Pour un amateur de boxe, y a-t-il quelque chose de mieux à voir qu’une trilogie entre deux pugilistes de haut calibre?

 

Qui ne se souvient pas des trois furieux combats entre Arturo Gatti et Micky Ward? Ou bien la trilogie entre Muhammad Ali et Joe Frazier?

 

Maintenant que les insultes sont terminées, que les suppositions ne sont que des choses du passé, que les menaces n’ont effrayé personne, c’est le temps de lever les baguettes et d’y aller pour cette trilogie entre Fury et Wilder qui aura lieu samedi soir, à l’aréna T-Mobile, de Las Vegas.

 

On est en droit de se poser quelques questions sur les deux participants.

 

Qui a raison? Qui a tord?

 

Lequel de Tyson Fury (30-0-1—21 K.-O.) ou de Deontay Wilder (42-1-1—41 K.-O.) est le meilleur?

 

Wilder va-t-il imiter Oleksandr Usyk et détrôner le champion de la WBC?

 

Le nouvel entraîneur de Wilder, Malik Scott, peut-il vraiment le ramener au niveau où était auparavant, avant d’être totalement déclassé dans le dernier affrontement qui lui a coûté son titre mondial?

 

Fury a-t-il vraiment souffert de la pandémie de Covid-19?

 

A-t-il reçu sa deuxième dose du vaccin?

 

Si Fury est réellement en grande forme et ne souffre d’aucune séquelle de son attaque de Covid-19, et si, naturellement, il sort victorieux une deuxième fois, il se pourrait qu’un jour, Oleksandr Usyk soit son adversaire.

 

Wilder va-t-il se présenter sur le ring dans l’espoir de gagner et reprendre sa couronne, ou bien va-t-il simplement empocher l’argent et déguerpir, comme le soulignait Mike Tyson il y a quelques jours?

 

Il y a tellement d’inconnus, surtout chez Wilder, qui est présentement négligé des parieurs par 3 contre 1.

 

Jamais admis la défaite

 

Malheureusement pour lui, Wilder n’a jamais admis cette défaite pourtant bien réelle et il soutient que Fury a triché en se battant avec des gants trafiqués, ce qui n’a jamais été prouvé réellement.

 

Le costume porté par Wilder lors de sa marche vers le ring pesait 46 livres. En entrant sur le ring, il était déjà en sueur. Ce costume peut-il l’avoir fatigué au point où il n’était que l’ombre de lui-même quand le combat s’est mis en marche?

 

En tout cas, Wilder ne ressemblait en rien à celui qui était parvenu à terrasser le géant britannique à deux occasions en 9e et 12e rounds lors du premier affrontement.

 

J’ai vu, revu et re-revu maintes fois le déroulement du deuxième combat entre les deux hommes et je ne vois pas comment Wilder peut aspirer reprendre sa couronne.
 

Vous pouvez voir le deuxième affrontement entre les deux hommes sur « Youtube ».

 

Vous allez alors constater que Wilder n’était que l’ombre de celui qui avait failli gagner le premier match entre les deux et qui s’était soldé par un verdict nul.

 

Boxeur ordinaire 


Wilder n’est pas et n’a jamais été un très bon boxeur.Tyson Fury et Deontay Wilder


Sa fiche gagnante est trompeuse. Depuis 2016, soit au cours des cinq dernières années, il a affronté des boxeurs dont l’âge variait entre 34 et 40 ans.


Outre Luis Ortiz, qu’il a vaincu à deux occasions alors qu’il avait 39 et 40 ans, il a aussi eu le meilleur sur Bermane Stiverne, à 38 ans. Cris Arreola et Gerald Washington avaient 35 ans quand ils ont baissé pavillon devant Wilder et il y a aussi un vétéran de 37 ans, Artur Szpilka, battu par K.-O. au 9e round, en 2016.


Ce même Szpilka a déjà été vaincu par K.-O. par Bryant Jennings, Adam Kownacki, Derek Chisora et Lukasz Rozanski.

 

Ces victoires paraissent bien sur papier, mais rares sont ceux qui auraient pu devenir champion du monde.


Par contre, il faut bien l’admettre, Wilder possède une force de frappe qu’il faut respecter. Quatre K.-O. en 44 combats, c’est impressionnant, surtout que 20 de ces K.-O. sont survenus dès le premier round.

 

Presque deux ans depuis le deuxième combat entre les deux hommes, on ne sait toujours pas exactement ce qui s’est passé avec Wilder il y a 20 mois.


Que s’est-il passé?


Il a paru instable sur ses deux jambes du commencement à la fin. À partir du troisième engagement, c’est encore pire. Non seulement est-il terrassé par un coup de Fury, mais il s’enfarge même dans ses jambes.


Par moments, on dirait un homme ivre.


Wilder prétend qu’il n’a jamais perdu par K.-O. et que son entraîneur du temps, Mark Breland n’aurait jamais dû lancer la serviette.


Pourtant, si vous surveillez l’arbitre Kenny Bayless, il n’a d’yeux que pour Wilder qui est réellement en difficultés dans cette septième reprise. Ðu coin de l’œil, il a vu Breland lancer la serviette et immédiatement, il a mis fin au combat.


De vaincu à entraîneur


Selon moi, ce n’est pas avec Malik Scott que Wilder va améliorer sa boxe. Les deux sont de bons amis depuis leurs beaux jours à l’université de l’Alabama et qui se sont déjà affrontés en 2015.


Vous pouvez voir ce match sur « Youtube ».  Il ne dure que 96 secondes. Dans le premier engagement, Wilder laisse partir un crochet de la gauche suivi d’un direct au menton.


Le crochet de la gauche atteint la cible, mais le direct de droite cogne surtout les deux gants de Scott. Malgré tout, Scott tombe lourdement au sol et s’accroche aux câbles pour se relever, alors que la foule hue à pleins poumons criant à l’injustice.


Après sa victoire, on a même laissé entendre que Scott s’était couché volontairement…


Pleine confiance


Fury est certain de sa victoire et qu’après la trilogie, Wilder se retrouvera à la retraite.


Mais un doute persiste.


Il y a eu tellement de va-et-vient dans la promotion de ce match qu’on est en droit de se demander ce qui est vrai et ce qui est faux, notamment la COVID-19 du champion.


Il n’y a jamais rien de clair dans les déclarations des deux hommes.


Naturellement, des conseils sont donnés par d’ ex-boxeurs comme Mike Tyson qui recommande à Wilder : « Attaquer dès le premier son de cloche et lancer des coups de puissance au plus vite. Si cela n’a pas fonctionné après cinq ou six rounds, alors il faut changer de tactique. »


Pour moi, cette tactique est la meilleure, car Wilder n’a pas le talent pour faire de lui un petit Andre Ward ou bien un Oleksandr Usyk et Vasil Lomachenko.


Le plus grand champion


Présentement, Fury est le champion mondial le plus grand de taille de tous les poids lourds actifs, à 6 pieds et 9 pouces. Mais le titre de tous les temps va à Nikolai Valuev avec ses 7 pieds, qui a régné à deux occasions avec la couronne de la WBA entre 2005 et 2008.


Fury vient donc au deuxième rang des géants, des champion poids lourds, suivis de Vitali Klitschko, à 6’7 3/4’’ pouces. En troisième place, sur un pied d’égalité à 6’7’’ on reconnaît Henry Akinwande et Deontay Wilder.Deontay Wilder et Tyson Fury


Mais d’autres pugilistes qui n’ont jamais été champions étaient encore plus grands que Valuev. Il s’agit du Roumain George Mitu 7’4’’, tout comme l’Américain John Rankin, suivi de l’irlandais Jim Cully à 7’2’’.


La plus grande différence de taille enregistrée dans un match des lourds revient à George Foreman et Dwight Muhammed Qawi en 1988.


En dépit de sa petite taille, Qawi a pu placer plusieurs bons coups dans les premiers rounds du combat, un peu comme le suggère Mike Tyson à Wilder. Mais en septième reprise, il n’en pouvait plus et il a tourné le dos à son tombeur en signe de soumission.


Foreman en était à son huitième combat depuis son retour en 1987.  Foreman faisait 6’3’’ et Qawi 5’5 ½’’, une différence de près de dix pouces. Il a pu durer sept rounds avant que l’arbitre Carlos Padilla mette un terme à la rencontre.


Dans la boxe, il ne faut trop se fier à la grandeur du pugiliste. Rocky Marciano mesurait à peine 5’10’’ , Joe Frazier et Mike Tyson 5’11’’ et pourtant, ils ont connu énormément de succès.


La revue Ring a fait un sondage parmi vingt experts de boxe. Des journalistes, des boxeurs et des entraineurs.


Le résultat : 19 ont opté pour Tyson Fury et l’autre pour Wilder.


Je ne contesterai certainement pas ce résultat. Et tout comme eux, je favorise Fury pour conserver sa couronne.


Prédiction : Fury par K.-O. avant le 6e round

Bonne boxe!