L’événement Fight Night 85 présenté dimanche à Brisbane (samedi à 20 h sur RDS2) en Australie marquera le retour à la compétition du Québécois Steve Bossé, qui se mesurera au favori local, James Te Huna, dans l'un des combats de la carte principale.

Pour Bossé, c’est une opportunité de faire une croix définitive sur le mauvais épisode vécu en juin 2015, alors qu’il avait été victime d’un percutant K.-O. sur un coup de pied foudroyant de Thiago Santos.

C’est toujours difficile, voire même impossible, de juger la performance d’un athlète en se basant sur un si petit échantillon. N’importe qui aurait croulé sous le poids d’un coup de tibia au visage aussi bien exécuté. Steve avait essuyé beaucoup de critiques quant à sa performance – injustement à mon avis, car il n’avait pas pu livrer une « performance » proprement dite. Il est maintenant déterminé à prouver que ce faux-pas n’était qu’une malchance.

Pour ceux qui émettraient des doutes sur sa mâchoire, je peux vous garantir pour l’avoir vu s’entraîner avec nous que Steve est capable d’encaisser avec les meilleurs.

Il effectue son retour à 205 lb, un poids qui est beaucoup plus naturel et confortable pour lui qu’à son baptême dans l’UFC, qui s’était déroulé dans la catégorie des 185 lb. Puisqu’il est en sol australien depuis déjà une semaine, il a été en mesure de s’acclimater, ce qui ne peut jamais nuire à la préparation.

La pression est assez forte sur Te Huna, puisqu’il a perdu à ses trois dernières présences dans l’octogone. Je dirais même que la seule raison pour laquelle l’UFC lui donne cette chance supplémentaire sur une de ses cartes est qu’il évolue devant ses partisans.

Lombard, un an plus tard

En demi-finale de l’événement, on verra Hector Lombard retourner à l’action après une suspension d’un an pour dopage.

C’est d’ailleurs le plus grand élément de mystère entourant ce combat à mon avis : comment réagira le Cubain maintenant qu’il doit combattre sans l’aide de substances? Pour l’œil averti, ça semblait évident que quelque chose clochait au cours des dernières années, mais jusqu’à preuve du contraire, chacun a droit à la présomption d’innocence... Sauf qu’une fois pris à son jeu, il doit prouver qu’il peut répondre de ses actions.

Comment se battra-t-il maintenant qu’il est propre? Je me le demande autant que vous, mais il ne faut rien enlever à Lombard; il est un combattant puissant et dangereux.

Son rival Neil Magny, classé 9^e chez les mi-moyens, offre un défi de taille, c’est le moins qu’on puisse dire. Il est dans le camp des oubliés parce que ses victoires surviennent souvent par décision. Il n’en reste pas moins que depuis trois ans, mis à part la domination au sol du vétéran Damian Maia à son endroit, il possède une feuille de route sans tache. Même s’il n’apporte pas l’élément de spectacle souhaité par plusieurs amateurs, Magny est en ascension dans la division.

On parle ici d’un athlète grand, agile et possédant de longs bras. Il aime boxer à distance et ses déplacements sont à point, de sorte qu’il y a de fortes chances que ce ne soit pas le combat le plus excitant de la soirée! La stratégie privilégiée par Magny, qui jouera de prudence, risque de rendre la confrontation ennuyante par moments. Je crois qu’on le verra garder ses distances et utiliser son jab à profusion. Lombard devra courir après Magny, ce qui évidemment mettra à l’épreuve sa condition physique après une longue absence.

Je ne surprendrai personne en affirmant que je ne voudrai pas rater pas cet affrontement, car ce sont deux combattants bien présents dans ma mire, avec l’objectif que je me suis donné de défier les membres du top-15.

En finale de ce Fight Night, les partisans australiens verront un affrontement de poids lourds, alors que Mark Hunt croisera le fer avec Frank Mir.

Plus personne ne peut émettre le moindre doute sur la force de frappe de Hunt après que celui-ci soit devenu le tout premier à mettre hors de combat Roy Nelson, un exploit non négligeable.

Un combattant beaucoup plus complet que son rival de dimanche, Mir a amélioré sa boxe ces dernières années. Son agilité au sol, particulièrement son utilisation des clés de jambe, ne fait pas de doute elle non plus. En fait, je le placerais même parmi les trois combattants livre pour livre possédant le meilleur jiu-jitsu brésilien.  

Bref, si ce duel devait se transporter au sol, nous n’aurions pas le choix de donner un large avantage à l'Américain, et Hunt trouvera la soirée longue.

Maintenant, peut-on dire que le résultat de ce duel aura une incidence sur le portrait dans la division des lourds? C’est difficile à prédire, puisque c’est une catégorie très faible. Elle est à la portée d’à peu près tout le monde, et à part le champion Fabricio Werdum, personne ne se démarque réellement. J’irais jusqu’à dire que c’est la division la plus faible de l’UFC. Qui sait donc si une victoire nette de l’un de ces deux bonshommes ne pourrait pas le faire grimper dans le tableau et accéder à un combat de plus grande importance?

Un adversaire coriace pour Laprise

Finalement, j'aurai un œil attentif sur le combat de poids légers du Canadien Chad Laprise, dont l’adversaire Ross Pearson offrira une opposition de qualité.

C’est un changement de dernière minute pour Chad, lui qui initialement devait être confronté à Alan Patrick avant que l’adversaire de Pearson, Abel Trujillo, ne déclare forfait.

Ce combat revêt une grande importance pour Laprise, qui lui aussi se remet d’une défaite éprouvante à sa dernière sortie, en août dernier à Saskatoon.

Au plan stylistique, c’est un duel qui convient bien au Canadien. Il devrait pouvoir mettre à exécution son plan de match, soit de lancer un grand nombre de combinaisons et de se servir de son kickboxing.

Sa force de frappe cependant, bien qu’intéressante, est moindre que celle de Pearson. L’autre avantage que possède le Britannique réside dans la qualité des combattants qu’il a affrontés comparativement à ceux que Laprise a rencontrés.

Chose certaine, la visibilité qu’il recevra en se battant en finale de Fight Pass est très intéressante, et il doit en tirer profit.

* Propos recueillis par Maxime Desroches