MONTRÉAL – Le ton de sa voix est effacé, presque inaudible, et la plupart de ses phrases sont laissées en suspens. Olivier Aubin-Mercier cherche des réponses, mais il n’en trouve pas.

On le savait sensible à la défaite. Il y a deux ans, sous les gradins du Colisée Pepsi de Québec, il n’avait pu retenir ses larmes après avoir encaissé le premier échec de sa carrière, contre Chad Laprise. Il est plus en contrôle de ses émotions aujourd’hui, deux jours après avoir été battu par Diego Ferreira, mais ça ne fait aucun doute : le résultat passe de travers.

« La différence, c’est que le combat contre Chad, je pense que je méritais un peu de le perdre, marmonnait Aubin-Mercier lundi après-midi. Ma préparation n’avait pas été la meilleure, je n’avais pas fait mes devoirs au gymnase. Cette fois, je n’avais rien négligé, je me sentais vraiment bien. C’était un peu trop beau. »

Aubin-Mercier est torturé. Quelques jours avant de quitter Montréal, il se disait libéré de l’anxiété qui l’habitait habituellement en camp d’entraînement. Il pensait avoir franchi un important obstacle dans sa préparation mentale d’avant-combat. Et cette assurance ne l’a pas quitté une fois dans l’arène. Ses pas étaient légers, son souffle était régulier. La nervosité qui affectait jadis ses mouvements était restée au vestiaire.

« C’est vraiment le combat où j’ai eu le plus de plaisir. Je ne m’étais jamais senti aussi bien. Mais ce n’est pas comme ça que j’ai l’impression de me battre dans le gym. Le gars que je suis au gym et le gars qui se bat dans l’octogone, ce sont deux athlètes différents. Ça me dérange parce que je ne sais pas vraiment comment régler ça. Mais il va falloir... »  

Depuis samedi soir, le « Québec Kid » rejoue sans arrêt le film de sa défaite dans sa tête. Il avait bien étudié son adversaire et ne s’était pas gêné pour dire qu’aux poings, il ne le croyait pas à la hauteur de ses victimes précédentes. Mais dès le départ, Ferreira, un spécialiste du combat au sol, a installé le doute dans son esprit.

« Je pensais que j’allais dominer plus que ça, ne cache pas l’ancien judoka. Je me suis fait ramener sur terre assez rapidement. »

Pendant dix minutes, Aubin-Mercier est resté debout devant son rival brésilien. Il a donné, mais il a aussi reçu. Après le premier round, son homme de coin Firas Zahabi l’a sommé d’utiliser sa lutte lorsqu’il se retrouvait à l’intérieur de la portée de son adversaire. Après le deuxième, Zahabi a insisté : « Tu laisses tomber tes mains à l’intérieur. Il est là, le problème. »

« Je trouvais que je reculais beaucoup aussi, et je reculais du mauvais côté, s’autocritiquait celui qui est aussi entraîné par Richard Ho au gymnase H2O.  D’habitude, c’est moi l’agresseur. »

Selon Fightmetric, Ferreira a touché Aubin-Mercier avec plus de régularité que ses trois adversaires précédents réunis, touchant la cible avec 52 frappes significatives uniquement dans les deux premiers rounds.

Une erreur de débutant

Le Montarvillois a fini par corriger le tir. Il est revenu à la base en entamant le troisième round avec deux amenées au sol successives qu’il a réussies avec relativement de facilité. Trop de facilité, peut-être.

À son premier essai, Aubin-Mercier a réussi à encercler les deux jambes de Ferreira au moment où ce dernier allait décocher un coup de pied, mais a été incapable de contrôler sa position une fois rendu au sol. Trente secondes plus tard, il est revenu à la charge en faisant trébucher Ferreira par derrière, mais la situation s’est rapidement retournée contre lui.

 « C’est le genre de projection que tu fais quand tu es quand même assez débutant en judo ou en lutte. Quand j’ai eu cette position-là, je me sentais tellement dominant que je me suis dit qu’il ne pourrait pas s’en sortir. »

Mais Ferreira s’en est non seulement sorti, il a immédiatement renversé la position en sa faveur pour éventuellement s’emparer du dos du Québécois. L’as du jiu-jitsu brésilien a contrôlé les trois dernières minutes du combat et s'est sauvé avec la victoire par décision unanime.

« L’erreur que j’ai faite, je ne la fais jamais sur cette projection. C’est ma spécialité et là, j’ai décidé de la faire comme un garçon de 6 ans », se flagellait OAM.

« De la façon que je l’ai faite, je me suis moi-même empêché de contrer le balayage. Mes mains étaient prises en arrière de lui. D’habitude je ne le fais jamais comme ça, mais cette fois-là je me suis dit : "Bon, je prends la voie la plus facile". Aujourd’hui, je paie pour ça. »

Aubin-Mercier montre maintenant une fiche de trois victoires et deux défaites à l’UFC.