PARIS – « Surprises », « choquées », « énervées »... Les écuries de Formule 1 envisagent de riposter après l'annonce d'un accord aux contours flous entre la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et Ferrari à la suite d'une analyse du fonctionnement du moteur de la Scuderia, sur lequel des doutes pesaient l'an dernier.

La FIA, qui édicte et fait respecter les règles du championnat du monde, a annoncé vendredi « qu'après des enquêtes techniques approfondies, elle a conclu son analyse du fonctionnement de l'unité motrice de la Scuderia Ferrari de Formule 1 et est parvenue à un accord avec l'équipe », dont « les détails resteront confidentiels ».

Au milieu de ce communiqué aux termes choisis, la Fédération internationale a précisé que « la FIA et la Scuderia Ferrari ont pris un certain nombre d'engagements techniques qui permettront d'améliorer la surveillance de tous les groupes propulseurs en Formule 1 dans les saisons à venir et aideront la FIA dans ses autres tâches réglementaires en Formule 1 et dans ses activités de recherche sur les émissions de carbone et les bio-carburants ».

Interrogée par l'AFP vendredi, Ferrari n'avait pas donné plus de détails sur la nature ou les raisons de cet accord.

Il intervient toutefois alors que plusieurs écuries ont exprimé en seconde partie de saison dernière des suspicions sur la conformité du groupe propulseur utilisé par la Scuderia, après un bond en vitesse en ligne droite particulièrement visible en qualifications au retour de la trêve estivale.

Red Bull avait ainsi demandé avant le Grand Prix du Mexique une clarification à la FIA sur la mesure du débit de carburant, limité par le règlement, en visant nommément Ferrari devant les médias.

Après la publication d'une directive technique sur ce point, l'avantage de la Scuderia s'était estompé lors des trois dernières courses de la saison. Par la suite, l'instance gouvernante de la F1 avait exigé la pose d'un second débitmètre dans le moteur des monoplaces en 2020.

L'équipe italienne avait également dû s'acquitter de 50 000 euros d'amende à l'issue du dernier GP à Abou Dhabi, le volume d'essence dans la monoplace du Monégasque Charles Leclerc avant la course ne correspondant pas à celui qu'elle avait annoncé.

Opacité

Contactés par l'AFP, les adversaires de Ferrari se gardent pour le moment de commenter ouvertement cette situation mais plusieurs expriment sous couvert d'anonymat leur « surprise », leur « choc », leur « déception » ou encore leur « colère ».

Elles disent ne pas avoir été informées de cette enquête ou de ses conclusions avant la communication officielle de la FIA et déplorent son « opacité », tant en termes de contenu que de timing, à dix minutes de la fin des essais d'avant-saison sur le circuit de Barcelone.

Pour ces équipes, qui discutent actuellement de la réponse à apporter, conjointement ou séparément, cette annonce pose plusieurs questions.

La première concerne la légalité ou non du moteur Ferrari l'an dernier. Le communiqué de la FIA ne répond pas à cette interrogation et « laisse donc soupçonner qu'il n'est pas légal », pointe-t-on. « Ça ne peut pas rester en l'état », exhorte une écurie. « Sinon ça veut dire qu'il y avait un problème. »

La confidentialité de l'accord interroge d'autres acteurs. « La question de savoir si Ferrari a triché est presque secondaire comparé au problème de transparence que cela pose », regrette une écurie.

Cela n'est « pas en phase avec le monde actuel et les exigences de transparence en matière de gouvernance de la société et du sport, auxquelles la FIA souscrit dans ses statuts », estime une autre.

Sollicitée par l'AFP lundi, l'instance gouvernante de la F1 assure être « ouverte aux demandes des écuries dans le respect de la confidentialité et de la légalité des accords ».