MONTMELÓ, Espagne - L'écurie Force India, 5e du Championnat du monde de Formule 1 l'an dernier, a bien mal entamé une saison cruciale pour elle, sur fond de problèmes judiciaires pour son propriétaire, l'homme d'affaires indien Vijay Mallya.

Basée à Silverstone, tout près du circuit anglais, Force India a obtenu en 2015 le meilleur résultat d'une histoire entamée début 2008 quand Mallya, passionné de sport auto depuis sa plus tendre enfance, a racheté à des Néerlandais l'éphémère écurie Spyker (ex-Jordan).

Cet hiver, les hommes de Force India ont conservé leurs moteurs Mercedes, leurs pilotes de haut niveau, Nico Hülkenberg et Sergio Pérez, discuté avec Aston Martin et fignolé une nouvelle monoplace, la VJM09. Mais au lieu de continuer dans la foulée de 2015, ils font du sur-place : huit points en quatre manches, soit ce qu'ils récoltaient en moyenne à chaque Grand Prix, la saison dernière (136 pts en 19 GP).

Les deux pilotes, « Hulk » et « Checo », sont toujours aussi bons et vont bientôt passer le cap des 100 départs en F1. Mais leur patron n'est pas là et ça commence à se savoir dans le paddock: le flamboyant Dr Mallya est privé de passeport par les autorités indiennes qui lui réclament plus d'un milliard de dollars.

Une demande d'extradition est en cours, depuis fin avril, et Mallya, 60 ans, n'a plus remis les pieds en Inde depuis début mars. Il se cache sur son yacht de 95 mètres, l'Indian Empress, ou dans l'une des propriétés qu'il aurait acheté, selon ses détracteurs, avec l'argent prêté par les banques indiennes pour renflouer, en vain, la compagnie aérienne Kingfisher Airlines.

Mallya : 5 M d'abonnées sur Twitter

Un avocat de Mallya a rejeté toutes les accusations de détournement de fonds. Quant au patron, il continue à exister en renvoyant des tweets sur les réseaux sociaux, la plupart portant sur le cricket, son autre sport préféré. Ça intéresse quand même 5,1 millions d'abonnés sur son compte personnel, @TheVijayMallya, soit cinq fois plus que son pilote mexicain, « Checo » Pérez.

Comme la F1 est une planète à part, son fidèle directeur général et Team Principal adjoint, Robert Fernley, a évoqué sans sourire le « partage toujours aussi inéquitable » des revenus de la F1, vendredi en conférence de presse, dans le paddock du Circuit de Catalogne. Car Force India fait partie des équipes indépendantes et a porté plainte l'an dernier auprès de la Commission européenne pour « concurrence déloyale ».

Dimanche il y a un GP d'Espagne, près de Barcelone, et le Dr Mallya ne sera pas là, c'est sûr. Dans 15 jours, le grand cirque de la F1 plantera son chapiteau dans le port de Monaco, à quelques encablures des îles de Lérins, au large de Cannes, où le Dr Mallya possède une superbe villa. Il souhaite négocier avec les autorités indiennes car il n'est pas d'accord sur les montants et préfère le faire à distance raisonnable des prisons de son pays, avec l'aide de ses avocats.

Le Dr Mallya veut éviter de connaître le sort du co-actionnaire de Force India, Subrata Roy, emprisonné depuis deux ans car son fonds d'investissement, baptisé Sahara, a floué plusieurs milliers de petits porteurs indiens. Dans le cas de Sahara, le préjudice est estimé à 4,8 milliards de dollars par la justice indienne, soit quatre fois plus que Mallya après la faillite de Kingfisher. Ça explique aussi pourquoi les parts de Sahara (42%) dans Force India sont à vendre, depuis plusieurs mois. La traversée du désert ne fait que commencer.