MEXICO, Mexique - Dans un pays où la course automobile est une passion ancrée depuis longtemps, le public mexicain ne manquera pas de venir acclamer ses idoles Sergio « Checo » Pérez et Esteban Gutiérrez dimanche à Mexico pour le Grand Prix de F1, habitué à se presser au bord des routes et des circuits.

Le Grand Prix se déroule sur « l'Autodrome des Frères Rodriguez », tracé dans un parc de la capitale et baptisé en mémoire de Ricardo et Pedro Rodriguez. Deux as des années 60 et 70, tous les deux morts en course : Ricardo sur ce même circuit en 1962, Pedro en Allemagne en 1971.

Abandonnée par la F1 entre 1993 et 2015, la piste, redessinée et modernisée - et quelque peu aseptisée - a fait l'an dernier son retour au calendrier du Championnat du monde.

Le public mexicain, qui s'était déplacé en masse (quelque 135 000 spectateurs), va pouvoir de nouveau encourager son pilote « Checo » Pérez, 26 ans, huitième l'an dernier, mais aussi Esteban Gutiérrez, 25 ans, qui ne courait pas en 2015 mais a fait son retour cette année en F1 au volant d'une Haas. Si le premier a une chance de monter sur le podium, comme il l'a déjà fait deux fois cette année avec sa Force India, le second espère pouvoir marquer ses premiers points de la saison à l'occasion de son GP national.

Détection des jeunes talents

Un troisième pilote mexicain, Alfonso Celis Jr, 20 ans, pilote de réserve chez Force India, a participé la semaine dernière à une séance d'essais libres lors du GP des États-Unis. Mais il n'a encore jamais pris le départ d'un GP de F1.

Derrière ce retour en force des pilotes mexicains au sommet du sport automobile, se trouve une filière qui cherche à détecter le plus tôt possible les jeunes talents : la « Escuderia Telmex », créée à l'initiative d'une compagnie de télécommunications appartenant au milliardaire Carlos Slim, l'un des hommes les plus riches du monde, et de son fils Carlos Slim Domit, dit « Junior ». En place depuis près de quinze ans, elle aide des jeunes, mexicains mais aussi d'autres pays d'Amérique latine, à gravir tous les échelons du sport auto, du karting à la F1.

« Si quelqu'un a du talent, la situation financière ne constitue pas un obstacle. C'est la beauté du projet qui ne dépend pas de l'argent mais du talent, de l'opiniâtreté et des capacités », affirme son responsable Fernando Gutiérrez au journal mexicain El Economista.

Carlos Slim Jr est bien placé pour assurer le suivi de ses protégés car il est membre du Sénat de la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

« Complètement fou »

La filière ne vise pas seulement la F1 et a mené un autre jeune pilote, Daniel Suarez, 24 ans, jusqu'à la discipline reine du sport automobile aux États-Unis, le NASCAR, dans laquelle il a remporté deux courses cette année.

Mais l'engouement des Mexicains pour le sport automobile atteint son paroxysme tous les ans pour la « Carrera Panamericana » (la Course panaméricaine), dont l'édition 2016 aura lieu mi-novembre. Réédition d'une course célèbre du milieu du siècle dernier, remportée par Fangio en 1953, elle voit depuis sa renaissance en 2002 s'affronter sur les routes mexicaines des voitures anciennes, quoique passablement modernisées et gonflées.

« C'est complètement fou », a affirmé l'ex-pilote suédois de F1, Stefan Johansson, 60 ans, à l'AFP en marge du GP des États-Unis. « Il y a des gens partout le long de la route, des milliers et des milliers de gens ». Il y était en 2015, comme commissaire de course, et voudrait y participer comme concurrent.

Ce sont généralement des vieilles Studebaker (une marque américaine aujourd'hui disparue) équipées d'un V8 de 500 chevaux qui l'emportent. Le recordman absolu des victoires (7) n'est autre qu'un Français, Pierre de Thoisy, surnommé au Mexique « el Frances volante » (le Français volant) et qui détient également le record de la plus haute vitesse atteinte pendant l'épreuve avec 316 km/h. Soit aussi vite qu'une F1 sur le circuit de Mexico.