dans le ring. Lucian a déjà son équipe et sait ce qu’il doit faire pour la préparation mentale et la préparation physique. C’est vraiment une belle addition. Roach, c’était bien, mais Lucian aurait été la dixième roue de la voiture. »

« J’aime ce que je vois, mais c’est difficile quand même. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées depuis janvier 2014, a nuancé le promoteur Jean Bédard. Sauf que Lucian a l’air bien et ses entraîneurs sont extrêmement motivés. Cela ne peut être qu’un très, très bon signe. »

Reconnu pour son franc-parler, Howard Grant n’a pas hésité à affirmer que son nouveau protégé avait un urgent besoin de retourner à la base qui avait été négligée par le passé.

« En tout respect, j’ai dit à Lucian le mois dernier : "Je ne peux pas croire que tu as été champion et détenu la ceinture aussi longtemps parce que tu commets beaucoup d’erreurs", a raconté Grant. Mais peut-être que c’est juste moi. Peut-être que je suis beaucoup trop perfectionniste.

« Nous avons corrigé une tonne de choses. Nous l’avons notamment obligé à garder les mains hautes. J’étais également surpris qu’il ne travaille pas plus que cela à l’intérieur. Il faut voir la boxe comme une partie d’échecs où l’objectif est de faire vraiment mal à son adversaire. »

Champion d’Europe, Di Luisa servira d’étalon pour mesurer où en est véritablement rendu Bute dans son cheminement. Une victoire lui permettra de disputer un combat d’envergure en octobre au Québec et une défaite signifiera vraisemblablement la fin des émissions.

Par ailleurs, les Montréalais d’origine colombienne Eleider Alvarez et Oscar Rivas seront également de la portion télévisée qui sera présentée sur les ondes de NBC Sports Network aux États-Unis. Les amateurs canadiens devront quant à eux se rabattre sur la télévision à la carte.