MONTRÉAL - Pour son retour dans l'octogone, Derek Gauthier a des objectifs beaucoup plus modestes que ceux généralement entendus dans les jours précédant un combat.

Gauthier, qui affrontera l'Américain Travis Cox (6-9-1) vendredi soir à Boisbriand à l'occasion du tout premier gala de la nouvelle organisation Instinct MMA, ne promet pas de K.-O. percutant, ni une guerre de trois rounds. Passablement échaudé par ses deux dernières sorties, il sera d'abord et avant tout à la recherche d'un équilibre qu'il prenait peut-être pour acquis en début de carrière.

Le reste, croit-il, viendra bien assez vite.

« Pour moi, le combat sera déjà gagné d'avance si j'arrive dans l'octogone et que je me sens bien, que je ne suis pas stressé. »

Gauthier ne garde pas de très bons souvenirs de ses deux dernières performances. En fait, l'avant-dernière, une défaite par K.-O. subie aux dépens de Dustin Poirier, est carrément effacée de sa mémoire, résultat de la commotion cérébrale qui en a résulté. Et la plus récente, une décision unanime perdue aux mains d'Iraj Hadin, il préférerait l'oublier.

La défaite contre Poirier, bien que physiquement plus brutale, est plus facile à avaler pour Gauthier. Un coup de poing bien placé venant d'un gars qui, de surcroît, a depuis ce temps fait ses preuves contre l'élite. Des choses qui arrivent, a-t-il fini par se convaincre.

Mais celle contre Hadin, un adversaire honnête mais clairement à sa portée, a fait plus mal. Le genre de douleur invisible à l'œil nu, mais qui vous tiraille jusqu'à ce que vous ayez la chance de vous racheter.

« Contre Hadin, je ne me sentais pas bien. En fait, je ne m'étais jamais senti comme ça. Je pensais qu'après dix combats, on ne pouvait plus être stressé, mais ça a l'air que oui! », se remémore Gauthier.

« Après le premier round, j'étais brûlé. Je n'étais vraiment pas là. En plus, je me suis mal battu. J'ai fait des erreurs, j'ai trop forcé pour rien. C'est un mélange de tout ça qui fait que j'ai manqué d'énergie. Je n'ai pas d'excuse. Avant le combat, j'étais prêt physiquement et mentalement. Mais ça se décide toujours une fois que la porte se ferme et que la cloche sonne. Rendu là, il n'y a plus personne pour t'aider. »

De l'aide, Gauthier est depuis allé en chercher auprès de son groupe d'entraîneurs, qui lui ont enseigné à remettre les choses en perspective.

« Je me suis dit que je ne voulais plus jamais me sentir comme ça, alors tout mon camp d'entraînement a été axé là-dessus. J'ai compris qu'il ne faut pas que j'accorde trop d'importance au combat. Je dois arriver là et m'amuser, comme j'ai toujours fait dans les débuts. »

Redorer son propre nom

Les débuts.

Il n'y a pas si longtemps, bien avant de voir plusieurs de ses amis et coéquipiers graduer sur la scène internationale, Gauthier était vu comme l'un des plus beaux prospects du Québec. Entre 2007 et 2009, il a remporté ses cinq premiers combats, chaque fois avant la limite. Sa troisième victoire, acquise contre Yannick Galipeau devant près de 10 000 personnes au Centre Bell, représente encore aujourd'hui le moment marquant de son parcours professionnel.

« Le monde me reconnait encore à cause de ce combat. Le seul combat que j'ai fait avec TKO, c'est celui dont tout le monde se souvient. C'était la plus grosse foule que j'avais jamais vue et le plus beau souvenir de ma carrière, c'est de lever mes bras devant tous ces gens. »

Dans les mois précédant l'événement, le promoteur Stéphane Patry avait eu l'idée de mousser sa carte en présentant Gauthier comme étant le prochain Georges St-Pierre. La stratégie a fonctionné, mais la comparaison était largement exagérée et Gauthier sera le premier à la reconnaître. Mais elle lui est toujours restée collée à la peau. Il était aux arts martiaux mixtes ce que Vincent Lecavalier, au moment d'être repêché, devait être au hockey : le prochain Michael Jordan de son sport.

Pour un paquet de jeunes athlètes de 23 ans, ce genre de coup de marketing aurait représenté un écrasant fardeau, une guigne dont ils n'auraient jamais été capables de se défaire. Pas pour Gauthier, qui n'a qu'à observer St-Pierre chaque jour à l'entraînement pour mettre les choses en perspective.

« C'est le fun de se faire comparer à quelqu'un comme lui, mais je ne serai jamais Georges St-Pierre et je l'ai toujours compris, dit Gauthier en riant. L'étiquette ne m'a jamais dérangé. »

Aujourd'hui, Gauthier veut redorer son propre nom et il espère que le retour de Patry, qui est récemment revenu en affaires avec le lancement d'Instinct, l'aidera à renouer avec les succès d'antan. Pour lui autant que pour l'homme qui l'a mis sur la carte, il s'agira en quelque sorte d'un nouveau départ.

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