RDS.ca. vous propose une série de rencontres avec des athlètes qui ont marqué leur sport à leur façon. Que font maintenant ces anciens athlètes de haut niveau? Nous poursuivons aujourd’hui cette série avec l’ancien combattant d’arts martiaux mixtes David Loiseau.

Il rêvait de films d’action à la Jean-Claude Van Damme pendant sa tendre enfance, mais c’est finalement grâce à une longue et fructueuse carrière dans le monde des arts martiaux mixtes que David Loiseau a finalement été capable de concrétiser ses ambitions cinématographiques.

La vie est étant faite d’innombrables détours, « The Crow » s’est entre-temps découvert une passion pour l’enseignement qui lui permet de partager toutes les expériences qu’il a vécues.

Le premier Québécois à avoir atteint l’UFC n’aura jamais la prétention de connaître la recette pour suivre ses traces, sauf celle de maîtriser les bons mots pour ne pas dévier d’une route qui est continuellement parsemée d’obstacles. Comme quoi il ne faut jamais cesser d’y croire...

« Obsédé par la compétition »

La chose peut paraître extrêmement banale aujourd’hui, mais au début des années 2000, l’UFC semblait particulièrement inaccessible pour le tout petit groupe de combattants québécois qui s’entraînaient au Tristar Gym sous la direction du maître du jiujitsu brésilien Angelo Exarhakos.

Issu du karaté, Loiseau avait été repéré par le promoteur Stéphane Patry, qui jugeait qu’il était taillé sur mesure pour un sport qui était encore loin d’avoir acquis ses lettres de noblesse dans la population en général. Mais ses débuts sont très loin d’être convaincants, car le jeune homme âgé de 20 ans perd par soumission à son premier combat chez les professionnels en août 2000.

« Cette défaite m’a incité à mettre les bouchées doubles, triples et même quadruples, a raconté Loiseau pendant un long entretien avec RDS.ca. Malgré tout, c’est clair que voulais aller à l’UFC.

« J’avais également subi la défaite à mon premier combat de karaté et j’étais devenu obsédé par la compétition. Je n’avais vraiment, mais vraiment pas du tout aimé perdre! Je détestais cela! »

Loin de se décourager, Loiseau enchaîne les duels tout en continuant de s’entraîner comme un forcené. Les résultats ne sont cependant pas toujours au rendez-vous, puisqu’il encaisse une deuxième défaite à sa quatrième sortie en janvier 2001. Mais comme cela a été souvent le cas pendant sa carrière, Loiseau se relève et parvient à renouer très rapidement avec la victoire et obtenir une autre chance. Ses combats sont souvent spectaculaires et le public en redemande.

Un formidable souvenir

Créée en 1993, l’UFC est encore très loin d’être le monstre qu’elle est aujourd’hui devenue au tournant du millénaire. L’organisation présente une poignée d’événements annuellement et plusieurs de ses combattants sont périodiquement invités sur les différentes scènes locales.

C’est donc dans ce contexte que Loiseau affronte Tony Fryklund à l’UCC 12 présenté en janvier 2003 au Centre Pierre-Charbonneau. Fryklund a participé à deux galas de l’UFC, mais est surtout connu pour s’être mesuré à Kevin Jackson dans un duel pour le titre des poids légers à l’UFC 14.

Loiseau ne le sait évidemment pas encore, mais ce combat changera sa vie. « The Crow » gagne par arrêt de l’arbitre au premier round après avoir coupé Fryklund à l’aide d’une droite, et une semaine plus tard, il reçoit l’appel tant attendu de l’UFC. Il affrontera le vétéran Mark Weir à l’UFC 42 et deviendra le premier Québécois à combattre au sein de la prestigieuse organisation.

C’est ainsi que Loiseau se retrouve à Miami en avril 2003 pour combattre en sous-carte du gala mettant en vedette le champion des mi-moyens Matt Hughes. Il en garde bien évidemment un formidable souvenir en raison de la victoire, mais surtout en raison de l’ambiance qui y régnait.

« C’était comme si je m’étais battu à la maison, car environ la moitié de ma famille est établie à Miami, explique Loiseau. En plus, ç’a été une belle victoire par knock-out au premier round! »

Sauf que la réalité du sport professionnel rattrape rapidement Loiseau. Cinq mois plus tard, il est de l’UFC 44, mais est battu par Jorge Rivera par décision unanime des juges. Il lui a fallu attendre un an et demi avant de regoûter aux Ligues majeures après un court retour sur la scène locale.

« Il y a tellement de manières de gagner ou de perdre dans ce sport, rappelle Loiseau. Et ça reste du sport professionnel... il faut gérer les attentes et livrer la marchandise. Mais c’est la carrière que les combattants choisissent. Dana White n’oblige personne à monter dans l’octogone. »

Malgré cet échec, Loiseau retourne au Centre Pierre-Charbonneau avec le couteau entre les dents. Il est déterminé à renouer avec la victoire, sauf que les choses de ne passent pas comme il l’avait souhaité. Il est en effet arrêté par le vétéran Jeremy Horn après 54 secondes seulement.

« J’étais très motivé à l’idée de retourner sur la scène locale, car je savais que c’était possible d’avoir une autre chance à l’UFC dans un avenir plus ou moins rapproché, avoue Loiseau. Mais il n’y a pas de cadeau dans ce milieu. Tu dois refaire tes preuves contre des adversaires coriaces. »

Un cobaye

Cette deuxième chance viendra finalement en février 2005 et marquera le début d’une série de cinq combats à l’UFC, dont une finale à l’UFC Fight Night 2 en octobre 2005. Il y aura ultimement deux autres retours à l’UFC en avril 2009 et juin 2010, mais chaque fois, il devra s’avouer vaincu.

« Quand je regarde ma carrière, je réalise que j’ai affronté beaucoup d’obstacles en 15 ans, dit Loiseau. Il y a eu des hauts et des bas, mais je suis vraiment très, très fier de ce que j’ai accompli.

« C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais nous avons vraiment commencé à partir de rien. Avant mon tout premier combat à l’UFC, nous n’avions même pas de cage au gymnase où je m’entraînais! Nous avons vraiment essayé toutes sortes de choses à l’époque. Vraiment tout!

« Juste pour le sparring, devions-nous utiliser de gros gants de boxe ou les gants utilisés pendant les combats d’arts martiaux mixtes? En utilisant les gants de combat, nous devenions ainsi plus susceptibles aux coupures. Je peux le dire sans gêne aujourd’hui, j’ai vraiment été un cobaye! »

Après avoir disputé son dernier duel en juin 2014, Loiseau rêve encore à l’UFC, mais une bonne discussion avec son père le convainc du contraire. Les sacrifices sont devenus tout simplement trop grands pour justifier l’atteinte de cet objectif. Il y a d’autres belles choses qui l’attendent.

« J’avais été opéré à un genou et je ne parvenais plus à combattre comme je le voulais, rappelle Loiseau. J’avais enchaîné quelques victoires après ma dernière défaite à l’UFC [contre Mario Miranda en juin 2010], mais à bien y penser, ce n’était vraiment pas une très bonne idée. »

Une nouvelle vocation

Fort de son expérience, Loiseau décide d’ouvrir son propre gymnase, le Centre d'arts martiaux Crow, et de transmettre son savoir. Un ami de longue date lui suggère d’enseigner les bases du sport à ses enfants et l’ex-combattant se laisse tenter. Il aurait difficilement pu s’imaginer qu’il trouverait une vocation!

« L’objectif n’est vraiment pas de montrer aux gens comment se rendre à l’UFC, mais plutôt de simplement partager toutes les expériences que j’ai vécues pendant des camps d’entraînement avec des combattants comme Jon Jones, Quinton "Rampage" Jackson ou encore Brandon Vera.

« Je pense que je suis un bon motivateur capable d’aider les athlètes à garder la tête haute. »

Pour l’heure, Loiseau n’ambitionne pas l’idée d’être dans le coin de combattants professionnels, même s’il n’est pas complètement fermé à l’idée. Si quelqu’un lui fait signe, il pourrait toutefois être tenté d’accepter, ne serait-ce que pour vivre une expérience qui serait très enrichissante.

D’un autre côté, cette nouvelle vie un peu à l’écart de son ancienne lui permet de consacrer du temps à son autre passion, le cinéma. Après un rôle dans le film « La rage de l’ange », Loiseau a écrit, produit et joué dans le court-métrage « Keelos ». Il planche actuellement sur deux autres projets de films qui pourraient lui donner la chance de suivre les traces de son idole d’enfance.