MONTRÉAL - John Makdessi pratique les sports de combat depuis assez longtemps pour pouvoir les analyser avec une perspective différente de celle du simple spectateur.

Osez une explication simpliste et il s'empressera souvent de contre-attaquer avec une théorie beaucoup plus poussée. En revanche, passez un peu trop de temps à explorer l'autre côté de la médaille et il vous fera gentiment comprendre qu'il ne sert à rien de pousser la recherche aussi loin.

Mais il arrive aussi à Makdessi d'être à court de mots pour décrire une situation. Prenons la fois, par exemple, où il a fait la connaissance de Kyle Watson.

"Je ne sais pas… je ne lui ai simplement pas aimé la face."

Makdessi (8-0) et Watson (13-6-1) ont fait quelques rounds d'entraînement ensemble à l'automne 2010. Le Lavallois se préparait alors pour son combat contre Pat Audinwood, son premier au sein du UFC, alors que Watson avait été invité au Tristar Gym par Georges St-Pierre, qui avait été son entraîneur lors de la douzième saison de l'émission de télé-réalité The Ultimate Fighter.

"C'est drôle parce que dès que je l'ai vu, je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu comme un pressentiment. J'étais certain que j'allais me battre contre ce gars-là un jour", racontait Makdessi quelques jours avant son départ pour Toronto, où il affrontera Watson en sous-carte du UFC 129 samedi.

"Ce n'est pas rare de voir un gars arriver ici, tu sais, et penser qu'il est le meilleur, qu'il a tout vu, poursuit Makdessi en se bombant le torse. Ce n'est rien de personnel, mais je n'ai pas aimé ce qu'il dégageait."

Plus qu'une simple question de feeling, l'aversion de Makdessi pour son prochain rival n'est pas non plus étrangère au style que préconise ce dernier.

Le poulain de Firas Zahabi et Peter Sisomphou, qui incorpore dans son large arsenal des attaques inspirées du taekwondo, du kickboxing et du muay thaï, est un cogneur au plus profond de son âme. Il a commencé à pratiquer les arts martiaux sur une base compétitive à l'âge de six ans et ce n'est qu'après avoir compilé un dossier parfait en 22 combats de kickboxing qu'il a décidé de faire le saut en MMA. Il a ensuite battu ses six premiers adversaires par K.-O.

Watson est davantage reconnu comme un grappler, un combattant qui concentre ses efforts dans l'art du corps à corps, des projections et des tentatives de soumission. Entraîneur de jiu-jitsu à l'académie dirigée par Matt Hughes, il a déjà été qualifié de "magicien au sol" par St-Pierre. Dix de ses 13 victoires ont été acquises par étranglement.

"J'ai beaucoup de respect pour le jiu-jitsu, je le pratique au gymnase avec Firas. Mais je suis un striker avant tout, nuance Makdessi. C'est comme ça que j'ai appris à me battre. Toute ma vie, j'ai mangé des coups sur la gueule. Kyle Watson est un grappler, il ne peut pas en dire autant. Elle est là, la différence. Quand une ceinture noire en jiu-jitsu commence à se faire frapper, il devient une ceinture blanche bien assez vite."

Rester debout? À vos risques et périls…

Même s'il est de six ans son aîné et qu'il compte plus du double de combats d'arts martiaux mixtes à son actif, Watson est aussi vert que Makdessi à l'intérieur des cadres du UFC. Son seul combat s'est soldé par une victoire par décision unanime aux dépens de Sako Chivitchian, qui était son rival de Team Koscheck dans la maison de TUF.

"J'ai écouté son combat et je dois dire qu'il m'avait surpris, admet celui qu'on surnomme The Bull. Il avait tenté de l'amener au sol à quelques reprises, mais il avait surtout essayé d'échanger avec lui. Je me souviens de l'avoir vu lancer des coups de genoux et de coudes. Il n'aura pas le choix de faire la même chose avec moi parce que vous savez quoi? Chaque combat commence debout."

En décembre dernier au Centre Bell, Audinwood, malgré un bon bagage de lutte et un gabarit beaucoup plus imposant - "j'avais l'air d'un nain dans ce combat", se souvient Makdessi - a décidé de combattre le feu par le feu contre le favori de la foule. Il n'a tenté qu'une timide projection, qui fut rapidement repoussée, pendant les 15 minutes qu'a duré le spectacle. L'état de son visage lorsque le rideau est tombé ne laissait aucun doute sur l'inefficacité de son plan de match.

"Personne, même à l'entraînement, ne veut engager avec moi, constate Makdessi sans une once de vanité. Ils tentent de m'amener au sol où ils se sauvent. Et je ne veux pas que vous pensiez que je suis trop confiant ou encore arrogant, mais je les comprends. J'adore ce que je ressens quand je me fais frapper. Pour donner une raclée, il faut apprendre à encaisser une raclée. Ça fait partie du jeu et j'y ai joué pendant toute ma vie."

Audinwood, qui a été congédié par le UFC après avoir servi de sac de sable au Centre Bell, peut en témoigner. Il n'avait sans doute pas vu autant de coups de pieds différents de toute sa carrière avant d'être mitraillé par Makdessi.

Et s'il n'en tient qu'à ce dernier, Kyle Watson n'a qu'à bien se tenir.

"Des coups de pieds? Il y en a tellement, les possibilités sont infinies. Contre Audinwood, ce n'était rien. Dans mon prochain combat, vous allez en voir, des coups de pieds."

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