TORONTO - Le succès et la gloire attirent inévitablement les critiques et réveillent les rabat-joie. Si Jon Jones n'en était pas déjà conscient, la réaction de la foule rassemblée au Air Canada Centre lui a probablement mis la puce à l'oreille.

Le nom de son adversaire a été scandé et ses propres initiatives accueillies par des huées, mais Jones semble n'avoir rien à cirer de l'opinion de ses détracteurs. Son message, livré en un peu moins de dix minutes en finale du UFC 140, se résume à peu près ainsi : "aimez-moi ou détestez-moi, mais habituez-vous à ma présence. Je suis champion et le serai pour encore un bail ou deux."

Jones a réussi la deuxième défense de son titre des mi-lourds du UFC en se débarrassant de Lyoto Machida à la toute fin du deuxième round, samedi soir. "Bones" (15-1) a ainsi signé sa sixième victoire consécutive, la troisième du lot par soumission.

La prise qui a endormi Machida (17-3) a pris naissance dans la main gauche de Jones, qui a affaibli les jambes du Brésilien avec un direct au menton au début de la quatrième minute du deuxième assaut. Machida a mis les genoux au sol, permettant à Jones de s'accroupir pour aller s'emparer de son cou pour ensuite le relever et le pousser contre la cage.

Jones a ensuite méthodiquement coupé l'entrée d'air de l'aspirant, qui est tombé au sol, dans les pommes, quand l'arbitre a finalement demandé au champion de lâcher prise avec 34 secondes à faire au round.

Le regard perçant, Jones s'est lentement éloigné de sa victime avant d'aller rejoindre ses hommes de coin, sachant que la récompense qui l'attendait valait plus que la haine qui résonnait sur ses tympans.

"Mon camp d'entraînement s'est bien déroulé. J'ai su garder mon calme au premier round. Je n'avais pas vraiment de stratégie, si ce n'est que de performer au meilleur des capacités", a déclaré le plus jeune monarque du UFC au terme de sa victoire.

Jones a mis du temps à décoder le style peu orthodoxe de Machida, qui attendait clairement les coups de pieds aux jambes du champion pour décocher son crochet de la main arrière, avec lequel il a solidement touché la cible à au moins trois reprises. L'un des trois juges a d'ailleurs noté le premier round en faveur de Machida.

Celui qu'on surnomme "The Dragon", derrière qui la majorité de la foule s'était clairement rangée, a de nouveau fait lever ses supporteurs de leur siège à la troisième minute du deuxième round avec un assaut qui a forcé Jones à lever sa garde et à battre légèrement en retraite.

Mais avec un peu plus de deux minutes à écouler au cadran, Jones a réussi une amenée au sol et a profité de la position que venait de lui procurer sa tactique pour endommager le visage de Machida, qui s'est éventuellement relevé avec une profonde coupure du côté droit du front.

L'arbitre John McCarthy a fait appel au médecin avant de redonner le feu vert aux combattants. Machida l'ignorait, mais il vivait à partir de ce moment sur du temps emprunté. L'ancien champion s'est bien battu, mais il a néanmoins subi une troisième défaite à ses quatre dernières sorties.

Mark Hominick est victime d'un K.-O. record

Grand favori de la foule, le Canadien Mark Hominick a subi une défaite par K.-O. en un temps record de sept secondes.

"The Machine" a croulé sous les coups de Chan Sung Jung, qui a égalé le record de Todd Duffee pour le K.-O. le plus rapide dans l'histoire du UFC.

Ironiquement, la victime de Duffee avait été un autre Canadien, Tim Hague.

Hominick (20-10) se battait pour la première fois depuis la mort de son entraîneur Shawn Tompkins. Il s'est lancé à la poursuite du Coréen dès le son de la cloche et a fendu l'air avec un crochet de la gauche avant d'être envoyé sur le derrière par une solide droite. Jung a rapidement profité de l'ouverture pour se ruer sur sa cible et l'endormir en moins de deux.

"Il a été très agressif. J'aurais dû contrôler mes émotions, mais je me suis laissé emporter et je n'ai pas suivi mon plan de match", a résumé Hominick.

Jung (12-3), qui avait battu Leonard Garcia à l'aide d'une spectaculaire soumission en mars, est sur une séquence de deux victoires.

Le compatriote de Hominick, Claude Patrick, se mordra probablement les doigts d'avoir laissé son sort entre les mains des juges. Le "Prince" a vu sa série de victoires prendre fin à 13 en subissant une défaite par décision partagée controversée aux mains de Brian Ebersole.

Ebersole, qui a disputé 61 combats avant d'avoir sa chance au UFC, est maintenant invaincu en trois sorties avec l'organisation.

Retour spectaculaire de Frank Mir

Dans la demi-finale de la soirée, Frank Mir a réussi un spectaculaire retour pour remporter son combat revanche contre Antonio Rodrigo Nogueira.

Nogueira a poussé Mir au bord du précipice dans les premiers instants du combat, attendrissant l'Américain avec de solides coudes au visage lors du corps à corps. Le Brésilien s'est ensuite servi de sa boxe pour faire trembler les jambes de l'ancien champion, qu'il a amené au sol pour travailler son jiu-jitsu.

Défiant les probabilités, Mir s'est sorti d'une tentative d'étanglement et a agrippé le bras droit de Nogueira avant de renverser habilement les positions. Puis, déterminé à en finir, il a complété son kimura jusqu'à ce que l'épaule de sa victime ne sorte de son socle.

Mir a été déclaré vainqueur par TKO à 3:38, mais on lui a éventuellement accordé le bonus pour la soumission de la soirée. Nogueira n'est sorti de l'octogone que plusieurs minutes après l'annonce du verdict.

Tito Ortiz, lui, a été battu à son propre jeu par le frère de Minautoro, Antonio Rogerio Nogueira. Atteint par un coup de genou au corps qui l'a envoyé à l'horizontal dès la deuxième minute du premier round, Ortiz a enduré une douloureuse séance de ground and pound avant d'obtenir la clémence de l'arbitre à 3:15.

Le "Huntington Beach Bad Boy", qui préfère maintenant le sobriquet du "People's Champ", a dit vouloir obtenir un dernier combat avant de mettre fin à son illustre carrière.

Jabouin est victorieux, Makdessi est dominé

Dans la carte préliminaire, le Montréalais Yves Jabouin est demeuré parfait dans la division des poids coqs en arrachant une décision serrée à l'Américain Walel Watson.

Jabouin, un dangereux kickboxeur qui concédait plusieurs centimètres de portée à Watson, a porté ses meilleurs coups en contre-attaque et a réussi une amenée au sol dans chacun des rounds. Il a toutefois dû puiser dans ses réserves pour survivre à une dangereuse guillotine dans les dernières secondes du deuxième assaut et s'est placé dans une autre position fâcheuse en donnant son cou à Watson au troisième.

"Tiger" a été favorisé par des pointages de 30-27 et 29-28 tandis que Watson a convaincu l'autre juge avec une marque de 29-28.

"Ça a été un combat difficile, mais quelque chose à l'intérieur de moi m'a permis de passer à travers. Il n'était pas question que j'abandonne", a déclaré Jabouin après le combat.

"J'avais étudié son jeu de pieds et j'étais prêt. Mon plan de match était d'utiliser le momentum et de le surprendre."

"Je pensais en avoir fait assez pour gagner, a déploré Watson. Je crois avoir dominé les deuxième et troisième rounds. J'ai tenté plus de prises de soumission et lancé plus de coups. J'ai payé le prix pour avoir laissé mon destin entre les mains des juges. C'est la première fois que ça m'arrive et voilà ce que ça me donne."

Le coéquipier de Jabouin chez Team Zahabi, John Makdessi, a été complètement dominé par Dennis Hallman et a subi sa première défaite en trois combats au UFC. Le "Bull" a succombé à un étranglement arrière à 2:58 du premier round.

Un maître dans l'art du combat debout, Makdessi (9-1) a été amené au tapis pour la première fois depuis son entrée au UFC. Les présentations étaient à peine complétées qu'il encaissait déjà des briques de Hallman, qui a pris son dos avant de se retrouver en position de montée complète. Makdessi s'est tourné pour tenter d'éviter le pire, mais Hallman, qui avait signé 39 de ses 50 victoires précédentes par soumission, n'a pas perdu de temps pour mettre fin à la leçon.

"J'ai été critiqué pour avoir été incapable de faire le poids (plus de trois livres au-dessus de la limite), mais je savais comment le battre. Je l'avais étudié et j'étais prêt", a commenté Hallman.

Retour difficile pour Soszynski

Inactif depuis 18 mois en raison d'une collection de blessures, le Canadien d'origine polonaise Krzysztof Soszynski a frappé un mur nommé Igor Pokrajac à son retour dans la cage. K-Sos est tombé sous les poings du Croate seulement 35 secondes après le coup d'envoi du combat.

Forcé de faire marche arrière lorsque happé par une solide droite dès les premiers balbutiements de l'affrontement, le natif de Winnipeg a rapidement été abandonné par ses jambes et a dû être sauvé par l'arbitre Yves Lavigne.

"J'aurais dû réagir différemment quand j'ai encaissé son premier coup, a analysé Soszynski après avoir retrouvé ses esprits. Pokrajac est un bon adversaire, il frappe fort."

Pokrajac (23-8) joue maintenant pour ,500 après six combats au UFC.

Soszynski (26-12-1) a subi sa première défaite depuis son deuxième combat contre Stephan Bonnar à l'été 2010.

Un habitué des galas canadiens, Mark Bocek a défait Nik Lentz par décision unanime avec trois pointages identique de 30-27.

L'un des bons grapplers de la division des légers, Bocek (10-4) a contrôlé un combat qui s'est principalement déroulé au sol. En position dominante pendant la majeure partie des 15 minutes du duel, l'Ontarien n'a eu qu'à se méfier des nombreuses tentatives de guillotine de Lentz, qui se sont toutes avérées infructueuses.

Bocek en était à son cinquième combat en sol canadien sous la bannière du UFC. Défait par Ben Henderson au Rogers Centre en avril, il a porté sa fiche à 3-2 devant ses partisans.

Lentz a quant à lui subi la première défaite de sa carrière en huit combats au UFC.

"Il n'a fait absolument aucun dommage, s'est plaint Lentz à l'issue du combat. C'est là-dessus qu'on devrait juger les combats et il ne m'a pas fait mal. Il n'a fait que me garder au sol. Oui, il était par-dessus, mais il ne se servait pas de sa position. Ce n'est pas ma définition d'un combat."

"J'ai joué la carte de la prudence, j'avais vraiment besoin de la victoire, s'est défendu Bocek. Je l'ai gardé sur le qui-vive avec mes mains pour réussir mes amenées au sol et j'étais prêt à me rendre à la limite."

Premier Canadien à s'exécuter devant la foule torontoise, Mitch Clarke (9-1) a perdu ses débuts au UFC contre une autre recrue, John Cholish (8-1), une défaite par TKO à 4:36 du deuxième round.

Jake Hecht a quant à lui célébré son baptême du UFC avec une victoire par TKO (2:10 du deuxième round) contre le vétéran Rich Attonito.

À la fin de la carte préliminaire, Constantinos Philippou a complètement dominé Jarred Hamman et a quitté Toronto avec une victoire par TKO empochée en 3:11.

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