La F1 passera en Chine le cap des 1000 GP
Formule 1 mardi, 9 avr. 2019. 07:57 dimanche, 15 déc. 2024. 04:40PARIS – Le Championnat du monde de Formule 1 va fêter son 1000e Grand Prix dimanche en Chine mais n'offre plus beaucoup de points communs avec la première course en mai 1950 en Grande-Bretagne, remportée par l'Italien Giuseppe Farina.
Le nombre de courses est passé de sept à 21 et pourrait grimper jusqu'à 25 dans les prochaines années. Parmi les GP originels, cinq figurent toujours au calendrier (Belgique, Grande-Bretagne, France, Italie, Monaco).
En 70 championnats, l'édition 2019 incluse, la F1 aura visité 32 pays et 72 circuits. Il y aujourd'hui des GP sur tous les continents sauf l'Afrique. Onze ont lieu en Europe.
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Le nombre de pilotes a évolué à la baisse (26 inscrits au premier GP, 41 en Allemagne en 1953, 20 en Chine en 2019) mais seulement quatre avaient participé à au moins six courses sur les sept de la saison initiale (Giuseppe Farina, champion, Juan Manuel Fangio, Luigi Fagioli et Louis Rosier). Aujourd'hui, les pilotes disputent la saison entière.
Pour les nationalités, il y en avait neuf à Silverstone il y a près de 70 ans, il y en aura quinze à Shanghai.
Pilotes plus jeunes
Farina avait 43 ans en 1950. Le pilote le plus âgé en Chine sera Kimi Raïkkönen (39 ans) et le plus jeune Lando Norris (19 ans). La moitié de la grille a 25 ans ou moins cette saison, après un grand renouvellement ces dernières années et l'arrivée de jeunes loups sur lesquels les écuries investissent désormais dès les catégories inférieures.
Grâce à leurs filières de pilotes, les équipes « forment les jeunes et les piquent à la marque le plus tôt possible », expliquait Jean Alesi à l'AFP début 2018.
Tous deux protégés de Red Bull, Sebastian Vettel est le plus jeune champion du monde, à 23 ans en 2010, et Max Verstappen le plus jeune vainqueur en GP, 18 ans en Espagne en 2016.
Du côté des constructeurs, seuls deux étaient au départ du premier GP et le seront au 1000e: Ferrari et Alfa Romeo. Ce dernier revient cette année à travers l'écurie suisse Sauber rebaptisée de son nom. La Scuderia est la seule à avoir participé à toutes les éditions.
Sur le plan technique, les F1 de 2019 n'ont plus grand chose à voir avec celles de 1950. « Chaque année, nous trouvons quelque chose de nouveau, nous allons plus vite, c'est ça la Formule 1 », résumait Michael Schumacher.
Toutes les voitures alignées au GP inaugural avaient ainsi le moteur à l'avant. Il est désormais à l'arrière. La révolution s'est faite au début des années 1960 à l'instigation de l'ingénieur britannique John Cooper.
Volonté de demeurer un laboratoire technologique et préoccupations environnementales obligent, fini les moteurs thermiques qui équipaient les F1 depuis leurs débuts. Depuis 2014, les monoplaces disposent de moteurs hybrides, alimentés non plus seulement par du carburant mais aussi par récupération d'énergie au freinage et à la chaleur de l'échappement.
Révolution technologique
Du coté des freins, les tambours ont fait place aux disques, maintenant en carbone.
Autre révolution, l'aérodynamique. Quasiment inexistante en 1950, elle est maitenant archi-dominante depuis l'apparition des premiers ailerons en 1968.
En conséquence, la technologie joue un rôle bien plus important de nos jours. « Si vous êtes un pilote avec l'esprit d'un ingénieur, vous pourriez vraiment être plus rapide que les autres », disait l'an dernier Niki Lauda à l'AFP.
À titre de comparaison, Farina avait remporté le GP d'Italie 1950 à Monza (le circuit le plus rapide du calendrier) à une vitesse moyenne de 176,543 km/h. En 2018, le vainqueur Lewis Hamilton évoluait à 239,288 km/h de moyenne. Les vitesses de pointe record dépassent aujourd'hui les 370 km/h.
Du côté des pneus, leur étroitesse des années 1950 a fait place à des gommes beaucoup plus larges, même si leur taille s'est réduite par rapport aux énormes boudins des années 1970.
Les évolutions sont tout aussi profondes sur le plan de la sécurité. En 1950, les pilotes n'avaient pas de ceinture de sécurité, couraient en bras de chemise et le casque se réduisait parfois à un bonnet de cuir. En 2019, ils sont vêtus de tissus ignifugés rendus obligatoires dans les années 1960 et protégés depuis l'an dernier par une structure placée à l'avant et au-dessus du cockpit, le « halo ». Le premier pilote à avoir adopté le casque intégral, aujourd'hui généralisé, est l'Américain Dan Gurney en 1968.
Du côté des points, le système a changé plusieurs fois pour aboutir au modèle actuel où les dix premiers marquent des points au championnat du monde. Le point du meilleur tour en course, attribué de 1950 à 1959, a été réinstitué cette année pour plus de suspense.
Dix GP qui ont marqué l'histoire
À l'occasion de ce 1000e Grand Prix de Formule 1, retour sur dix GP qui ont marqué l'histoire de la catégorie reine du sport automobile :
GP de Grande-Bretagne 1950 : le GP inaugural
Le tout premier GP de l'histoire se tient en Grande-Bretagne, le 13 mai 1950, sur le circuit de Silverstone, qui accueille toujours la F1 en 2019 mais peut-être pas au-delà du fait de coûts d'organisations prohibitifs. Alfa Romeo, de retour comme constructeur cette saison aux côtés de Sauber, y réussit un triplé avec Giuseppe Farina, Luigi Fagioli et Reg Parnell.
GP d'Argentine 1958 : première victoire d'une F1 à moteur arrière
Dans leurs premières années, les F1 avaient un aspect bien différent: leurs moteurs étaient à l'avant. L'écurie britannique Cooper est la première à le déplacer à l'arrière en 1958. D'abord moquée, l'idée finit par s'imposer. Grâce aux victoires de Stirling Moss en Argentine et de Maurice Trintignant à Monaco en 1958. Grâce surtout l'année suivante à celles de Jack Brabham (Monaco et Grande-Bretagne), sacré champion du monde, Moss (Portugal et Italie) et Bruce McLaren (États-Unis).
GP d'Italie 1971 : l'arrivée la plus serrée
1/100 de seconde, c'est tout ce qui sépare Peter Gethin, vainqueur du GP d'Italie 1971 à Monza, de son second, Ronnie Peterson, lors de l'arrivée la plus serrée de l'histoire. Mieux, les cinq premiers se tiennent en moins d'une seconde (61/100 exactement) à l'issue d'une course marquée par les abandons et une vitesse moyenne de 242,616 km/h restée la plus rapide jusqu'en 2003 à Monza également (247,586 km/h, record qui tient toujours). Le plus grand écart à l'arrivée entre le premier et le deuxième est de deux tours, entre Jackie Stewart et Bruce McLaren au GP d'Espagne 1969 et entre Damon Hill et Olivier Panis au GP d'Australie 1995.
GP de France 1979 : bagarre Villeneuve-Arnoux et avènement du turbo
Le GP de France 1979 sur le circuit de Dijon-Prenois a marqué les mémoires pour plusieurs raisons. Pour le combat d'anthologie, d'abord, que se livrent pour la deuxième place la Ferrari de Gilles Villeneuve et la Renault de René Arnoux. Pour la victoire, aussi, de Jean-Pierre Jabouille, qui impose pour la première fois sa Renault turbocompressée face aux moteurs atmosphériques, une technologie qui deviendra la norme malgré les railleries des débuts.
GP d'Australie 1986 : Prost champion d'un cheveu
En tête du Championnat à la veille du dernier GP de la saison 1986, en Australie, Nigel Mansell peut être confiant : il compte six points d'avance sur Alain Prost et sept sur Nelson Piquet. Pour s'assurer le titre, le Britannique doit terminer dans les quatre premiers. Le Français et le Brésilien doivent eux impérativement gagner, sans que l'Anglais n'inscrive plus de deux points. Les Williams de Mansell et Piquet se qualifient en première ligne mais, en course, rien ne se passe comme prévu! Le moustachu abandonne quand un de ses pneus explose, son équipier est rappelé aux puits par précaution, Prost s'impose et conserve de justesse son titre. « Le Professeur » terminera sa carrière avec quatre couronnes mondiales.
GP de Saint-Marin 1994 : la « fin de semaine noire »
Le circuit Enzo e Dino Ferrari d'Imola accueille, le 1er mai 1994, le 14e Grand Prix de Saint-Marin, qui reste dans les mémoires comme la « fin de semaine noire » de la F1. L'Autrichien Roland Ratzenberger, en qualifications samedi, et le triple champion du monde brésilien Ayrton Senna, pendant la course dimanche, trouvent la mort. Avant eux, un autre Brésilien, Rubens Barrichello, avait déjà subi un grave accident le vendredi.
GP de Monaco 1996 : seulement trois F1 à l'arrivée!
Dans les rues humides mais s'asséchant de la Principauté, sorties de piste et casses mécaniques s'enchaînent le 19 mai 1996. Seuls trois pilotes passent la ligne d'arrivée : Olivier Panis, David Coulthard et Johnny Herbert. Un record! Déjà en 1966, quatre seulement avaient bouclé l'épreuve monégasque. Il s'agit par ailleurs à ce jour de la dernière victoire française dans la catégorie. Avec 24 monoplaces à l'arrivée, le GP d'Europe 2011 à Valence (Espagne) détient le record inverse.
GP des États-Unis 2005 : seulement six F1 au départ!
Jamais aussi peu de voitures n'ont couru qu'au GP des États-Unis 2005. À Indianapolis le 19 juin, seules les six monoplaces équipées de pneus Bridgestone (les Ferrari, Jordan et Minardi) prennent le départ. Les écuries chaussées de pneus Michelin ont en effet déclaré forfait après le tour de formation en raison d'une incertitude quant à la résistance de leurs pneus, à la suite des accidents en essais de Ralf Schumacher et Ricardo Zonta.
GP de Chine 2006 : dernière victoire de Schumacher
Le 1er octobre 2006 à Shanghai, Michael Schumacher remporte sa 91e et dernière victoire en F1. Un record qui reste pour l'heure inégalé (Lewis Hamilton en compte 74 et Sebastian Vettel 52). A la fin de cette saison, le pilote le plus récompensé dans la catégorie, avec sept titres mondiaux (1994-1995 et 2000-2004), prend une retraite dont il sortira pour trois ans, entre 2010 et 2012, avec Mercedes, sans les mêmes résultats. La dernière de ses 68 positions de tête a été acquise au GP de France 2006. Avec 84 positions de tête, seul Hamilton a fait mieux.
GP du Canada 2011 : le GP le plus long
4 h 04 min 39 sec 537/1000, c'est la durée du plus long GP de l'histoire, disputé sous une pluie battante sur le circuit Gilles-Villeneuve de Montréal le 12 juin 2011. Après un départ derrière la voiture de sécurité sur une piste très humide, la pluie reprend de plus belle, provoquant une interruption de plus de deux heures au 25e des 70 tours. En tout, la voiture de sécurité apparaît à six reprises. Malgré six passages par les stands et deux accrochages pour lesquels il n'a pas été sanctionné, Jenson Button l'emporte. Interrompu par la pluie, le plus court GP, en Australie en 1991, n'a duré que quatorze tours. Il a vu s'imposer Ayrton Senna, maître sur le mouillé, en 24 min 34 sec 899/1000.