Après un camp d'entraînement qui aura duré deux mois, un camp sensiblement semblable à tous ceux que j'ai faits alors que je me battais pour le UFC, je suis prêt plus que jamais pour mon combat de samedi contre Kalib Starnes.

J'ai commencé à m'entraîner spécifiquement pour mon combat au Ringside 10 vers la première semaine de février. C'est à ce moment que j'ai commencé à vivre en fonction de ce moment. Je me suis mis à m'entraîner de deux à trois fois par jour, à surveiller attentivement mon alimentation et à couper complètement ma consommation d'alcool.

Pour me préparer contre Starnes, je dirais que 85% de mon entraînement a été axé vers la lutte et le jiu-jitsu, qui sont ses deux principales forces. Dans le passé, il m'est arrivé de déménager mes pénates à Boston pour passer du temps avec Mark DellaGrotte chez Team Sityodtong. J'avais aussi soulevé la possibilité d'aller à Edmonton, au Hayabusa Training Center, pour ce combat. Mais finalement, je suis resté à Montréal pour la durée complète de mon camp.

J'ai jugé que j'avais tout ce dont j'avais besoin ici, à Montréal. Je suis resté dans mes affaires, avec mes entraîneurs habituels et d'excellents partenaires d'entraînement. Je peux affirmer sans aucune crainte que mon camp d'entraînement a été parfait.

J'ai partagé mon temps entre quatre endroits. J'ai pratiqué ma boxe au gymnase des frères Grant, où j'ai aussi travaillé sur mon muay thaï avec mon entraîneur Kru Ash. J'ai également passé beaucoup de temps chez Brazilian Top Team Canada, au centre-ville. Pour ma lutte, je me suis joint aux membres de l'équipe nationale et pour ma condition physique, je suis allé suer chez Core Excellence.

En gros, je dois avoir passé entre 30 et 35 heures par semaine à l'entraînement.

Une trentaine de livres à perdre

Je me bats dans la catégorie des poids moyens, ce qui signifie que je dois peser 185 livres lors de la pesée officielle, la veille du combat. Toutefois, quand je ne me prépare pas pour un combat, mon poids normal varie entre 215 et 217 livres. C'est donc dire que ma routine d'entraînement intensive inclut une perte de poids d'une trentaine de livres.

J'ai besoin d'un bon deux mois pour descendre à 200 livres, le poids où je veux me trouver une semaine et demie avant un combat. Les méthodes pour perdre du poids sont propres à chacun, mais personnellement, je n'ai pas une très bonne génétique et je dois vraiment être discipliné dans mon alimentation pour y arriver. Disons que le fameux trio pain-pâtes-patates, ce n'est pas pour moi! Je me concentre à manger plus souvent - environ six repas par jour - mais de plus petites portions.

Depuis le temps que je fais ce petit manège, je connais mon corps par cœur et je sais exactement par quelles étapes je vais passer au cours de ce processus. Par exemple, je sais très bien que lorsque j'arriverai à 211 livres, je vais bloquer là pendant deux semaines et je vais me mettre à paniquer. Ça va ensuite se mettre à redescendre et vers 206 livres, je vais frapper un autre mur. C'est toujours la même chose, il n'y a plus de surprise.

Je reste habituellement à 200 livres jusqu'au mercredi, deux jours avant la pesée. Puis en soirée, je commence à rationner mon eau et ma nourriture. Le lendemain après-midi, je vais prendre mon dernier repas et mon dernier verre d'eau aux alentours de 15h00. Je ne mettrai absolument rien dans mon système pour les 24 prochaines heures.

Le jeudi soir, la veille de la pesée, je fais un entraînement léger. Je vais boxer avec un survêtement destiné à me faire suer le plus possible. De cette façon, je serai capable de perdre sept ou huit livres d'eau. Le reste, ça se passe dans le sauna.

Le jour de la pesée, je sais que tout est correct si je fais osciller la balance à 190 livres quand je sors du lit. Cette semaine, par contre, ce sera un peu différent puisque la pesée se déroulera à 13h00 plutôt qu'à 16h00, comme c'est la tradition avec le UFC.

Je passe généralement les heures précédant la pesée dans le sauna. J'y entre pendant sept ou huit minutes, j'en ressors pour la même durée et je recommence ce manège en boucle jusqu'à ce que l'objectif soit atteint. Il faut être prudent et patient. Si tu entres dans le sauna pendant 30 minutes consécutives sans sortir, il y a des chances que tu fasses la danse du bacon par terre avant longtemps!

Ça m'est arrivé une fois de manquer ma diète et de me lever à 204 livres la journée d'une pesée. Je vous dirais que ça avait été l'enfer. Disons que pour les trois dernières livres à perdre, je n'avais plus de plaisir!

Des vieux trucs du métier

Pour passer plus facilement à travers ces étapes qui peuvent parfois être éprouvantes, un combattant développe plusieurs petits trucs avec les années.

Une semaine et demie avant la pesée, je ne bois rien d'autre que de l'eau distillée, qui est plus facile à éliminer de ton corps que de l'eau normale. Quand tu commences à suer, ça sort plus facilement.

Pour les derniers entraînements, j'enduis mon corps d'une crème qui est, dans le fond, un démaquillant pour les femmes. Ce produit a la propriété d'ouvrir les pores de la peau et d'augmenter la transpiration lors d'un effort physique.

Le jeudi soir, si j'ai soif à un point tel que j'ai l'impression que je vais devenir fou, je mange des glaçons. Mon cerveau pense que je bois, mais je ne prends aucun poids de cette façon.

Et quand il ne me reste qu'une ou deux livres à perdre et que mon corps a expulsé pas mal tout ce qu'il pouvait expulser, j'amène un verre dans le sauna, je mâche dans la gomme et je crache. Ce n'est pas élégant, mais ça marche!

Après, c'est le temps de se gâter!

Dès que l'étape de la pesée est passée, il faut immédiatement commencer à se réhydrater de façon adéquate. N'allez pas caler deux litres d'eau froide, vous risquez d'y laisser votre peau! Il faut boire du liquide à la température de la pièce, de préférence quelque chose qui contient bien des minéraux. Du pédialyte, de l'électrolyte ou même du Gatorade. Encore là, la clé est de prendre son temps.

Tu recommences aussi à manger un peu parce que ton estomac est rendu petit. Le mieux, c'est de manger du pain, des pâtes ou des noix, question de te donner de l'énergie. Ce n'est que trois heures après la pesée que tu es capable de manger un vrai gros repas.

Ici aussi, à chacun sa méthode, mais personnellement, je trouve que l'important est d'être bien dans ta tête. Moi, je mange ce que je veux. Je me dis que je ne deviendrai certainement pas gras en douze heures! Souvent, j'engouffre des côtes levées, des frites et un bon brownie. Je me couche heureux comme un roi, aux environs de 198 ou 199 livres, et le lendemain, on repart!

Je prends un déjeuner normal et consomme mon dernier repas vers 15h30 ou 16h00. Par la suite, je me contente de petites collations. Dans le vestiaire avant le combat, je vais peut-être prendre une banane ou une orange. Quand j'entrerai dans l'octogone, je pèserai environ 202 livres.

Je sais que ça peut paraître drastique comme routine, mais honnêtement, ce n'est pas aussi pire que ça en a l'air. Tout ça, ça se passe beaucoup plus dans la tête que dans le corps.

Depuis le début de ma carrière, j'ai toujours fait le poids. C'est quelque chose de très important pour moi.

Quand mon adversaire ne fait pas le poids, ça me met en furie. Je trouve que c'est un manque de respect, un manque de professionnalisme. Quand je prends la peine de respecter la limite et que tu n'es pas capable d'en faire autant, ça allume une autre switch à l'intérieur de moi. J'ai soudainement une autre bonne raison de vouloir te battre.

Kalib Starnes n'a pas fait le poids avant son dernier combat. On verra ce qui va arriver vendredi...

Je me sens quasiment invincible

Je ne suis pas un gars extrêmement nerveux avant un combat. Je ne contrôle pas ce qui va arriver. Peu importe ce que je fais, je vais devoir entrer dans la cage samedi soir, je ne peux pas me sauver. Alors c'est inutile de perdre de l'énergie pour ça. Je suis surtout anxieux, j'ai vraiment hâte que ce moment arrive. J'aimerais me battre demain matin.

Je crois sincèrement que tous les combattants se sentent de la même façon. Notre salaire, on le reçoit pour s'entraîner. Le combat, c'est notre récompense. Quand la cloche sonne, on se dit que c'est exactement pour ça qu'on vient de manger du brocoli pendant deux mois.

En même temps, je réalise que je ne m'en vais pas cueillir des fleurs. Je sais que je risque de manger des coups de poings et que je m'en vais faire quelque chose qui n'est pas ordinaire, mais j'aime ça. C'est ça ma vie depuis presque dix ans.

Présentement, je suis très bien dans mon corps et dans ma tête. Tous mes partenaires d'entraînement m'ont dit que ça fait longtemps qu'ils ne m'ont pas vu comme ça. Je sens que c'est revenu. Je ne me sens pas comme quand je me suis battu contre Tom Lawlor. Je me sens comme quand je me suis battu contre Anderson Silva.

Je me sens quasiment invincible. C'est un bon feeling.

Mike Goldberg sera en ville

Je profiterai de l'appui de plusieurs amis samedi soir. Plusieurs d'entre eux viendront de l'extérieur de la province et même de l'extérieur du pays pour venir m'encourager.

Mike Goldberg, le descripteur des galas du UFC, sera en ville. Lui et sa femme sont de très bons amis de ma copine et moi et j'ai bien hâte de les voir.

Mike fera quelques apparitions publiques lors de son séjour à Montréal. Il sera notamment à l'ouverture officielle du Centre Sportif Orion (www.orionmma.com), un tout nouveau gym d'arts martiaux mixtes qu'un de mes amis vient d'ouvrir à Longueuil. Je vous invite à aller le rencontrer samedi entre 13h à 17h. Le gym est situé au 2391 sur le chemin Chambly.

Je vous informe aussi que mon after party aura lieu au Light Ultra Club, sur la rue Crescent.

Au plaisir de vous y voir. Je tenterai de vous donner tout un spectacle samedi.


*Propos recueillis par Nicolas Landry.