PARIS - Ron Dennis tente jeudi d'éviter des sanctions sportives à McLaren et ses pilotes, Fernando Alonso et Lewis Hamilton, en cherchant à convaincre la FIA que son équipe n'a pas bénéficié des informations frauduleusement obtenues auprès de Ferrari par l'un de ses employés.

La FIA a convoqué à Paris une réunion extraordinaire de son Conseil mondial pour entendre à huis clos les responsables de McLaren-Mercedes après s'être saisie d'une affaire d'espionnage portée par Ferrari devant la justice italienne et britannique.

"Les responsables de l'équipe ont été convoqués pour répondre des accusations selon lesquelles entre mars et juillet 2007, en infraction avec l'article 151c du Code sportif international, McLaren-Mercedes était en possession non autorisée de documents et d'informations confidentiels appartenant à la Scuderia Ferrari, y compris des informations qui pourraient être utilisées pour dessiner, concevoir, construire, vérifier, développer et/ou faire rouler une Formule 1 Ferrari de 2007", énonce la convocation.

Aux termes des règlements de la FIA, McLaren-Mercedes et ses pilotes risquent une punition allant du blâme à l'exclusion du championnat.

Les larmes de Dennis

Depuis que l'affaire est sur la place publique, Dennis nie formellement, parfois même de façon théâtrale avec des larmes dans les yeux, que son équipe soit impliquée globalement, rejetant les faits sur une personne ayant agi à titre strictement personnel, selon lui, et qu'il avait même refusé de nommer jusqu'à la semaine dernière.

"Je ne peux pas faire le moindre commentaire sur ce dossier car il est entre les mains de la justice (...) je n'ai même jamais confirmé que l'employé suspendu était (le concepteur des monoplaces McLaren 2007) Mike Coughlan", a dit Dennis en marge du GP d'Europe.

En l'état des révélations, un employé de longue date de Ferrari, Nigel Stepney, aurait donné à Coughlan un dossier confidentiel sur les F2007.

Mais plus grave pour McLaren, Stepney aurait prévenu Coughlan que Ferrari utilisait en Australie un fond plat mobile interdit par le règlement. Après avoir été outrageusement dominée à Melbourne, l'écurie McLaren avait demandé à la FIA, sans citer Ferrari, si un tel système était réglementaire... La réponse fut négative et, même si ce n'est qu'une coïncidence, McLaren a pris le dessus en piste.

"Il ne faut pas exagérer, toutes les équipes avaient ce système", assure à l'AFP un responsable d'une écurie sous couvert de l'anonymat.

Solution à l'amiable

Mais s'il s'avère que Stepney a effectivement prévenu Coughlan de l'utilisation de ce fond plat mobile, cette demande d'éclaircissement de la part de l'équipe de Ron Dennis perd son caractère a priori ingénu et tendrait à prouver que Coughlan n'était pas le seul à avoir reçu au moins cette information confidentielle concernant Ferrari.

Et si la FIA estime que McLaren a pu avoir des informations qui lui ont donné un quelconque avantage, alors elle devrait sanctionner l'écurie qui domine le championnat constructeur et dont le duo Hamilton-Alonso est en tête chez les pilotes.

A moins qu'une solution à l'amiable ne soit négociée. Une sanction sportive à l'encontre de McLaren-Mercedes ruinerait le championnat, alors qu'une solution à l'amiable arrangerait tout le monde, y compris le pouvoir sportif.