Cette fin de semaine, la Formule 1 atteindra un plateau important de son histoire. Le Grand Prix de Chine sera en effet le 1000e Grand Prix. Du Grand Prix de Silverstone en 1950 à celui de Chine en 2019, la Formule 1 nous aura fait vivre une tonne d’émotions fortes, des moments de joie et des moments plus tristes, des histoires de succès, mais aussi d’échec. Ce Grand Prix sera une occasion pour la Formule 1 de mettre son histoire à l’avant-plan et de se remémorer plusieurs souvenirs.

 

D’ailleurs, de nombreux pilotes ont dévoilé des couleurs spéciales sur leur casque pour souligner l’événement. C’est le cas de Romain Grosjean, Alexander Albon, Daniel Ricciardo et Nico Hulkenberg, pour ne nommer que ceux-là. George Russell arborera les couleurs de Juan-Pablo Montoya sur une moitié de son casque, rendant ainsi hommage à un de ses pilotes favoris.

 

C’est pourquoi, cette semaine, je vous propose une chronique un peu différente, un peu plus personnelle. À l’occasion du 1000e Grand Prix, j’ai envie de vous écrire sur les épreuves qui m’ont marqué et qui ont fait de moi le partisan de Formule 1 que je suis devenu. Ce n’est pas une liste des meilleurs Grands Prix ou des plus grands moments de la F1. Ce sont simplement les miens... tout en gardant en tête que je suis né en 1991!

 

Il était une fois... Jacques Villeneuve champion

Pour moi, tout a commencé le 26 octobre 1997, le lendemain de mon 6e anniversaire, à l’occasion du Grand Prix d’Europe, présenté à Jerez, en Espagne. Cette épreuve fait bien sûr partie de l’histoire de la course automobile au pays, puisque c’est là que Jacques Villeneuve a remporté son championnat du monde, résistant à une manœuvre déloyale de son rival, Michael Schumacher.

 

Ce serait faux de dire que je me souviens de tout dans tous les détails. Je me souviens que la voiture bleue était le « gentil » et la voiture rouge, le « méchant » (bon, j’avoue que c’est assez simpliste comme raisonnement, mais à 6 ans et 1 jour, mes analyses étaient moins poussées!). J’ai surtout l’impression de me souvenir de l’ambiance, de la tension qui régnait alors. Difficile pour moi de l’expliquer de façon concrète, mais je me rappelle le sentiment que cette course était différente des autres. Du moins, je m’en souviens assez pour savoir qu’à partir de ce moment, la Formule 1 a toujours fait partie de ma vie. Une passion était née. S’il y a un seul Grand Prix à retenir sur les 1000, pour moi, il s’agit sans l’ombre d’un doute de celui-là.

 

Par la suite, j’ai bien sûr continué d’encourager le pilote de chez nous, Jacques Villeneuve, tout au long de ses années difficiles chez BAR et les autres équipes qui ont suivi. Sauf que j’ai aussi commencé à développer mes préférences personnelles pour certains pilotes. Un peu comme Russell, Juan-Pablo Montoya aura été l’une de mes premières idoles. Un des premiers dont j’ai pu suivre la carrière en F1 au complet et qui est devenu mon favori dès son troisième Grand Prix. Sa manœuvre de dépassement sur Schumacher lors du Grand Prix du Brésil, en 2001, a marqué les esprits. C’était plus qu’un dépassement, c’était un énoncé clair et sans équivoque. Montoya n’était pas là pour regarder la parade Schumacher. C’est un pilote qui n’avait pas froid aux yeux et qui n’a jamais été intimidé par qui que ce soit. Malheureusement, malgré ses 7 victoires et 30 podiums en Formule 1, ses résultats n’auront peut-être pas été à la hauteur de la qualité de son pilotage, ne terminant jamais mieux que 3e au Championnat du monde. Chose certaine toutefois, il aura été un plaisir à regarder en piste de week-end en week-end.

 

Si le palmarès de Montoya n’est pas aussi garni qu’il aurait pu l’être, c’est en grande partie en raison de Michael Schumacher. Sa domination et ses cinq titres mondiaux acquis entre 2000 et 2004 étaient du jamais-vu en Formule 1. S’il est vrai qu’enfant, l’Allemand n’était pas mon favori, avec le recul, je réalise la chance que j’ai eue de voir l’un des plus grands de l’histoire de la F1 à l’œuvre et au sommet de son art. Schumi était polarisant, c’est vrai. On l’aimait ou on le détestait. Sauf que son statut de légende ne fait aucun doute aujourd’hui, et j’ai réalisé, lors de son grand retour avec Mercedes, à quel point il avait manqué à la Formule 1. Vous parlez des années 2000 en Formule 1, sans glisser un mot sur lui serait impensable.

 

Par contre, je crois qu’il était temps pour la Formule 1 de voir d’autres pilotes s’imposer, et l’arrivée de plusieurs jeunes à ce moment nous aura donné plusieurs moments d’anthologie. Parmi ceux que je retiens, il y a la première victoire de Lewis Hamilton, chez nous à Montréal, mais aussi celle de Sebastian Vettel, en 2008 à Monza. Au volant d’une Toro Rosso qui n’avait rien d’une voiture gagnante, la performance du jeune Allemand sous la pluie était mémorable. C’est assurément une performance dont je vais me souvenir longtemps. C’était une démonstration de talent incroyable par un pilote qui devenait, à l’époque, le plus jeune vainqueur de l’histoire de la Formule 1.

 

Comment oublier aussi le tout premier titre de Lewis Hamilton au Brésil, lui aussi en 2008. Alors que Felipe Masse célébrait déjà sa conquête avec Ferrari, Hamilton avait devancé Timo Glock au dernier virage pour aller chercher le point qui lui manquait. Impossible de terminer un championnat de façon plus dramatique!

 

Évidemment, parmi mes meilleurs souvenirs, le Grand Prix du Canada y trouve une place de choix. Notamment parce qu’il nous a fait vivre des moments hors du commun en piste, comme cette victoire invraisemblable de Jenson Button en 2011, qui s’est retrouvé dernier à certains moments, qui a fait six arrêts aux puits, et qui a devancé Vettel au dernier tour pour remporter le plus long Grand Prix de l’histoire, une épreuve de plus de quatre heures en raison de la pluie. Il y a aussi l’accident effroyable de Robert Kubica à l’épingle...et la victoire du Polonais à Montréal lors de l’édition suivante.

 

Surtout, c’est pour les moments que j’y ai passés avec mes parents, mes amis, et parfois même seul que l’épreuve de Montréal est spéciale. Je me souviens des longues marches, alors que j’avais 8 ou 9 ans, entre le métro Jean-Drapeau et les estrades des S de Senna. Un peu plus vieux, je prenais des billets d’admission générale, arrivant parfois à 6 heures au circuit pour m’assurer d’une bonne place à l’épingle. Ce que j’aimais particulièrement, c’est de partager ces moments avec les autres passionnés qui arrivaient en même temps que moi. Année après année, ce sont les mêmes. On finissait par retenir nos noms, nos pilotes favoris, et on se retrouvait une fois par année comme on retrouve de vieux amis. Ce sont des moments qui ne s’oublient pas.

 

Par contre, il serait bien naïf de croire que depuis une vingtaine d’années, il y a eu seulement de bons et beaux moments. Au fil des ans, certains Grands Prix m’ont marqué pour de mauvaises raisons. Il y a bien sûr ce fameux Grand Prix des États-Unis de 2005 au cours duquel seulement six voitures ont pris le départ. Toutes les voitures équipées de pneus Michelin avaient dû retourner aux puits après le tour de chauffe pour des raisons de sécurité. Cela avait surtout démontré que la F1 pouvait parfois être incapable de prendre des décisions pour le bien du sport et les partisans dans les estrades ne pouvaient croire le triste spectacle se déroulant sous leurs yeux.

 

Et il y a ce Grand Prix du Japon en 2014, une course disputée sous une pluie diluvienne, le circuit de Suzuka étant sous la menace d’un typhon qui s’approchait du tracé. Cela a mené au tragique accident de Jules Bianchi, qui est décédé après un coma de neuf mois. Un triste rappel que ce sport demeure très dangereux, mais surtout, la F1 perdait un de ses beaux espoirs pour l’avenir. Il s’agissait du premier décès d’un pilote de F1 en course depuis Ayrton Senna en 1994.

 

Je pourrais bien sûr continuer longtemps de vous écrire sur mes souvenirs concernant plusieurs des 999 Grands Prix officiels à ce jour. Je pourrais vous parler de Mika Hakkinen, de la première victoire de Max Verstappen en Espagne, du podium de Lance Stroll à Bakou, qui devenait le premier Canadien à monter sur un podium depuis 2001, mais ça vous donne une idée des épreuves et des pilotes qui m’ont marqué au fil des ans. Et vous, quels sont vos meilleurs moments? Si vous avez à choisir une course qui a fait de vous un amateur de Formule 1, ou un pilote, lequel choisiriez-vous?

 

Et qui sait, peut-être que le prochain sera le meilleur des 1000 premiers Grands Prix de l’histoire de la Formule 1! Si ça devait arriver, vous voudrez certainement être des nôtres dans la nuit de samedi à dimanche à 1 h 30 pour l’émission d’avant-course. Pour la séance de qualifications, le rendez-vous est à 1 h 45 dans la nuit de vendredi à samedi.