Débriefing
Course jeudi, 11 nov. 2010. 00:57 samedi, 14 déc. 2024. 03:45
Consignes d'équipe: pourquoi pas?
Depuis le Grand Prix d'Allemagne, le débat fait rage au sujet des consignes d'équipe. Pourtant, un examen approfondi des décisions de la FIA confirme qu'elles peuvent être légales.
Règlement sportif de Formule Un de la FIA
article 39.1: "toute consigne d'équipe interférant avec le résultat d'une course est interdite".
Voilà pour le règlement. Que l'on peut comparer à une loi dans le civil.
Mais il y a aussi l'application de la loi, telle que décidée par les juges. Et ces décisions forment la jurisprudence.
Les juges, en Formule Un, sont les membres du Conseil mondial de l'automobile.
Et ils ont rendu des jugements intéressants au fil des ans.
Le premier provient d'une réunion extraordinaire du Conseil mondial du sport automobile, le 29 juillet 1998 :
"Il y a deux compétitions qui se déroulent simultanément lors de chaque Grand Prix de Formule Un : le Championnat du monde et la course comme telle. Il est parfaitement légitime pour une équipe de décider que l'un de ses pilotes est son prétendant au championnat et que l'autre va l'appuyer. Ce qui n'est pas acceptable, selon le Conseil mondial, est tout arrangement qui interfère avec le résultat d'une course et qui ne peut être justifié par les intérêts de l'équipe concernée envers le Championnat, ainsi que tout arrangement entre équipes."
Le deuxième jugement provient d'une réunion du Conseil mondial du sport automobile, le 26 juin 2002 :
"le Conseil reconnaît le droit, traditionnel et depuis longtemps acquis, d'une équipe à décider de l'ordre de ses pilotes dans ce qu'elle croit être son meilleur intérêt dans sa tentative de remporter les deux championnats du monde."
On peut légitimement tirer la conclusion suivante : la position de la FIA est qu'une équipe a le droit, surtout en fin de saison, de désigner un pilote qui sera son prétendant au titre et qui sera épaulé par son autre pilote.
Aucune personne impliquée en F1 ne va s'indigner si des consignes d'équipe surviennent lors du dernier Grand Prix de la saison.
Red Bull
À l'issue du Grand Prix du Brésil, dimanche dernier, le doute régnait sur les intentions de l'équipe Red Bull.
Je parlais la semaine passée de l'ordre naturel des choses, établi selon les performances depuis le Grand Prix d'Italie, et qui se traduisait par le podium théorique suivant : Vettel - Webber - Alonso. Exactement ce qui s'est produit à Sao Paulo.
Et ce scénario pourrait aussi se reproduire à Abou Dhabi. Ce qui donnerait le titre au pilote Ferrari.
Alors, que ferait l'écurie Red Bull dans un tel cas?
Christian Horner, le patron de l'écurie : "Personne n'a de boule de cristal. Mais s'ils se trouvent dans la situation où l'un, parce qu'il ne peut pas gagner, a besoin d'aider l'autre, je ne peux qu'imaginer qu'ils le feront. Mais cela devra être leur décision".
Pour sa part, Sebastian Vettel refuse systématiquement de s'avancer sur le sujet.
Mardi, Dietrich Mateschitz, fondateur de l'empire Red Bull et propriétaire de l'écurie Red Bull (et Toro Rosso), y est allé d'une déclaration choc, affirmant qu'il préférerait que l'un de ses pilotes termine deuxième au championnat plutôt que d'imposer des consignes d'équipe.
"Interférer avec les pilotes n'a jamais été une possibilité pour nous. Une deuxième position dans des circonstances correctes pourrait être meilleure qu'une victoire acquise par des consignes."
Il est donc prêt, par esprit sportif, à se contenter éventuellement d'une deuxième place au championnat des pilotes, lui qui a déjà mis la main sur le championnat des constructeurs.
À moins que Vettel agisse de lui-même.
Compte tenu de ce qui s'est déroulé cette saison, j'avoue trouver monsieur Mateschitz très, trop généreux.
Je m'explique : son refus d'imposer des consignes d'équipe donnerait le titre à un pilote qui en a bénéficié. Soit Fernando Alonso au Grand Prix d'Allemagne. Au 49e de 67 tours de la 11e des 19 manches de la campagne 2010, Ferrari a demandé à son coéquipier Felipe Massa de le laisser passer en tête pour la victoire (+ 7 points).
Trop bon trop con, dit une expression française.
Barème de points
À la veille de la dernière course de la saison, il est approprié d'analyser les conséquences du nouveau barème de points instauré en F1 cette année.
Classement actuel :
Alonso 246 points, Webber 238, Vettel 231, Hamilton 222
Classement avec l'ancien système (10-8-6-5-4-3-2-1 aux huit premiers) :
Alonso 99 points, Webber 96, Vettel 94, Hamilton 92
Même exercice avec le système 10-6-4-3-2-1 en vigueur 1991-2002 :
Alonso 81 points, Webber 76, Vettel 74, Hamilton 70
Idem avec le système 9-6-4-3-2-1 en vigueur 1961-1990 :
Alonso 76 points, Webber 72, Vettel 70, Hamilton 67
Donc aucune différence au niveau du classement.
Au niveau des écarts
Alonso possède actuellement huit points d'avance, soit 32% des points pour une victoire.
Avec le barème précédent, il possèderait trois points d'avance, soit 30% du total d'une victoire.
Le nouveau barème, instauré pour valoriser la victoire avec ses chiffres gonflés, ne fait pas grande différence!
Ou peut-être si. Les deux points de Webber pour sa 9e place en Australie pourraient peut-être jouer dans le décompte final.
Mais est-ce que cela serait une bonne chose?
Depuis le Grand Prix d'Allemagne, le débat fait rage au sujet des consignes d'équipe. Pourtant, un examen approfondi des décisions de la FIA confirme qu'elles peuvent être légales.
Règlement sportif de Formule Un de la FIA
article 39.1: "toute consigne d'équipe interférant avec le résultat d'une course est interdite".
Voilà pour le règlement. Que l'on peut comparer à une loi dans le civil.
Mais il y a aussi l'application de la loi, telle que décidée par les juges. Et ces décisions forment la jurisprudence.
Les juges, en Formule Un, sont les membres du Conseil mondial de l'automobile.
Et ils ont rendu des jugements intéressants au fil des ans.
Le premier provient d'une réunion extraordinaire du Conseil mondial du sport automobile, le 29 juillet 1998 :
"Il y a deux compétitions qui se déroulent simultanément lors de chaque Grand Prix de Formule Un : le Championnat du monde et la course comme telle. Il est parfaitement légitime pour une équipe de décider que l'un de ses pilotes est son prétendant au championnat et que l'autre va l'appuyer. Ce qui n'est pas acceptable, selon le Conseil mondial, est tout arrangement qui interfère avec le résultat d'une course et qui ne peut être justifié par les intérêts de l'équipe concernée envers le Championnat, ainsi que tout arrangement entre équipes."
Le deuxième jugement provient d'une réunion du Conseil mondial du sport automobile, le 26 juin 2002 :
"le Conseil reconnaît le droit, traditionnel et depuis longtemps acquis, d'une équipe à décider de l'ordre de ses pilotes dans ce qu'elle croit être son meilleur intérêt dans sa tentative de remporter les deux championnats du monde."
On peut légitimement tirer la conclusion suivante : la position de la FIA est qu'une équipe a le droit, surtout en fin de saison, de désigner un pilote qui sera son prétendant au titre et qui sera épaulé par son autre pilote.
Aucune personne impliquée en F1 ne va s'indigner si des consignes d'équipe surviennent lors du dernier Grand Prix de la saison.
Red Bull
À l'issue du Grand Prix du Brésil, dimanche dernier, le doute régnait sur les intentions de l'équipe Red Bull.
Je parlais la semaine passée de l'ordre naturel des choses, établi selon les performances depuis le Grand Prix d'Italie, et qui se traduisait par le podium théorique suivant : Vettel - Webber - Alonso. Exactement ce qui s'est produit à Sao Paulo.
Et ce scénario pourrait aussi se reproduire à Abou Dhabi. Ce qui donnerait le titre au pilote Ferrari.
Alors, que ferait l'écurie Red Bull dans un tel cas?
Christian Horner, le patron de l'écurie : "Personne n'a de boule de cristal. Mais s'ils se trouvent dans la situation où l'un, parce qu'il ne peut pas gagner, a besoin d'aider l'autre, je ne peux qu'imaginer qu'ils le feront. Mais cela devra être leur décision".
Pour sa part, Sebastian Vettel refuse systématiquement de s'avancer sur le sujet.
Mardi, Dietrich Mateschitz, fondateur de l'empire Red Bull et propriétaire de l'écurie Red Bull (et Toro Rosso), y est allé d'une déclaration choc, affirmant qu'il préférerait que l'un de ses pilotes termine deuxième au championnat plutôt que d'imposer des consignes d'équipe.
"Interférer avec les pilotes n'a jamais été une possibilité pour nous. Une deuxième position dans des circonstances correctes pourrait être meilleure qu'une victoire acquise par des consignes."
Il est donc prêt, par esprit sportif, à se contenter éventuellement d'une deuxième place au championnat des pilotes, lui qui a déjà mis la main sur le championnat des constructeurs.
À moins que Vettel agisse de lui-même.
Compte tenu de ce qui s'est déroulé cette saison, j'avoue trouver monsieur Mateschitz très, trop généreux.
Je m'explique : son refus d'imposer des consignes d'équipe donnerait le titre à un pilote qui en a bénéficié. Soit Fernando Alonso au Grand Prix d'Allemagne. Au 49e de 67 tours de la 11e des 19 manches de la campagne 2010, Ferrari a demandé à son coéquipier Felipe Massa de le laisser passer en tête pour la victoire (+ 7 points).
Trop bon trop con, dit une expression française.
Barème de points
À la veille de la dernière course de la saison, il est approprié d'analyser les conséquences du nouveau barème de points instauré en F1 cette année.
Classement actuel :
Alonso 246 points, Webber 238, Vettel 231, Hamilton 222
Classement avec l'ancien système (10-8-6-5-4-3-2-1 aux huit premiers) :
Alonso 99 points, Webber 96, Vettel 94, Hamilton 92
Même exercice avec le système 10-6-4-3-2-1 en vigueur 1991-2002 :
Alonso 81 points, Webber 76, Vettel 74, Hamilton 70
Idem avec le système 9-6-4-3-2-1 en vigueur 1961-1990 :
Alonso 76 points, Webber 72, Vettel 70, Hamilton 67
Donc aucune différence au niveau du classement.
Au niveau des écarts
Alonso possède actuellement huit points d'avance, soit 32% des points pour une victoire.
Avec le barème précédent, il possèderait trois points d'avance, soit 30% du total d'une victoire.
Le nouveau barème, instauré pour valoriser la victoire avec ses chiffres gonflés, ne fait pas grande différence!
Ou peut-être si. Les deux points de Webber pour sa 9e place en Australie pourraient peut-être jouer dans le décompte final.
Mais est-ce que cela serait une bonne chose?