INDIANAPOLIS - Sur piste comme en dehors, le Championnat du monde de F1 tourne au bras de fer entre les pilotes McLaren-Mercedes, le débutant Lewis Hamilton contestant avec bien plus de férocité que prévu la suprématie du double champion du monde Fernando Alonso.

Dimanche au soir de la victoire d'Hamilton aux Etats-Unis, sur le mythique tracé d'Indianapolis où il rêve de gagner un jour, Alonso reconnaît sa surprise face à la réussite de son coéquipier et néanmoins plus dangereux adversaire. Car depuis trois courses, même Ferrari ne semble plus jouer dans la même cour que McLaren-Mercedes.

"Depuis les essais hivernaux, je savais que Lewis était très rapide puisqu'il avait tourné dans des temps très proches des miens, mais c'est une surprise pour moi et pour tout le monde de le voir en tête du championnat", concède Alonso.

Le jeune Britannique, âgé de 22 ans, n'a en effet couru que sept Grands Prix de Formule 1 et déjà il compte dix points d'avance sur le double champion du monde. Il est également le seul pilote à avoir fini toutes les courses cette saison sur le podium. Dans son cas, il a même fini toutes les courses de F1 de sa carrière sur le podium, ce qui est évidemment un record après sept GP !

Maison

Cette insolente réussite a même provoqué de petits écarts de langage chez Alonso qui a avoué ne pas se sentir "à l'aise" dans sa nouvelle écurie, et sous-entendu que Hamilton était favorisé.

En fait, Hamilton est certainement plus à son aise chez McLaren-Mercedes puisqu'il en est un pur produit depuis l'âge de 13 ans et qu'il s'y sent comme à la maison. Alonso, lui, malgré ses titres, doit se faire à ce nouvel environnement.

Il doit également accepter qu'en réussissant un tel début de saison, l'étoile Hamilton brille de tels feux qu'elle l'éclipse un peu lui, le double champion du monde, la référence du plateau, le tombeur de Michael Schumacher.

Sur la grille de départ à Indianapolis, une nuée de photographes, caméramen, journalistes ou autres invités VIP se pressaient autour de la monoplace du nouveau prodige, laissant Alonso répondre tranquillement et longuement aux télévisions espagnoles.

C'est que la Grande-Bretagne, patrie des sports mécaniques, s'est trouvée le pilote génial qui lui faisait tant défaut et ne ménage pas ses efforts pour l'ériger en idole.

L'Angleterre derrière Hamilton

"Je souhaite à Lewis toute la chance du monde et toute l'Angleterre, en fait, autant que moi, affirmait le champion du monde 1992, Nigel Mansell, après le GP du Canada et la première victoire d'Hamilton.
Ce serait un exploit remarquable qu'il devienne champion du monde dès sa première saison et pour cela, la seule personne qu'il doit battre c'est Alonso... et il l'a déjà fait."

Champion du monde dès sa première saison... L'intéressé n'ose encore en parler ouvertement. "Après sept courses, je suis devant et j'ai une chance de gagner le Championnat, mais celui-ci est encore très long", commente-t-il après sa victoire à Indy.

Alonso, qui vient de perdre une bataille en piste l'ayant mis directement aux prises avec Hamilton dans une belle passe d'armes, tient également à souligner que la saison est loin d'être terminée.

"Je reste très très confiant: nous n'avons couru que sept Grands Prix et le Championnat ne se jouera qu'à la fin", souligne-t-il.

Il aime d'ailleurs à rappeler qu'il a "déjà eu des coéquipiers très forts, comme Jarno (Trulli) en 2004", qui le dominait en début de saison avant que l'Espagnol ne prenne le dessus.

Si les Ferrari de Felipe Massa et Kimi Räikkönen ne reviennent pas rapidement dans la course, le duel Alonso-Hamilton se chargera de tenir le public en haleine. Et dans ce match, l'Espagnol peut compter sur un allié de poids: l'expérience.