Le Grand Prix du Canada… pour combien de temps ?

Le Grand Prix à Montréal est-il menacé de disparaître et comment peut-on rivaliser avec des épreuves telles que Singapour ou Bahrein, où l'état finance les circuits ?

- Yan Morin, Amos


Deux raisons m'avaient toujours poussé à être optimiste pour l'avenir du Grand Prix du Canada.

L'heure locale de la course (13h00) en fait une télédiffusion à une période de grande écoute en Europe (19h00).

Et le marché canadien demeure intéressant pour les manufacturiers automobiles. Les prévisions à long terme pour les ventes mondiales de véhicules placent le Canada en 11e place, derrière les pays suivants : Chine, États-Unis, Inde, Brésil, Japon, Russie, Allemagne, Mexique, Grande-Bretagne et France. Donc, en théorie, un endroit intéressant pour les manufacturiers impliqués en F1.

Mais la donne a grandement changé en 2006 lorsqu'une firme privée (CVC Capital Partners) a pris le contrôle de la F1. Qui dit firme privée dit retour sur l'investissement. Du coup, les montant réclamés aux divers promoteurs n'ont cessé d'augmenter (on parle de 30 millions de dollars pour la Chine, de 30 millions d'euros pour Valence). Malgré tout, les pays candidats demeurent nombreux (Abu Dhabi est signé pour 2009, l'Inde pour 2010, la Russie est en attente).

En août 2006, le propriétaire de l'anneau de vitesse d'Indianapolis, Tony George, a accepté de verser 20m $US pour le GP des États-Unis 2007. Mais en juillet dernier, il a refusé de sortir 30 millions $US pour l'épreuve 2008, estimant qu'il était impossible de rentabiliser l'événement. Il faut d'ailleurs savoir que les promoteurs n'ont, comme seul revenu, que la vente de billets ! Que les États-Unis, actuellement le plus grand marché au monde, soient boudés par la F1 ne fait sûrement pas l'affaire des Mercedes, BMW, Toyota, Honda et Ferrari. Mais ces compagnies n'ont pas voix au chapitre !

Lorsque le GP du Canada devra renouveler son entente à la fin du présent contrat, portant sur 2007-2011, la facture risque d'être salée.

J'ai toujours bien aimé Rubens Barrichello, qui vient d'établir une nouvelle marque de longévité en F1. Quelles ont été ses meilleures courses à Montréal ?

- Sophie Blanchette, LeGardeur


Profitant de sa présence à Montréal cette semaine, nous lui avons posé la question.

« La saison 1995 a été très difficile pour moi, très difficile en fait. C'est pourquoi ma deuxième place à Montréal m'a fait énormément de bien ».

Rappelons que Rubens, alors à sa deuxième saison, subissait énormément de pression comme « successeur » d'Ayrton Senna (décédé l'année précédente), même s'il évoluait dans une petite écurie, Jordan.

Parti 9e, il a réalisé un bon départ et a profité d'un accrochage entre Mika Hakkinen (McLaren) et Johnny Herbert (Benetton) pour compléter le premier tour en 6e place.

Il a ensuite bénéficié d'une tête-à-queue de David Coulthard (Williams), de la panne sèche de Gerhard Berger (Ferrari), du bris de boîte de vitesses de Damon Hill (Williams) et finalement des ennuis électroniques du meneur Michael Schumacher (Benetton) pour terminer deuxième derrière Jean Alesi (Ferrari). Son meilleur résultat en carrière à ce moment.

« Je me rappelle aussi la course sous la pluie en 2000, alors que l'écurie me demandait d'aller plus lentement parce que Michael (Schumacher) ne pouvait suivre mon rythme ».

Qualifié troisième, Rubens complète le tour initial en 4e place, passé au départ par Jacques Villeneuve (parti 6e sur sa BAR). Il gagne une place lorsque David Coulthard (McLaren) reçoit une pénalité (il a calé son moteur avant le tour de formation et ses mécaniciens sont restés trop longtemps sur la grille). Puis il dépasse Villeneuve et accède à la 2e place derrière son coéquipier Michael Schumacher, parti de la position de tête.

Les deux pilotes de la Scuderia conservent leur position jusqu'à ce que la pluie commence à s'abattre sur le Circuit Gilles-Villeneuve. On demande à Barrichello de ne pas trop forcer la note… Puis, au lieu de rentrer tout juste avant ou tout juste après Schumacher, Barrichello le suit aux puits. Arrêt de 6,7s pour l'Allemand, de 21,0s pour Barrichello qui a dû attendre son tour... le résultat de la course venait d'être décidé.

À quelle vitesse vont les F1 lorsqu'elles entrent aux puits pour mettre de l'essence et changer les pneus ?

- Pierre Grenier, Chicoutimi


Limite de 60 km/h lors des essais libres, augmentée à 80 km/h pour les qualifications et la course.

L'excès de vitesse de David Coulthard vendredi à Montréal (75 km/h !) lui a valu une amende de 3 000 euros. Une telle infraction durant la course est punie beaucoup plus sévèrement, les commissaires sportifs pouvant imposer une pénalité de passage aux puits ou même une pénalité d'arrêt aux puits de 10 secondes.

Dans les faits, la plupart des excès de vitesse proviennent d'un ennui électronique sur la voiture, puisque les pilotes actionnent, via un bouton sur le volant, un limiteur de vitesse qui ralentit la voiture à la vitesse réglementaire.

Pourquoi cette limite de vitesse ? Pour protéger les mécaniciens qui travaillent dans la ligne des puits en limitant les dégâts si devait survenir une collision entre deux monoplaces.