MELBOURNE, Australie - Quand on a été privé pendant 18 mois de la saveur de la victoire, comme Ferrari et Sebastian Vettel avant le Grand Prix d'Australie dimanche, une bouchée ne peut suffire. La Scuderia aborde 2017 avec un appétit retrouvé.

Sergio Marchionne, le président de la marque au cheval cabré, a donné le ton avec un communiqué diffusé si tôt après la victoire de l'Allemand qu'on pouvait se demander depuis combien de temps il était prêt à être envoyé aux médias.

« Il était temps, c'est ainsi que commence le texte. Je suis très heureux pour l'équipe et les tifosi qui nous ont soutenus pendant cette longue période. Nous avons attendu cette victoire pendant près d'un an et demi. Entendre à nouveau l'hymne national était très émouvant. »

« Maintenant, ceci dit, il est absolument essentiel de se souvenir que ce n'est pas la destination mais seulement le premier pas d'une longue route qui doit nous voir tous concentrés pour s'améliorer de jour en jour », ordonne Marchionne.

Avec 31 titres mondiaux (16 constructeurs et 15 pilotes) et 224 victoires en 929 GP depuis 1950, la plus ancienne des écuries engagées cette saison en F1 est aussi sur le papier la plus vorace.

Mais ses derniers titres remontent à 2007 au Championnat du monde des pilotes et à 2008 à celui des constructeurs. Et Ferrari a subi un sevrage forcé de victoires entre le GP de Singapour en septembre 2015 et l'ouverture de la saison 2017.

Hégémonique sous l'ère Schumacher, entre 1999 et 2004, le pur-sang a subi à son tour la loi d'autres écuries, Red Bull entre 2010 et 2013, puis Mercedes depuis 2014. Mais le temps semble venu de se rebiffer.

Clairement plus rapides

C'est la loi de la F1, ce sont bien souvent les changements de réglementation technique qui font et défont les hiérarchies. Or 2017 apporte ce qui, pour beaucoup, est le plus grand bouleversement des trois dernières décennies, avec des monoplaces élargies, alourdies et plus rapides.

Le titre est promis à l'écurie qui saura le mieux exploiter cette nouvelle donne et, au vu des essais de Barcelone, dominés par les deux monoplaces de la Scuderia, et du premier affrontement de la saison, Ferrari pourrait durablement faire de l'ombre à Toto Wolff et ses hommes.

Le risque pris par le patron Maurizio Arrivabene de se séparer de son directeur technique britannique James Allison en juillet pour confier le projet 2017 à un état-major issu du sérail, autour de Mattia Binotto, jusqu'alors responsable du département moteur, semble avoir payé.

En effet, avant dimanche, les Flèches d'Argent, triples championnes du monde en titre pilotes et constructeurs, n'avaient plus laissé filer le Grand Prix d'ouverture de la saison depuis 2013.

Certes, Vettel et Ferrari ont eu un peu de chance quand Lewis Hamilton, parti en pole position, s'est trouvé coincé dans le trafic après son premier arrêt au stand, permettant à l'Allemand de s'installer en tête, mais il y a longtemps qu'une monoplace italienne n'avait pas rivalisé, en performance pure, avec la Mercedes du Britannique.

C'est d'ailleurs le sentiment qu'exprimait le second pilote des Flèches d'Argent, le Finlandais Valtteri Bottas, après la course: « je suis surtout surpris par le rythme de Ferrari. Nous savions que ça allait être un rude combat mais ils étaient clairement plus rapides que nous. »

Hamilton qui disait, en conférence de presse jeudi, qu'il « adorerait » plus de duels avec l'Allemand devrait être servi. Quant à Vettel, qui surnomme chaque année sa monoplace, il a baptisé sa SF70H « Gina », diminutif de « Regina », reine en italien. Il ne manque au duo que la couronne.