Une course dans la course : le Grand Prix d'Australie de F1 s'est animé, dans ses derniers kilomètres dimanche, les trois premiers, Bottas, Hamilton et Verstappen, se disputant le meilleur tour, désormais synonyme de bonus au Championnat du monde.

La nouvelle règle, adoptée in extremis le 11 mars, accorde un point supplémentaire à l'auteur du meilleur tour en course et son écurie, s'il se classe parmi les dix premiers et ne fait pas l'objet d'une pénalité. Son but : prolonger le suspense jusqu'au bout des GP et diversifier les stratégies. 

Vingt-et-un point, pour vingt-et-un GP, viennent donc s'ajouter en 2019 à un barème par ailleurs inchangé, avec 25 unités pour le vainqueur, puis 18, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 2 et 1 pour les neuf suivants.

Alors que le paddock était partagé sur l'intérêt d'une telle mesure , rappelant que les chronos tombent souvent en fin de course dans les dernières tentatives de dépassements, la manche inaugurale de la saison, sur le circuit de l'Albert Park à Melbourne, a démontré que ce point pouvait devenir un enjeu en piste.

Le vainqueur Valtteri Bottas, son coéquipier Lewis Hamilton et le Néerlandais de Red Bull Max Verstappen ont ainsi tous les trois claqué leur meilleur temps au 57e tour sur... 58!

« Grande différence à la fin de l'année »

« C'est un point, et si vous en marquez trois ou plus, ça peut faire une grande différence à la fin de l'année. On ne sait jamais », plaide le Finlandais, également sorti gagnant de cet affrontement.

Décidé à marquer les esprits après une saison sans succès en 2018, le pilote de 29 ans a même été jusqu'à proposer par radio à son écurie de rentrer aux puits chausser des pneus neufs à six tours de l'arrivée pour s'assurer ce point supplémentaire !

Avec une avance sur la ligne de plus de 20 secondes, il aurait pu se le permettre.

« Savoir que vous êtes sur le point de marquer 20, 18 ou 15 points reste plus important que ce point bonus, donc il faut prendre en compte le risque. Mais aujourd'hui, ça valait le coup, avec la marge pour un arrêt aux puits supplémentaire », a-t-il expliqué. 

Son écurie Mercedes n'a pas accédé à sa requête, qu'à cela ne tienne. « Avec mes pneus usés, j'ai essayé (au risque de commettre une erreur, ndlr) et ça valait le coup », clame-t-il.

On le comprend: l'année dernière, c'est lui qui a réalisé le plus grand nombre de meilleurs tours (7). Or, il a terminé cinquième du championnat à deux points de Verstappen et quatre du Finlandais Kimi Räikkönen (Ferrari).

Hamilton a lui aussi manifesté à la radio son « besoin de ramener ce point ». « Il y en a 21, donc nous allons nous battre pour », a ensuite justifié le quintuple champion du monde.

« Risqué »

N'en reste pas moins que leur patron Toto Wolff, à l'image de ses comparses dirigeants d'écuries, n'est pas aussi risque-tout.

« Ce matin, dans notre rencontre de stratégie, je leur ai interdit de faire le tour le plus vite s'ils étaient premier et deuxième... et (Bottas) m'a ignoré, a révélé l'Autrichien au micro de Canal+. Mais (ce point), je le prends maintenant! »

À la tête de Ferrari, Mattia Binotto a lui aussi choisi la prudence, n'offrant pas au Monégasque Charles Leclerc des pneus frais pour tenter de contester la suprématie des Flèches d'argent.

« Rentrer aux puits aurait été risqué, a-t-il expliqué. Il était plus important d'amener les voitures sur la ligne et de marquer des points. Quand vous n'êtes pas les meilleurs (en l'occurrence quatrième et cinquième à près d'une minute de Bottas, ndlr), il est important de prendre les points. Nous étudierons la course, éventuellement cette décision, mais voilà notre raison. »

« Cela a apporté une dynamique intéressante à la fin », a tout de même estimé Christian Horner, qui dirige Red Bull.

Entre pilotes voraces et écuries pragmatiques, dont les droits d'entrée en F1 s'élèvent par ailleurs plus ils marquent de points au Championnat, les 20 unités bonus encore à prendre cette saison promettent en tout cas d'animer quelques Grand Prix.