SAO PAULO (AFP) - Australie, Malaisie, Bahreïn, Saint-Marin, Europe, France, Grande-Bretagne, Allemagne: en huit courses clés, Fernando Alonso (Renault) a construit puis géré le titre mondial définitivement acquis dimanche au Brésil aux dépens de Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes).

Profitant d'une monoplace efficace dès l'ouverture de la saison à Melbourne, le 56e champion du monde des pilotes a immédiatement creusé un gouffre avec le reste des pilotes.

Troisième à l'Albert Park, il a ensuite gagné en dominant de la tête et des épaules sur les tracés modernes de Sepang et Sakhir.

Après trois courses, l'Espagnol possédait 19 points d'avance sur Raikkonen qui peinait à décocher sa Flèche d'argent.

"Durant les trois premières courses, nous avions la meilleure voiture", a reconnu Alonso au soir de son sacre, répondant à ceux qui l'accusent de manquer de panache qu'"être sacré champion du monde sans avoir la meilleure voiture était au contraire pour lui un motif de fierté supplémentaire".

Acculé

Car ensuite, il est devenu évident que la McLaren-Mercedes MP4-20 était supérieure à la Renault R25. Mais acculé à l'attaque tous azimuts, Raikkonen et sa mécanique ont trop souvent dépassé la limite, alors qu'Alonso contrôlait et récoltait.

Dès la quatrième course, à Imola pour le Grand prix de Saint-Marin, Raikkonen s'est qualifié en pole position et a mis une valise de secondes de distance entre lui et son poursuivant espagnol dans les huit premiers tours. Ice Man était intouchable... sa monoplace a été coulée au neuvième tour par un bris de transmission.

Alonso a ainsi hérité de la tête de la course et prouvé qu'il était de la trempe des meilleurs. Sous les yeux éberlués du monde entier, le jeune Espagnol dans une monoplace visiblement en difficultés a piloté de main de maître pour repousser les assauts du septuple champion du monde Michael Schumacher dont la Ferrari a fondu comme un avion sur sa Renault sans jamais pouvoir la dépasser malgré dix tours d'anthologie.

Vainqueur, Alonso a augmenté son capital points à 29 longueurs d'avance sur Raikkonen, mais il a surtout explosé son capital confiance et s'est posé en favori du Championnat. Déjà on le voyait en successeur de Michael Schumacher, imaginant dans cette passe d'arme d'Imola une sorte de passation de sceptre.

En Espagne et à Monaco, Raikkonen a enfin confirmé la valeur de sa monoplace en s'imposant, mais Alonso a limité les dégâts en ne cédant que des miettes.

Miettes

Miettes après miette, le Finlandais aurait peut-être pu rattraper son rival, mais le GP d'Europe a stigmatisé une nouvelle fois les différences philosophiques entre Raikkonen-McLaren d'une part et Alonso-Renault de l'autre.

Fusant sur le Nürburgring, le Finlandais était hors d'atteinte de ses rivaux jusqu'à ce que, emporté par son élan, il ne commette une erreur de pilotage en dépassant Jacques Villeneuve. Freinage tardif, roues bloquées, Raikkonen a fait un plat fatal sur un pneu. A l'entame de l'ultime tour, en pleine ligne droite, la suspension a cédé sous les vibrations engendrées par le pneu et la roue s'est détachée du châssis.

Alors que la Flèche d'argent s'abîmait dans le gravier, la Renault qui s'était assurée la deuxième place sans chercher à remonter sur Raikkonen passait et triomphait.

En France et en Grande-Bretagne, Raikkonen que tout le monde voyait comme une nouvelle fois intouchable, a été trahi deux fois de suite par sa mécanique avant les qualifications. Changements de moteur, relégations sur la grille, il a terminé les deux fois derrière Alonso.

Celui-ci a profité d'une nouvelle casse mécanique de Raikkonen en Allemagne alors que le Finlandais s'était irrémédiablement détaché en tête.

"Après la Hongrie, j'ai réalisé que j'avais plus de vingt points d'avance depuis longtemps et qu'il serait possible de conserver cette avance", a avoué Alonso à Sao Paulo.