MONTRÉAL - Au même moment où Paul Daley piquait un brin de jasette avec les journalistes dans le chaos du Tristar Gym mercredi après-midi, Nick Diaz se faisait attendre à l'autre bout du continent, où on cherchait à obtenir ses impressions sur le combat qu'il livrera à B.J. Penn dans un peu plus d'une semaine.

La veille, Diaz avait appris qu'il ferait finalement les frais du combat principal du UFC 137 en raison du forfait inopiné de Georges St-Pierre, blessé à un genou. Pas de chance pour Daley, qui s'était justement amené à Montréal une bonne semaine avant d'affronter Luigi Fioravanti dans l'espoir de faire quelques rounds d'entraînement avec le champion québécois.

On pourrait donc croire que Daley, qui s'est fait passer le K.-O. par Diaz plus tôt cette année, voudrait se tenir le plus loin possible de ce rival à qui tout semble sourire. Mais non, au contraire.

"J'adorerais avoir un combat revanche contre Diaz, dit le jeune Britannique, les yeux pétillants. Et au sein du UFC, ça serait encore mieux. Avec les outils de marketing qu'ils possèdent, je crois qu'ils pourraient attirer l'attention de beaucoup de gens avec ce combat, surtout considérant à quel point le premier a été spectaculaire."

On écoute Daley et on se dit qu'il oublie un détail important. Dana White, le grand patron du UFC, ne l'a-t-il pas banni à vie de son organisation à la suite de ses actions bien documentées du printemps 2010?

Effectivement. Mais Daley reste convaincu qu'il n'y a que les fous qui ne changent pas d'idée et il continue de croire que White n'a pas encore complètement perdu la boule.

"Je suis toujours sous contrat avec Forza, Zuffa et tout le reste de l'empire. Chaque fois que je me bats à l'extérieur de Strikeforce, je dois d'abord recevoir leur permission. Ils me l'ont donnée pour mon combat précédent au Royaume-Uni. Ils me l'ont donnée pour mon combat contre Fioravanti. Mais ils refusent toujours de me la donner pour le prochain combat que j'ai en vue."

Avec bientôt cinq combats à son actif en 2011, Daley est pressenti pour se battre en Angleterre en décembre. Nate Marquardt, un autre talentueux rejet du UFC maintenant sous contrat avec la promotion britannique BAMMA, mène une agressive campagne médiatique pour l'inciter à accepter son défi.

Les raisons derrière le refus de Daley ont longtemps été nébuleuses, mais il semble aujourd'hui insinuer que la décision ne lui revient pas totalement. Et en lisant entre les lignes, on voit dans son visage un rayon d'optimisme qui perce finalement à travers l'épais nuage gris qui le suit depuis maintenant plus d'un an.

"Je ne crois pas qu'on me mette des bâtons dans les roues. Au contraire, je crois que si on refuse de me laisser me battre (contre Marquardt), c'est qu'on veut m'avoir sur une carte prochainement. Nos dialogues sont demeurés cordiaux avec Zuffa, du moins avec la bannière Strikeforce."

"Luigi Fioravanti est un dur"

Daley aimerait bien que le UFC lui ouvre de nouveau ses portes, mais sa planète n'arrêtera pas de tourner si Dana White tient parole et continue de l'ignorer. Celui qu'on surnomme Semtex ne sera peut-être jamais le combattant le plus polyvalent, mais son style explosif et sa personnalité éclatée lui assureront de ne jamais manquer de travail.

"Ça fait plus d'un an qu'on a l'œil sur Paul Daley, expliquait récemment le président de Ringside, Éric Champoux. Nous avons été en contact avec son équipe dès son départ du UFC. Il est allé faire un tour avec Strikeforce, mais notre intérêt n'a jamais diminué et finalement, les circonstances nous ont souri."

Fioravanti (22-10), l'adversaire de Daley vendredi soir au Centre Bell, est lui aussi déjà passé par le UFC. Il y a d'ailleurs subi cinq de ses dix défaites.

"Au Canada, personne n'était prêt à relever le défi et affronter Daley, alors on a dû regarder du côté des États-Unis et Fioravanti est celui qui a levé sa main", précise Champoux pour justifier sa décision.

"C'est un produit d'American Top Team qui a une très bonne base en lutte", décrit Éric O'Keefe, un entraîneur du Tristar qui a suggéré à Champoux de loger un appel à Fioravanti.

"Je trouvais que c'était un bon adversaire pour Daley parce que c'est le genre de gars qui va se mettre dedans et qui va attaquer comme un char d'assaut, d'où son surnom (The Italian Tank)."

"C'est fort possible que ce combat se rende à la limite, soutient Daley, qui a signé 20 de ses 28 victoires en carrière par K.-O. Luigi Fioravanti est un dur. Il vient de subir deux défaites par décision, mais c'était contre des poids moyens. Il est un combattant très endurant avec beaucoup de puissance dans ses coups. Je ne m'attends pas à ce que ce soit facile, loin de là, mais j'aime bien ce genre de combat."

Conséquence, peut-être, du fait qu'il se soit battu dans quatre pays et quatre états américains différents depuis un peu plus d'un an, Paul Daley semble avoir de la difficulté à garder sa tête à un seul endroit. Entre Fioravanti, Diaz et Marquardt, ses pensées s'éparpillent, mais son objectif reste le même.

"Peut-être que pendant encore quelques mois, je vais continuer de voyager et passer le K.-O. à quelques gros noms, question de collecter quelques bons chèques et gagner des fans un peu partout. Ensuite, je serai de retour dans le plus gros show au monde."

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