L'exécutif de Rallye Sport Québec a joué gros l'an dernier en décidant que la Coupe du Québec serait limitée en 2003 aux véhicules à deux roues motrices exclusivement, les intégrales étant réservées aux sprints pour les débutants sinon aux épreuves nationales pour les autres. Une décision qui n'a pas fait l'unanimité.

Les objectifs de départ étaient pourtant intéressants : dans un premier temps, éliminer les compétiteurs qui, chemin faisant en épreuves nationales, récoltaient le titre québécois. Par la suite, donner un profil bien particulier à un championnat en manque de commandites. Ainsi, on projetait augmenter le nombre d'inscriptions et trouver des champions autres que ceux qui courent au niveau national; on entrevoyait déjà l'arrivée des équipages américains et finalement on pensait convaincre les manufacturiers que la série avait un certain charme, suffisamment pour penser à une implication financière.

Il s'agissait d'un coup de barre important. En rallye de performance, la Coupe du Québec, qui s'est toujours voulue rassembleuse depuis ses lointains débuts (1975), devenait soudainement sélective ou exclusive. Résolument dans l'ombre de la série nationale, la Coupe du Québec a toujours été le stade intermédiaire de la discipline, entre les rallyes-sprint et les épreuves nationales.

Force est d'admettre que les résultats sont pour le moins timides. À peine une douzaine de voitures éligibles à chacune des trois premières épreuves et un certain désenchantement de la part de ceux qui étaient forts heureux de s'en tenir à la série québécoise antérieurement. Certains compétiteurs moins fortunés ne pouvant s'inscrire aux épreuves nationales n'ont plus accès à une série locale qui faisait autrefois leur bonheur. Ajoutez à une certaine récession économique, voilà que la Coupe du Québec ne fait plus courir et on chuchote qu'une épreuve serait en instance de report.

Il faudra plus que le talent indéniable des pilotes qui animent présentement les épreuves régionales pour attirer spectateurs et commandites. Il faut bien se rendre à l'évidence que le parc automobile des rallyes régionaux souffre de vétusté. Quand le véhicule gagnant accuse déjà dix ans d'ancienneté, quand d'autres frisent les 15 ans d'âge, on peut douter de la venue de commanditaires. Pour ajouter à la confusion, on a permis cet hiver les pneus à crampons, eux qui avaient été bannis dans les années '70 afin de réduire les coûts et qui sont toujours défendus dans le reste de l'Amérique. Finalement, on voudrait permettre l'utilisation de notes de parcours lors de certaines épreuves, alors que l'esprit de la Coupe du Québec est d'aller vers la simplicité volontaire.

Le plan mis de l'avant par Rallye Sport Québec s'étale sur trois ans. On devra espérer que le championnat trouve un second souffle et fasse le plein de compétiteurs présentement en rallye-sprint. On verra si la Coupe du Québec devient le refuge des deux roues motrices et si des entreprises y trouvent un quelconque intérêt promotionnel.

Nous croyons que ce changement de cap, même s'il avait des intentions positives au départ, était prématuré. On ne peut se permettre d'être aussi sélectif quand le bassin de voitures éligibles ne dépasse pas la trentaine. Quand les épreuves nationales sont en nombre supérieur aux compétitions exclusivement régionales. Quand on ne peut honnêtement envisager un support publicitaire, un peu de visibilité au petit écran… Il y aurait eu moyen de trouver un système plus harmonieux - de type handicap - qui incluent tous les participants et qui déterminent un champion québécois.

La Coupe du Québec présentement, c'est comme si on demandait à un hockeyeur Midget qui veut atteindre la Ligue nationale d'aller faire un stage en ringuette ou en ballon-balai!