MONTRÉAL – Invisible depuis l’annonce de son retrait du sport professionnel un mois plus tôt, Georges St-Pierre affichait un sourire radieux et sincère mardi midi au Montreal Wrestling Club, le gymnase qui l’a vu, au fil des années, prendre la forme de l’un des plus féroces lutteurs de l’histoire du UFC.

« Approchez-vous, les boys! », a-t-il lancé à ceux venus prendre de ses nouvelles lorsque la lumière des caméras a soudainement commencé à éclairer son visage.  

C’était le genre d’accueil dont les observateurs réguliers de la carrière de St-Pierre avaient perdu l’habitude. Dans l’année qui avait suivi son retour d’une sérieuse blessure à un genou, le Québécois avait affiché une impatience et une susceptibilité accrues et de plus en plus fréquentes sous le poids de la pression qui a finalement mené à sa récente décision de prendre une pause d’une durée indéfinie de sa vie d’athlète.

Mais à n’en point douter, le repos fait merveille sur l’humeur de GSP.

« Je me sens tellement bien, a-t-il confirmé de vive voix à sa première apparition sous les projecteurs québécois en 2014. J’ai eu un temps des Fêtes en famille, ce que je n’avais pas vécu depuis très longtemps. Ça a été une période unique pour moi et j’en ai profité en maximum. J’étais libre! Ça fait bizarre comme sentiment, c’est la première fois de ma vie que je me sens comme ça. »

St-Pierre s’est fait discret depuis l’annonce percutante et la mise au point qu’il a faites à Québec à la mi-décembre. On l’a vu dans un sympathique segment d’une émission de fin d’année à la veille du jour de l’An. Il a aussi effectué la mise au jeu protocolaire d’un match professionnel de crosse à Edmonton. Puis cette semaine, il s’est déplacé dans un centre communautaire juif de Montréal pour remettre en mains propres des bourses à six jeunes adeptes de sports de combat de concert avec la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec.

Mais l’ancien champion du UFC a beau s’efforcer de s’effacer, son cas continue de faire jaser. Son mentor Kristof Midoux a été le premier à exprimer, sur plusieurs tribunes, son souhait de voir son vieil ami accrocher pour de bon ses gants après sa victoire contre Johny Hendricks. L’entraîneur de boxe Stéphan Larouche, qui a mis son expertise au service de l’as des arts martiaux mixtes pour ses trois derniers combats, a récemment abondé dans le même sens dans les pages du quotidien La Presse.

« Ça m’a dérangé énormément »

St-Pierre se décrit actuellement comme un homme « en vacances » et parle toujours de sa carrière au présent. Il est bien au fait des commentaires de certains de ses proches, ne tient pas à partager l’opinion des autres qui n’ont pas déjà jugé bon de la partager et n’a surtout rien de nouveau à ajouter sur l’état de sa propre réflexion.

« C’est sûr que chaque personne a son grain de sel à mettre là-dedans. Je comprends ce que Stéphan a voulu dire (en émettant des préoccupations pour la santé de St-Pierre) et c’est vrai, il a raison. Mais la personne qui aura le dernier mot, c’est moi. Je ne sais toujours pas ce que je vais faire, si je vais revenir ou pas. Pour le moment, je ne me mets pas de pression. Je fais mes petits trucs et on va voir ce qui va se passer dans le futur. »

Meilleur qu’avant?

Sans adversaire pour accaparer son attention, St-Pierre continue tout de même de passer une bonne partie de son temps au gymnase où, tel que promis, il collabore aux différents camps d’entraînement de ses coéquipiers.

« Comme on dit en bon Québécois, je fais encore la barbe à bien des athlètes! », a-t-il lancé sur un ton moqueur avant de poursuivre plus sérieusement.

Georges St-Pierre - Boursiers« Je suis en excellente forme. J’ai même pris un peu de masse musculaire. Le stress de la compétition me grugeait. C’est très dur à expliquer à quelqu’un qui a une vie un peu plus normale, il y a très peu de gens qui peuvent comprendre ce qu’on vit. Mais aujourd’hui, pour la première fois depuis très longtemps, je suis dans le gym pour le plaisir et non pour la performance. Ce sont deux choses complètement différentes et ce qui est assez surprenant, c’est qu’en ce moment, je sens que je deviens encore meilleur parce que j’essaie des choses que je n’essayais pas auparavant. Parce que je ne me préoccupe pas du résultat en bout de ligne, je fais de nouvelles expériences et ça me permet de développer de nouvelles habiletés. »

Il est hautement improbable qu’on revoit St-Pierre dans l’octogone en 2014, mais ça ne signifie pas qu’on restera sans nouvelles bien longtemps. L’agence LB3i Sports, qui gère toujours sa carrière, continuera de prendre soin de l’image du jeune « retraité » par l’entremise d’initiatives comme celle annoncée cette semaine.

St-Pierre fera également quelques apparitions à l’écran. On le verra d’abord dans le documentaire GSP : l’ADN d’un champion, dont la sortie est prévue pour février, et dans son premier rôle au cinéma lorsque le prochain film de la série Capitaine America prendra l’affiche en avril.