RDS2 et RDS Direct va diffuser le gala UFC Fight Night qui se tient à Ottawa samedi à compter de 18 h.

SECTION SPÉCIALE

La dernière fois que l’UFC s’est arrêté à Ottawa, c’était il y a près de trois ans et je me battais alors contre Donald Cerrone. Ça s’était bien passé pour lui la première fois, et il semble avoir apprécié l’expérience puisqu’il y sera de retour le samedi 4 mai.

C’est une carte comme on est en droit de s’attendre avec beaucoup de Canadiens, d’excellents combattants comme Cub Swanson et la finale entre Cerrone et Al Iaquinta. Le genre de combat pour lequel j’aurais payé à la télé à la carte.

Surtout, le Québécois Marc-André Barriault fera ses débuts dans l’UFC contre Andrew Sanchez lors du combat de poids moyens qui lancera la carte principale.

Barriault mérite sa place. Il est sur neuf victoires de suite et est devenu double champion de TKO.

TKO a quand même une bonne renommée à travers les organisations internationales. C’est donc un excellent tremplin pour des jeunes d’ici ou à des gens qui veulent se faire voir. Barriault a livré la marchandise. Je pense que c’est un gars qui est spectaculaire dans la cage. Il reste peut-être à faire ressortir sa personnalité, mais ça vient avec l’expérience. Le but premier reste de performer point de vue sportif, et c’est ce qu’il fait. Quand il entre dans la cage, on sait qu’on va avoir un show chaque fois, alors j’ai bien hâte de le voir pour la première fois dans l’UFC. En plus, il ne sera pas très loin de chez lui, donc il va pouvoir profiter de l’appui des partisans.

Tout le monde dit que c’est un gros test contre Sanchez, gagnant de la saison 23 de L’Ultime Combattant, mais il n’y a pas de petit test dans l’organisation de l’UFC. Ça fait longtemps qu’il sait qu’il va se battre contre un combattant comme ça alors j’imagine qu’il s’est préparé en conséquence. C’est sûr que quand on regarde Sanchez, on remarque un lutteur hors pair quatre fois All-American qui est vraiment solide. C’est un gros bonhomme, mais en quatre défaites, il s’est quand même fait passer le K.-O. trois fois. Justement, un des atouts de Barriault est qu’il a une assez grosse force de frappe et ça joue en sa faveur, alors que l’expérience joue en faveur de son adversaire.

Je pense que si Barriault bloque ses amenées au sol en début de combat, il va mettre un doute dans la tête de Sanchez et c’est là qu’il va pouvoir prendre ses chances et vraiment placer ses frappes au bon endroit. Il faut qu’il s’attende à aller à terre à un moment donné. C’est là que ce sera important de savoir comment bien réagir, de ne pas paniquer et d’être capable de trouver les ouvertures nécessaires pour se relever. C’est sûr que si Sanchez, qui est un lutteur d’expérience, commence à faire du lay and pray, soit un combat plate sur le dessus, ça va être à Barriault de se défaire de son emprise.

Barriault devra être très mobile, être patient et attendre ses occasions. Il ne peut pas trop se lancer à l’attaque même s’il va sûrement être super énervé avec des papillons dans le ventre devant sa foule. S’il se donne trop au début, il va offrir des amenées au sol gratuites et il sait que c’est ce que son rival veut. Donc s’il est capable de stopper Sanchez au début, ce dernier pourrait commencer à vouloir échanger debout et ça pourrait profiter au Québécois.

Bref, tout dépend de la façon que Barriault gère la pression. Faire ses débuts chez soi, ça peut aussi être à double tranchant. Ça peut te donner de l’énergie de plus comme ça peut t’écraser au niveau de la pression. Par contre, je pense que Barriault marche bien avec la pression. C’est un gros test, on va savoir très vite ce que « Power Bar » vaut dans l’UFC et j’ai bien confiance en lui.

Zahabi doit se remettre de sa première défaite

D’autres représentants de l’unifolié seront en action. Je serai d’ailleurs curieux de voir comment le Québécois Aiemann Zahabi va rebondir contre Vince Morales chez les poids coqs après s’être fait dominer par Ricardo Lamas à l’UFC 217. On ne sait jamais comment un athlète va revenir de sa première défaite, mais ça, ce n’était pas juste une première défaite, c’était un K.-O. retentissant. Il y a des beaux K.-O. et il y en a d’autres qui sont difficiles à regarder, comme celui qu’Aiemann a encaissé. Peu importe ce qu’il va dire, comme par exemple qu’il n’a pas eu de commotion, moi j’étais sur place et c’était épeurant à voir comme K.-O.

Par contre, Aiemann est très bien entouré. Plusieurs personnes avec qui il s’entraîne sont déjà passées par là et son frère Firas a beaucoup d’expérience dans le milieu, alors je suis certain qu’il est ultra bien préparé.

Ça n’enlève rien à son talent. Reste à savoir si la crainte de recevoir un coup va être là, mais on ne le saura pas tant que la cloche initiale n’aura pas sonné. En plus de revenir de sa première défaite en carrière et de son premier K.-O., ça fait un an et demi qu’il ne s’est pas battu et il y aura peut-être de la rouille. Il va avoir beaucoup de choses à gérer en début de combat, mais je pense qu’il va être capable de passer par-dessus ça.

Theodorou, un guerrier

L’Ontarien Elias Theodorou affrontera pour sa part Derek Brunson chez les moyens.

C’est vrai que Brunson a affronté de meilleurs adversaires que ne l'a fait Theodorou, mais Theodorou est fait fort et il est résistant. C’est le roi des décisions. Ce n’est peut-être pas le plus spectaculaire car il ne finit pas souvent ses combats, et il a un style assez « unique » pour être poli, mais c’est son style et ça marche. Si Brunson pense qu’il va arriver là et que ce sera une balade dans le parc, il se trompe.

Je me suis souvent entraîné avec mon ami Elias, et dans le langage, on appelle ça un cheval. Il n’est jamais fatigué, il pousse l’action, c’est un grinder hors pair. Même s'il n'est pas le plus spectaculaire, contre lui amène ta brique, ta pioche et ta pelle si tu veux passer par-dessus parce qu’il va être constamment dans ton visage. C’est comme ça qu’Elias est capable de gagner, à l’usure.

On a déjà vu Brunson donner de super belles performances, mais on l’a aussi vu donner des performances presque gênantes. Ça va être intéressant de voir Elias contre lui. C’est un gars dans le top-15 mondial qui mérite d’avoir un combat d’importance comme ça. Reste à savoir s’il sera capable de s’implanter dans le top-10.

Un feu d’artifice entre Cerrone et Iaquinta

Je m’attends à un feu d’artifice entre Donald Cerrone et Al Iaquinta en grande finale de la soirée. C’est à 155 livres que Cerrone a connu le plus de succès, et depuis qu’il est revenu dans cette catégorie, il a retrouvé le chemin de la victoire. Il avance en âge, mais il est vraiment solide et il reste ultra efficace avec ses frappes très précises et la double attaque très intéressante. Iaquinta est lui aussi un gamer, il va foncer. Il a fait cinq rounds avec Khabib Nurmagomedov et c’est très impressionnant. Il s'agira d'un clash de styles en fin de semaine : Cerrone est davantage un combattant debout de muay thaï et de boxe, alors qu’Iaquinta est un meilleur lutteur même si le jeu au sol du « Cowboy » est très sous-estimé.

Chaque fois qu’on a la chance de voir Cerrone combattre, c’est comme un cadeau, ça vaut la peine de regarder. Ce vétéran totalise le plus grand nombre de victoires dans l’UFC avec 22, soit deux de plus que Georges St-Pierre. Il s’en va directement au Temple de la renommée même s’il n’a jamais remporté de championnat. C’est une légende.

*Propos recueillis par Audrey Roy