MONTRÉAL – L’énorme meurtrissure qui entourait son œil gauche a disparu en moins d’une semaine. Un mois après sa première victoire au UFC, les seules marques que Valérie Létourneau conserve de ce significatif triomphe sont invisibles à l’œil nu.

Mais elle en ressent chaque jour les effets positifs.

C'est armée d'une confiance décuplée que Létourneau a appris qu’elle remontera dans l’octogone le 13 septembre pour affronter la Brésilienne Jessica Andrade. Le goût amer dont elle peinait à se départir depuis son premier passage raté au UFC a été noyé par les larmes de joie qu’elle n’a pu retenir après sa victoire face à Elizabeth Phillips.

Libérée d’une accablante angoisse, elle envisage les prochaines étapes de sa préparation avec la légèreté d’une femme investie d’une mission qu’elle ne peut pas échouer.

« Ça me tuait d’avoir laissé une aussi mauvaise impression. Ça m’était resté sur le cœur, ça m’avait vraiment découragée. J’aime tellement mon sport, je veux tellement montrer ce que je suis capable de faire que ce n’est pas tant la défaite qui va me démolir, mais plutôt le fait de ne pas livrer une performance à la hauteur. Mon dernier combat a tout effacé ça. En fait, j’en suis ressortie avec le sentiment complètement opposé et c’est une grosse pression en moins pour moi », confiait cette semaine la combattante québécoise à RDS.  

Létourneau a laissé sa carte de visite à la planète entière avec sa courageuse performance au UFC 174. Ceux qui ne s’intéressaient à elle que pour son joli minois ont découvert une femme talentueuse, une athlète appliquée qui a conquis une légion d’amateurs.

Ce que l’œil du public n’a pu capter, c’est qu’elle a aussi appris à se connaître un peu plus.

« Ma préparation mentale avant le combat m’a ouvert les yeux. Beaucoup de gens m’ont aidé à voir des choses différemment et ce sont des petites victoires que j’ai gardées avec moi. J’ai bien géré la semaine avant le combat, les 24 heures avant, les 15 minutes avant... Ce sont des aspects sur lesquels j’ai travaillé et qui m’ont aidée à passer à travers, à être prête pour n’importe quoi. »  

Valérie LétourneauDe retour en Floride après de courtes vacances au Québec, Létourneau peut déjà porter sa concentration sur une nouvelle adversaire. « Je suis vraiment heureuse, c’est exactement ce que je voulais. J’avais besoin d’avoir un nom. S’entraîner avec un objectif en tête, ce n’est vraiment pas la même chose », se réjouit la membre d’American Top Team.

Andrade (11-3), 22 ans, semble avantagée à tous les points de vue en prévision du duel. Classée au neuvième rang dans l’état des forces de la division féminine des poids coqs du UFC, elle est plus jeune, mais plus expérimentée que la Montréalaise et puisque le combat sera présenté à Brasilia, elle aura l’avantage de batailler devant une foule partisane.

« J’aime mieux être la négligée, ça c’est clair pour moi, règle immédiatement Létourneau. Pour moi, ce combat n’apporte que du positif. J’aurai tout à gagner. »

Malgré son jeune âge, Andrade en sera déjà à son quatrième combat au UFC. Après une défaite contre l’expérimentée Liz Carmouche l’été dernier, elle a enfilé des victoires contre Rosi Sexton et Raquel Pennington.

« Je la connais, j’ai vu au moins deux de ses combats. Pour mon dernier combat, je n’avais pas beaucoup d’information et j’avais appris l’identité de mon adversaire tellement à la dernière minute que je n’avais pu avoir un entraînement spécifique. Là, j’ai un paquet de vidéo que je peux analyser pour me préparer. Je vais passer deux mois à ne penser qu’à elle. C’est une fille qui a beaucoup de cœur, super agressive. Pour moi, c’est un bon matchup ».

Létourneau a peu d’expérience sur la scène internationale - des neuf combats à sa fiche, un seul a eu lieu à l’extérieur du Canada – et le Brésil n’a pas la réputation d’être une terre très accueillante pour les combattants qui viennent y défier les favoris locaux.

« J’y ai pensé tout de suite, admet celle dont la plus récente victoire était sa première obtenue par décision. Je sais qu’avec le UFC, tout est bien encadré, mais c’est vrai que je n’ai pas le goût de laisser mon sort entre les mains des juges. On ne devrait jamais le faire, mais je crois que ce sera encore plus vrai. Je vais avoir intérêt à finir ce combat-là. »