Je me sens un peu comme un enfant présentement. Noël s'en vient et je capote.

Pas de blague, je vous le jure! Noël, c'est vraiment ma fête! Mon arbre est monté et décoré depuis à peu près un mois. J'ai installé un paquet de décorations à l'intérieur et à l'extérieur de ma maison. La première chose que je fais en me levant le matin, c'est mettre de la musique de Noël. J'ai toujours un petit air à fredonner. Ça me remonte le moral, ça me met un sourire dans le visage.

C'est frustrant, parce que je n'aurai pas l'occasion de retourner au Québec pour les Fêtes cette année. Nous jouons le 23 contre Boston et ensuite le 27 contre Washington, mais l'équipe s'entraîne le 26 en matinée. Ça serait pas mal serré pour effectuer un aller-retour Montréal-Pittsburgh. J'ai donc pris la décision de rester ici, même si ça ne fait pas mon bonheur.

Pour moi, la famille, c'est très important et chez les Talbot, Noël, c'est très gros. Chaque année, on fête sous un thème différent et cette année, ça sera un gros party déguisé. Les oncles et les tantes seront là et chaque famille devra se déguiser en une ethnie différente. Ma mère, mon père et mes frères se métamorphoseront en Chinois. Une autre gang se déguisera en Noirs, une autre en Indiens.

On n'est jamais à court d'idées. Il y a deux ans, tout le monde avait fêté en pyjamas. J'arborais pour l'occasion un merveilleux ensemble de Bob l'Éponge! On est un peu bizarre, mais on a toujours beaucoup, beaucoup de plaisir. C'est pour ça que ça me frustre de ne pas pouvoir être avec eux.

Au moins, j'aurai l'occasion de réveillonner avec un de mes meilleurs amis, Jean-Michel Daoust, qui joue avec les Cyclones de Cincinnati dans la East Coast League. Son équipe joue à Johnstown le 22 décembre. Je vais aller assister au match et je vais le ramener à Pittsburgh, où il va passer quelques jours avec sa blonde.

D'ailleurs, j'aimerais me permettre une petite parenthèse qui s'adresse particulièrement à tous les dépisteurs qui lisent ma chronique. Donnez-lui donc une chance! J'ai joué quatre ans avec Jean-Michel au niveau junior et je peux vous dire que c'est un méchant joueur de hockey. Il n'est pas très grand, mais c'est un joueur de caractère. Je n'aurais jamais connu autant de succès chez les Olympiques si je n'avais pas joué avec lui. Il a réussi un tour du chapeau en fin de semaine dernière et il est présentement le troisième meilleur pointeur de la ECHL.

Je lui lève mon chapeau parce qu'il n'a jamais eu de chance depuis son entrée chez les pros. En ce moment, il n'a qu'un contrat de la East Coast League, donc il voit des gars moins bons que lui être rappelés avant lui parce qu'ils ont un contrat de la Ligue américaine. Ce n'est pas évident. Pour avoir joué dans la LAH, je peux vous dire que Jean-Michel y a sa place autant que n'importe qui. C'est un kid brillant, un des meilleurs gars que je connaisse et, je le répète, tout un joueur de hockey. Il suffit qu'il se fasse voir par la bonne personne au bon moment. Il le mériterait bien…

Je rêve au 1er janvier

Une chance qu'il y a l'esprit de Noël pour me remonter le moral, parce que j'ai déjà été en meilleure forme que je le suis présentement. L'état de ma cheville s'améliore tranquillement, mais c'est une blessure qui prend du temps à guérir et c'est difficile à accepter.

N'allez pas penser que je souhaite du malheur à mes coéquipiers, mais je me console un peu en me disant que je vis cette épreuve avec mon bon ami Marc-André Fleury, qui est ennuyé par la même blessure que moi. Marc-André et moi sommes presque inséparables ces temps-ci. On s'entraîne ensemble, on essaie de se changer les idées, on fait des farces sur notre situation, on s'encourage mutuellement. Il faut prendre ça avec philosophie et se dire qu'on ne guérira pas plus vite si on passe nos journées à s'apitoyer sur notre sort.

N'empêche qu'on trouve le temps long. Quand l'équipe est à Pittsburgh, notre horaire ne change pas, à l'exception que pendant que nos coéquipiers sont sur la glace, on est à la clinique avec les physiothérapeutes. Quand les autres partent sur la route, on reste chez-nous et on ronge notre frein. C'est plate en tabarnouche.

Pour m'encourager, je pense au match en plein air que nous devons jouer à Buffalo au jour de l'An. C'est mon objectif. Je ne veux pas rater ça pour tout l'or du monde. J'y pense le soir avant de me coucher, ça m'obsède. C'est l'expérience d'une vie et je ne veux pas manquer ça.

Je n'étais pas encore dans la Ligue nationale quand le Canadien a joué à Edmonton, mais je me souviens d'avoir écouté le match à la télévision. J'avais trouvé ça tellement hot, tellement impressionnant. Georges Laraque était avec les Oilers à l'époque et il m'en parle souvent. Tous les gars y pensent, on a tous très hâte. Ça va être un événement très spécial. Ma famille compte bien faire le voyage. J'ai un paquet d'amis qui m'appellent pour avoir des billets.

Je concentre donc tous mes efforts pour être en mesure de chausser les patins le 26 décembre. Si je veux jouer le 1er, c'est la date à laquelle il faudrait que je recommence à pratiquer. Ça me donnerait l'occasion de revenir au jeu le 29, de me remettre dans le bain et d'être prêt pour ce fameux match à l'extérieur, parce que je ne crois pas qu'il serait bon pour ma cheville de la mettre à l'épreuve pour la première fois dans ces conditions uniques.

Je crois que mon objectif est réaliste, mais cette fois-ci je ne brusquerai pas les choses. Je vais être intelligent et penser à l'équipe avant ma petite personne.

Punir le joueur et non l'équipe

J'ai écouté le match entre les Penguins et les Islanders à la télé en fin de semaine dernière. J'ai donc vu en direct le coup de patin qu'a donné Chris Simon à Jarkko Ruutu, un geste salaud qui n'a évidemment pas sa place au hockey.

J'ai appris aujourd'hui que la Ligue nationale lui avait donné une suspension de 30 matchs et je trouve que c'est entièrement mérité. Simon est un récidiviste, donc il n'était pas question qu'on lui donne une chance.

Je vous ai déjà dit que Bruno Gervais était un de mes bons amis et il m'a déjà parlé de Simon. C'est drôle, parce qu'il paraît que c'est tellement un bon gars avec ses coéquipiers. Le problème, c'est que quand les fils se touchent, il perd vraiment le contrôle.

Dans toute cette histoire, c'est la réaction des Islanders qui m'a le plus surpris. J'ai bien aimé voir que l'équipe n'a pas attendu le verdict de la Ligue avant de prendre ses propres actions. Elle a envoyé Simon réfléchir chez lui et c'est bien correct comme ça. Le propriétaire de l'équipe a sûrement décidé qu'il en avait assez de voir son nom associé à de tels gestes.

Certains observateurs croient que la Ligue devrait envisager la possibilité de faire payer les équipes pour les agissements de leurs joueurs, une idée avec laquelle je suis plus ou moins d'accord. C'est vrai que des gars comme Simon auraient peut-être plus de difficulté à se trouver une place où jouer, parce que les équipes y penseraient deux fois avant d'engager un joueur aussi indiscipliné qui risquerait de les mettre dans le trouble. Mais une fois que le gars est sur la glace, ce n'est certainement pas ça qui va l'inciter à se comporter en gentleman.

Si un fou se prépare à donner un coup de bâton à deux mains à un adversaire, pensez-vous vraiment qu'il va s'arrêter en plein milieu de son geste en se disant qu'il va faire du tort à son équipe s'il continue? Entre vous et moi, ça sera le dernier de ses soucis…

Existe-t-il vraiment une solution pour enrayer complètement des coups vicieux comme le plus récent de Simon? Je me le demande…

Complètement d'accord avec Daly

À la suite du scandale qui a éclaté au baseball majeur, le bras droit du commissaire Gary Bettman, Bill Daly, a affirmé que le problème des stéroïdes était selon lui inexistant dans la Ligue nationale de hockey, une affirmation avec laquelle je suis complètement d'accord.

Ne m'accusez pas de jouer à l'autruche. Je ne dis pas que c'est un gros zéro, mais en toute honnêteté, je n'ai jamais vu un gars se doper. Je n'ai jamais vu de stéroïdes dans un vestiaire, on ne m'en a jamais offert et les joueurs n'en parlent pas entre eux.

À la base, si je me fie aux informations qui circulent à propos de ces produits, je ne vois pas comment ça pourrait aider un joueur de hockey. Dans notre sport, on cherche à améliorer notre endurance cardio, notre rapidité, notre flexibilité. Je ne peux pas parler pour les tough, mais pour le joueur moyen comme pour la superstar, je ne peux pas voir les avantages qu'il y aurait à faire usage de stéroïdes.

Au baseball, je peux comprendre ce qui inciterait un joueur à se doper. Si la vélocité de ta balle rapide augmente de quatre milles à l'heure, c'est peut-être ce qui va te permettre de passer aux ligues majeures. Au hockey, tu as beau gagner quatre milles à l'heure sur ton lancer frappé, ça ne garantit pas que tu vas rester avec les meilleurs.

Personnellement, je suis incapable de m'imaginer en train de tricher. Pendant un été, j'ai pris de la créatine, un produit tout ce qu'il y a de plus légal, et je me sentais mal. J'ai toujours été naturel, comme tous les gars avec qui je m'entraîne. Un gars comme Gary Roberts va prendre un paquet de produits pour garder la forme. Des vitamines, de la glutamine, des protéines… tous des produits qu'on peut trouver en pharmacie.

De toute façon, on se fait tester au moins trois fois par année. Pour ma blessure à la cheville, j'ai reçu une injection de cortisone et j'ai dû remplir des papiers dans l'éventualit où j'étais testé. C'est un dossier qui est bien géré par la Ligue et je ne crois pas qu'il existe quelque problème que ce soit.

En tout cas, s'il y en a un, je ne suis pas au courant et je ne veux pas le savoir non plus.

Là-dessus, je vous souhaite à tous de joyeuses Fêtes. Beaucoup de bonheur à vous et à votre famille.

À bientôt!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.