À quoi servent les filières de jeunes pilotes en Formule 1?
Formule 1 mardi, 20 mars 2018. 07:51 mercredi, 11 déc. 2024. 21:54PARIS - Sur les vingt pilotes qui prendront le départ du premier Grand Prix de la saison 2018 de Formule 1, dimanche à Melbourne (Australie), onze sont issus des filières de détection liées aux écuries, voies royales vers la F1.
Le principe est simple : Red Bull, Renault, Ferrari, Mercedes et McLaren sélectionnent des espoirs du sport automobile - plus ou moins nombreux selon la philosophie de la maison - et les accompagnent dans les catégories inférieures, quand la plupart n'auraient pas les finances pour s'assurer un volant.
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« Le sport automobile est très cher et il faut du soutien pour passer ces étapes », confirme le Britannico-Coréen Jack Aitken, 22 ans, membre de la Renault Sport Academy.
Les écuries leur offrent également une préparation physique et mentale, de relations publiques, du temps au simulateur, voire du roulage en F1 en leur sein ou chez des équipes clientes.
« Ça aide beaucoup car ce sont des choses qu'on ne pourrait pas faire seul », fait remarquer le Franco-Argentin Sacha Fenestraz, 18 ans, également soutenu par le constructeur français.
Les pilotes qui parviennent au bout de ce processus doivent trouver leur place en F1 chez le constructeur qui a accompagné leur progression.
Red Bull pour modèle
« L'intérêt est avant tout sportif : il s'agit de sécuriser le plus tôt possible ceux qu'on pense être les grands pilotes de demain », explique Gwen Lagrue, responsable de la filière Mercedes.
« Ça peut être plus intéressant financièrement que de débaucher des superstars », ne cache pas Mia Sharizman, qui dirige le programme junior de Renault, destiné avant tout, selon lui, à « montrer l'ADN de la marque, au-delà du moteur et de la voiture ».
Dans le domaine, Red Bull fait figure de modèle avec son équipe junior lancée en 2001 et dirigée par le Docteur Helmut Marko, parfois surnommé « Dieu » pour sa capacité à faire et défaire une carrière (dernier exemple en date, l'éviction du Russe Daniil Kvyat en fin de saison 2017).
L'Allemand Sebastian Vettel, quadruple champion du monde avec Red Bull entre 2010 et 2013 et désormais chez Ferrari, est le meilleur exemple de la réussite de cette filière.
Les deux pilotes Red Bull, l'Australien Daniel Ricciardo et le Néerlandais Max Verstappen en sont également issus, comme l'Espagnol Carlos Sainz fils (Renault, ex-Toro Rosso) et la recrue française Pierre Gasly (Toro Rosso).
L'autre pilote de l'écurie-soeur de Red Bull, le Néo-Zélandais Brendon Hartley, est aussi passé par ce programme avant d'être remercié au début des années 2010. Devenu double champion du monde d'endurance avec Porsche (2015 et 2017), il a été rappelé en fin de saison dernière pour remplacer Sainz.
Le Belge Stoffel Vandoorne a lui été couvé par McLaren et le Français Esteban Ocon par Lotus puis désormais Mercedes.
Risque d'engorgement
Le débutant monégasque Charles Leclerc (Sauber) est un produit de la Ferrari Driver Academy, comme le Mexicain Sergio Pérez (Force India) et le Canadien Lance Stroll (Williams).
Mais le cas de ces deux pilotes est un peu différent : le premier est soutenu par le milliardaire Carlos Slim et le second par son richissime père qui, selon la presse britannique, possède une partie du capital de son écurie.
Parmi les quatre recrues de 2018, aux côtés de Leclerc, Gasly et Hartley, seul le Russe Sergey Sirotkin (Williams) n'est pas issu de ces programmes de détection et bénéficie d'importants soutiens financiers.
Gravir les échelons jusqu'à la F1 via une filière n'est toutefois pas une garantie d'y rester, comme l'a démontré le cas de l'Allemand Pascal Wehrlein, protégé de Mercedes avant Ocon, qui n'est pas parvenu à se faire une place ailleurs après son éviction de Sauber en fin d'année.
« Il manque deux écuries pour placer les jeunes », regrette Lagrue. Et le Suédois Marcus Ericsson, pilote « payant », occupe un des baquets de l'écurie de Hinwil (Suisse).
Sur un plateau assez jeune et alors que les carrières s'allongent, gare à l'engorgement!
Derrière les Britanniques George Russell, 20 ans, et Lando Norris, 18 ans, soutenus respectivement par Mercedes et McLaren, la plupart des filières misent désormais sur de jeunes pilotes évoluant en karting.