(PC) - Après avoir essuyé les remarques désobligeantes de son patron Peter Sauber et du maître incontesté de la Formule 1 Bernie Ecclestone la veille, Jacques Villeneuve a répliqué avec sa meilleure prestation de la saison en qualifications, samedi après-midi, à la veille du Grand Prix du Canada. Il a obtenu la 8e place sur la grille.

Certes, il s'était qualifié 4e en début de saison en Australie mais il avait profité des circonstances, la pluie s'était mise de la partie aussitôt son tour complété, compliquant la tâche des meneurs. Et à Monaco, il avait décroché le neuvième rang mais en l'absence des BAR-Honda, alors suspendus pour deux courses.

À l'issue de cet exercice bien réussi, le pilote était visiblement heureux.

"Je suis très satisfait, a-t-il confié, la mine réjouie. Je ne pensais pas qu'on allait rouler aussi vite mais j'en suis très heureux. La voiture me permettait d'attaquer et c'est toujours plaisant.

"Habituellement, en qualifications, vous faites une petite erreur ici ou là, parce que vous êtes à la limite. Il est alors facile de manquer la trajectoire idéale ou de bloquer une roue. Mais pendant ce tour là, je n'ai pas fait une seule faute. Ça n'aurait pas pu être mieux."

Après réflexion, il estime toutefois qu'il aurait pu être plus agressif au premier virage.

"J'ai manqué le point de corde et j'ai peut-être perdu un demi-dixième. Sinon pour le reste, je ne pense pas que j'aurais pu aller plus vite aujourd'hui."

L'équipe avait-elle opté pour une stratégie d'un minimum d'essence pour lui permettre de réaliser un bon chrono devant son public ?

"La voiture était bien équilibrée depuis les premiers tours vendredi. Nous n'avons donc pas trop travaillé sur les réglages et nous nous sommes concentrés sur la séance de qualifications, contrairement à l'habitude où nous nous concentrons sur la course.

"Comme nous sommes moins loin de nos adversaires, le kilo en moins ou en plus en qualifications pouvait faire une grosse différence. Et je suis content de notre stratégie car, avec un petit peu plus d'essence, nous aurions peut-être eu Trulli et Ralf Schumacher (Toyota) devant nous. Je pense que nous avons fait le bon choix."

Bon départ

Malgré cette performance, Villeneuve ne s'illusionne pas et il doute que ses détracteurs vont désormais se taire.

"La réponse était claire à Imola — ndlr : 4e position de l'épreuve — et, comme je l'avais dit à tout le monde là-bas, dans une semaine les mêmes critiques vont se faire entendre. Aujourd'hui, tout le monde est content. Mais dans une semaine, il suffit d'un mauvais test et les critiques vont reprendre. Mais ça ne me dérange plus. Ça entre par une oreille et ça sort par l'autre.

"J'en ai entendu des affaires comme ça pendant des années. Mais cette année loin des courses automobiles m'a permis d'être un peu plus calme. On ne pourra jamais effacer ce que j'ai accompli. Et souvent les gens qui disent du mal de moi, ce sont des gens qui ont accompli beaucoup moins que moi. Donc, je m'en fous. Ils peuvent dire ce qu'ils veulent."

Et concernant les commentaires d'Ecclestone, qui a affirmé vendredi que Villeneuve avait gaspillé sa carrière et qu'il n'était plus bon pour personne, le pilote refuse d'y croire.

"J'ai été surpris d'apprendre qu'il aurait dit ça. Je ne sais pas vraiment d'où ces commentaires proviennent, s'ils ont été pris hors contexte ou d'une autre source. Je ne veux donc pas commenter."

Malgré sa position avantageuse sur la grille, Villeneuve convient qu'il ne sera pas facile de finir dans les points.

"Nous savons que la qualification est plus dure pour nous que les courses. Je vais devoir prendre un très bon départ demain (dimanche). Le premier virage peut être risqué mais, en partant devant, il y a moins de chance d'être ralenti par un accrochage comme au Nurburgring. Ça devrait être un avantage."

Mais il reconnaît que les stratégies pourraient faire la différence en course.

"Il y a des voitures plus rapides que nous qui sont qualifiées derrière nous. Donc, les premiers tours vont être très importants."