Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais bel et bien le site "officiel" de la F1, celui-là même qui appartient à Bernie Ecclestone. A la une, on peut lire la manchette suivante: "La nouvelle saison de F1 en voie de nous offrir les courses les plus excitantes depuis des années!"

Bien sûr, on ne saurait s'attendre à autre prévision de la part de ceux qui ont le mandat de vendre le sport de la F1, surtout après les dominations répétées de Ferrari qui ont rendu les derniers championnats beaucoup moins relevés et qui ont soulevé l'ire de plusieurs amateurs, même parmi les plus convaincus.

Mais se pourrait-il que, cette fois, cette manchette cache malgré tout un fond de vérité? Se pourrait-il qu'au moins une des neuf autres écuries ait trouvé, elle aussi, les bons ingrédients de la recette? Pourrions-nous même pousser l'espoir aussi loin que de voir deux ou trois d'entre elles avoir une chance légitime de remporter à peu près n'importe quel des 19 Grands Prix au programme?

Encore les gommes!

On a l'impression de se répéter, mais la réponse à ces espoirs reposent probablement encore en grande partie sur les épaules des constructeurs de pneumatiques. L'an dernier, Bridgestone a remarquablement travaillé pour donner à Ferrari les ressources dont elle avait besoin pour asseoir sa remarquable machine. Parallèlement, après une entrée en scène spectaculaire l'année précédente, Michelin a semblé prendre du recul l'an dernier. Le fait de servir quatre écuries sérieuses aura-t-il poussé "Bibendum" à bout de souffle?

Cette saison, la règle très sévère d'un seul train de pneus pour l'ensemble des qualifications et la totalité de la course, à chaque GP, pourrait remettre le compteur à zéro. Combinée aux autres changements techniques visant à réduire l'appui aérodynamique (aileron arrière avancé, celui de l'avant relevé, extracteurs réduits, réduction de l'effet de sol à l'arrière de la voiture), ce nouveau défi lancé aux ingénieurs de Michelin et de Bridgestone comporte deux grandes axes d'interrogations: celui de la performance mais aussi, bien sûr, de l'endurance.

A quelques heures de l'épreuve de Melbourne, bien malin celui qui pourrait affirmer avec certitude qui a le mieux fait ses devoirs, au cours de la saison hivernale!

"Ho! les moteurs!"

Dans son désir de réduire les coûts et, si possible, de freiner les gains incessants en performance, la FIA a commencé à imposer, l'an dernier, des mesures sévères aux motoristes, mesures qui, éventuellement, devraient mener à l'imposition (fort controversée, du reste) d'un V8 de 2,4 litres.

La première étape de cette refonte technique fut la règle "d'un moteur par Grand Prix". Si, au départ, cette dernière apparaissait très restrictive, on peut dire que les doutes se sont rapidement dissipés, les grands constructeurs ayant tôt fait d'allier performance et fiabilité.

Cette saison, la FIA exige rien de moins que le double d'effort, soit "un moteur pour deux programmes complets". Max Mosley y verra-t-il un pas important vers l'atteinte de ses deux objectifs fondamentaux? Les amateurs y trouveront-ils un nouveau facteur pouvant favoriser un certain nivellement des forces en présence?

Honnêtement, mes amis, les ingénieurs de Renault, Mercedes, BMW, Honda, Toyota et Ferrari sont si brillants qu'on ne devrait pas avoir trop de difficultés à passer le prochain test avec succès. En fait, il n'y aura probablement qu'un résultat malheureux à ce nouveau règlement: ceux qui assistent aux essais libres du vendredi vont s'ennuyer davantage! Il y a fort à parier, en effet, que les écuries qui n'ont droit qu`à deux voitures en piste (donc les meilleures), seront encore plus discrètes dans le nombre de tours de piste bouclés lors du programme libre...

Nouveautés nombreuses

Si, sur le plan technique, le véritable portrait de la saison 2005 ne se dévoilera qu'à compter du 4e ou 5e GP de la saison, il est déjà fort intéressant d'anticiper, dès Melbourne, toutes les nouveautés que nous connaissons déjà. Commençons par la nouveau format des qualifications.

Objet de mécontentement depuis plusieurs saisons, la procédure 2005 se veut ni plus ni moins qu'une tentative de rallier le plus de gens possibles vers une forme de compromis. Ceux qui trouvaient complètement futile le fait de procéder en deux étapes, comme l'an dernier, seront heureux du fait que les temps des deux séances seront maintenant additionnés en vue de l'établissement de la grille de départ.

Les spectateurs de plusieurs GP qui "rageaient" contre l'absence totale d'action en piste, le dimanche matin, seront ravis de savoir qu'à compter de maintenant, la deuxième séance de qualifications se tiendra quatre heures avant le lancement de la course.

Et les propriétaires d'écuries, surtout les plus modestes, seront soulagés par le fait que le maintien du format "d'une seule voiture en piste à la fois" assurera encore un potentiel de visibilité égal pour tous les commanditaires, au moins pour la période des qualifications.

Du côté des pilotes, il a longtemps que nous n'avions pas vu un tel mouvement intéressant. Si le retour de Jacques Villeneuve suscite déjà une attention particulière, même en le sachant au sein d'une écurie modeste, le passage de Juan Pablo Montoya aux côtés de Kimi Raikkonen chez McLaren se veut certainement le point d'intérêt le plus marqué sur le plan sportif. Ce duo, diamétralement opposé au chapitre de la personnalité, pourra compter sur une bien meilleure voiture cette saison, cela semble certain. En sachant très bien que Ron Dennis adore laisser ses pilotes se battre entre eux, il est déjà acquis qu'il y aura une rivalité extraordinaire à suivre entre Montoya et Raikkonen!

Mark Webber et Nick Heidfeld, de leurs côtés, auront enfin de bons volants pour faire leur preuve. On est peut-être encore un peu soucieux chez Williams, particulièrement après la faillite gênante de l'an passé, mais les grandes restructurations des derniers mois devraient porter fruit. Même chose du côté de Toyota, où l'arrivée simultanée de Ralf Schumacher et Jarno Trulli, ainsi que la restructuration effectuée par le directeur technique Mike Gascoyne, devraient enfin faire bouger les choses.

Chez BAR, Nick Fry est le nouveau patron. Chez Renault, Fisichella a remplacé Trulli. Ces deux changements sont intéressants, certes, mais il faut surtout parler d'un objectif légitime de "continuité" dans le cas de ces deux équipes qui ont tellement surpris en 2004.

On roule dans quelques heures...

Il y aurait encore tellement à dire sur la saison 2005 de F1, mais je préfère plutôt vous donner rendez-vous pour nos premiers reportages sur les ondes des RDS. Encore une fois cette année, j'aurai le plaisir de retrouver Bertrand Houle et Christian Tortora à chacune des 19 étapes du Championnat du monde et nous ne pouvons que vous renouveler encore une fois notre engagement de vous servir avec respect, rigueur et passion tout au long de la saison.

Vous avez hâte? Patientez encore un peu. Dans quelques heures, "On roule à Melbourne..."