Pas si fou que cela, Max Mosley.

Que pensez-vous de l'idée d'un plafond budgétaire en F1 ?
- Jean-Pierre Comeau, Montréal


Je vous avoue que, de prime abord, l'idée d'instaurer un plafond budgétaire très bas dès 2010, avec un règlement technique différent pour les écuries qui y adhèrent, me semblait farfelue.

Je comprenais très bien le but ultime du président de la Fédération Internationale de l'Automobile, Max Mosley, via cette décision adoptée par le Conseil mondial du sport automobile le 29 avril dernier.

Dans le contexte financier actuel, qui affecte énormément les manufacturiers automobiles, personne n'est assuré de la présence continue des grandes marques en F1.

Que feront Mercedes et BMW s'ils ne gagnent plus? Et Toyota si elle ne gagne pas (une condition sine qua non pour poursuivre le programme) ?

Le retrait d'un ou deux constructeurs serait catastrophique à partir d'un plateau comptant seulement 10 équipes cette année.

On comprend donc Mosley de vouloir assurer la pérennité du Championnat du monde de F1 en y faisant entrer de nouvelles écuries (pour un total de 13).

Mais la solution semblait radicale.

Dès la saison prochaine, de petites équipes pourront s'inscrire au championnat du monde en acceptant, sur une base volontaire, un budget plafonné.

En contrepartie, ces écuries auront une plus grande liberté sur le plan technique (notamment un régime moteur illimité, des ailerons avant et arrière ajustables, des essais privés hors-saison illimités). De plus, elles recevront une aide financière de 10m $US (frais de transport, etc) de la part de la FOM.

Dès lors, comment justifier un budget de 350m$US pour aller en piste et lutter contre un concurrent ne pouvant dépenser plus de 40m £ (soit 45m euros ou 70m $ CDN) ?

Surtout, imaginez si une voiture de la catégorie « bas de gamme » devait remporter une course devant les monoplaces « haut de gamme » ?

Les grandes écuries, Ferrari en tête, se sentent attaquées par cette mesure. Il est en effet difficile pour ces équipes à gros budget disposant d'une imposante usine et devant s'acquitter d'une importante masse salariale, de tout brader en moins d'un an. On aurait préféré un montant plus élevé (70m euros)atteignable sur une plage de trois ans.

De plus, Ferrari souligne que le règlement technique ne peut être modifié que via la Commission F1.

Astucieux, comme toujours, Mosley a déjà prévu tout cela.

Le président de la FIA a apporté une précision cruciale à ce règlement 2010, dans le cadre d'une entrevue accordée vendredi dernier (1er mai) au « Financial Times » de Londres, en réponse aux questionnements de Ferrari.

« S'ils (Ferrari) veulent continuer avec un budget illimité pour rouler à l'avant, nous n'allons pas les en empêcher. Nous (la FIA) n'aurons pas une voiture à budget limité qui roule devant leur voiture. Cela ne va pas les affecter car ces voitures seront à l'arrière. »

« Je m'attends à avoir une bonne dispute sur le sujet et, au début, un championnat à deux catégories. Mais éventuellement elles (les grandes écuries) vont constater que cela tombe sous le sens. Si Ferrari y réfléchit bien, elle acceptera le plafond budgétaire car cela constituera une économie immédiate de 200m euros (310m $CDN). »

Avec cette importante précision, le projet de Mosley fait du sens. Les écuries actuelles à gros budget continuent de gagner durant un an, deux ans, tout en baissant graduellement leurs dépenses. Les petites écuries font leur apprentissage de la F1 durant une ou deux saisons, tout en sachant qu'elles pourront jouer la gagne en 2012.

Pas mal du tout.

Reste à savoir si la FIA pourra véritablement garantir le respect de ce plafond budgétaire. Mosley en est certain avec l'établissement d'une Commission des coûts qui pourra surveiller de près chacune des écuries.

On attendait avec impatience hier (mercredi 6 mai) la réaction de la FOTA (l'Association des équipes de Formule Un). Allait-on réussir à maintenir une ligne de pensée uniforme entre les grands constructeurs et les petites écuries intéressées par le plafond budgétaire (notamment Brawn et les équipes Red Bull) ?

Il y a quelques années, la FOTA aurait bien pu envoyer promener Mosley et son projet en décidant de créer son propre championnat. Mais les grands manufacturiers automobiles n'ont plus d'argent disponible pour effectuer un tel coup d'état. Encore bien vu de la part de Mosley.

Le communiqué officiel de la FOTA faisait état hier des « inquiétudes » de l'organisme qui « demande l'ouverture de négociations urgentes avec la FIA ».

La guerre a-t-elle déjà été gagnée par Max Mosley?

Qui considère se lancer en F1 dès 2010 mis à part l'écurie américaine USF1 et Lola, considérant que la FIA acceptera une treizième équipe?
- Philippe Robitaille, Trois-Rivières


Plusieurs écuries de GP2 songent à faire le saut.

L'équipe britannique iSport (qui a mené Timo Glock au championnat en 2007 et Bruno Senna au titre de vice-champion l'an passé) a publiquement manifesté son intérêt.

On soupçonne aussi Barwa Addax (ex Campos Racing, couronnée championne la saison dernière et passée aux mains du riche homme d'affaires espagnol Alejandro Agag) et Super Nova (qui a fait courir Montoya et Webber en F3000) d'y penser.

Il y a aussi l'incontournable David Richards et sa compagnie Prodrive. Hé oui, l'ex patron de BAR. Celui qui avait obtenu, de la FIA, une place de 12e écurie pour 2008 en espérant devenir l'équipe B de McLaren. Mais les écuries existantes n'ont pas voulu modifier le règlement exigeant que chaque participant au championnat du monde construise son propre châssis.

Mosley parle de sept équipes intéressées parmi lesquelles il faudra en choisir trois.

P.S. Salutations aux gens de Trois-Rivières, ma ville natale!


Note à monsieur Costel Gavrila de Lachine, qui déplore l'absence de mortaise lors des pauses publicitaires à l'occasion d'un récent Grand Prix.

Ha ha, vous avez regardé la reprise!

En effet, pour des raisons techniques, il est impossible de placer le visuel de la course en mortaise sur l'écran durant les pauses publicitaires lors des reprises. Il est donc recommandé d'enregistrer !