Pour la première fois de sa carrière, Yves Jabouin se battra dans un événement majeur à Montréal et le moment ne pourrait être mieux choisi pour effacer son percutant K.-O. encaissé à son dernier combat.

Le 29 septembre dernier, le Québécois de 33 ans a vu sa séquence de trois victoires en UFC prendre fin brutalement dès le premier assaut.

Yves JabouinÀ 3:40 du round initial, Jabouin (18-8) a compris tout le sens du surnom « One Punch » de son adversaire Brad Pickett quand il s’est affaissé en une fraction de seconde sous la puissance d’un uppercut de la droite.

Avant de subir les foudres de Pickett, le sympathique combattant avait entamé le duel de brillante façon et il semblait en voie de retourner dans son coin avec le premier round en poche.

Jabouin, qui a mis au rancart une carrière intéressante en animation 3D en 2009 pour se consacrer aux arts martiaux mixtes, est sans aucun doute un homme de défis et il ne croit pas que ce revers ralentira son parcours dans l’octogone.

« Non, je ne vois pas cette défaite comme un recul. Je me dis plutôt que ça produira une accélération parce que je dois essayer de me prouver et remonter les marches deux à la fois », a-t-il suggéré dans une entrevue au RDS.ca la semaine dernière.

Dans un monde sans pitié comme celui des arts martiaux mixtes, impossible de percer les rangs du UFC sans admettre ses erreurs et les corriger. Il admet donc que son exécution a fait défaut avant de se retrouver allongé au tapis.

« J’ai commis une erreur en reculant un peu trop le long de la clôture et quand l’adversaire me pousse dans celle-ci, je ne dois pas sortir de cet endroit avec un petit coup comme un jab. C’est comme cela qu’il m’a surpris. J’ai beaucoup appris de cela et on travaille sur ce point à l’entraînement », a avoué le combattant des poids coq.

Près de six mois à la suite de son premier revers dans la catégorie des 135 livres, le père de trois enfants remontera au centre des grillages contre le Brésilien Johnny Eduardo (26-9), qui en sera à sa troisième confrontation sous la bannière UFC.

« C’est un combattant très technique. Il est entraîné par André Pederneiras, l’entraîneur de Jose Aldo et compagnie. Il a beaucoup de connaissances en muay thaï et en jiu-jitsu. Je m’attends à un combattant intelligent avec des pièges au lieu d’une brute qui me foncera dessus », a analysé l’athlète aux origines haïtiennes.

Une année déterminante

Reconnu aussi comme un belligérant rusé, Jabouin entrevoit l’année 2013 avec réalisme et optimisme.

« Je ne suis pas le plus jeune, je vais avoir 34 ans en mai, mais je pense avoir encore quelques années devant moi pour atteindre mon plus haut niveau. Quand je vais me retirer, je veux regarder ma carrière et me dire que j’ai poussé jusqu’au bout », a indiqué Jabouin qui rêve d’un combat de grande envergure comme une chance pour le titre de sa division.

Même s’il espère s’établir dans l’élite de sa catégorie, Jabouin a très bien compris les propos du grand patron, Dana White, au sujet d’importantes coupures parmi la confrérie.

« C’est certain que tout le monde doit se sentir concerné à l’exception des grandes vedettes », a commenté Jabouin en regardant du coin de l’œil Georges St-Pierre, son partenaire du Tristar Gym, malmener avec ses jambes des coussins d’entraînement tenus par un entraîneur.

« Ça me fait penser à n’importe quelle autre compagnie. Quand notre employeur évoque des coupures, les employés se concentrent sur leur boulot; on doit tous se mettre au travail. »

Lorsque le moment sera venu d’abandonner son poste de combattant, Jabouin pourrait reprendre ses fonctions précédentes derrière un ordinateur ou bien devenir un entraîneur réputé.

En homme sage, il garde toutes les portes ouvertes et il entrouvre celles-ci tranquillement pour ses enfants. Sans vouloir lui montrer ce sport sous toutes ses coutures pour le moment, son plus vieux garçon (âgé de cinq ans) a regardé quelques extraits de ses combats et il a même commencé à s’entraîner.