SINGAPOUR - Souvent brillant, volontiers brouillon, Lewis Hamilton (McLaren) multiplie cette saison les incidents en piste, s'attirant les foudres de ses adversaires, à commencer par le Brésilien Felipe Massa (Ferrari), qu'il a encore touché dimanche au Grand Prix de Singapour de Formule 1.

Les visites du tumultueux Britannique au bureau des commissaires de piste ne se comptent plus. En quatorze courses, Hamilton a écopé de cinq pénalités, drive-through - passage à vitesse réduite dans la ligne droite des puits- ou sanctions rétrospectives. Quatre incidents cette année sont particulièrement édifiants.

- GP de Malaisie : dépassement interdit. Hamilton est pénalisé de vingt secondes pour avoir changé plusieurs fois de trajectoire alors que Fernando Alonso (Ferrari) l'attaquait, pour empêcher l'Espagnol de le dépasser. Il rétrograde d'une place, pour finir 8e.

- GP de Monaco : autotamponneuse. Le Britannique commence par être sanctionné le samedi pour avoir coupé un virage lors de son tour de qualification le plus rapide, ce qui lui vaut de partir de la 9e place.

Le lendemain, il emboutit Felipe Massa, endommageant la Ferrari du Brésilien, victime d'un accident quelques hectomètres plus loin. Il écope d'une nouvelle pénalité. Plus tard, il pousse la Williams de Pastor Maldonado, alors 6e, dans le décor, mais n'est pas sanctionné.

« C'est une p... de blague. J'ai été voir les commissaires cinq fois en six courses cette saison. Massa m'a retenu en qualifications, j'ai eu la pénalité. Il m'est rentré dedans (en course). J'ai eu la pénalité. Ces pilotes sont ridicules. C'est stupide », s'emporte-t-il alors.

Interrogé sur les raisons de ces sanctions, Hamilton ironise : « Peut-être est-ce parce que je suis noir. C'est ce que Ali G. (un comique britannique) dit. » Il s'excusera ensuite pour ces propos.

- GP du Canada : affaires de famille. Sanctionné à Monaco 15 jours plus tôt, il récidive dès la course suivante. Parti 5e d'une course débutée derrière la voiture de sécurité, Hamilton, survolté, commence par toucher Mark Webber (Red Bull) dès le premier virage, poussant l'Australien en tête-à-queue.

Il heurte ensuite une première fois son coéquipier Jenson Button, sans conséquence, avant d'essayer de le doubler en ligne droite. Button réplique en le serrant contre le muret des puits, jusqu'à l'accident (7e tour). Roue arrière-gauche arrachée, Hamilton abandonne. Button finit par remporter la course.

- GP de Singapour : récidive. Hamilton, dans la dernière partie des qualifications, tente de dépasser Massa à l'entame d'un tour rapide. Le Brésilien freine et le laisse passer pour éviter l'accident.

Le Britannique, auteur d'un mauvais départ, le remercie en le tamponnant en piste, lui crevant un pneu. Au passage il endommage son propre aileron avant. Les deux pilotes doivent s'arrêter aux puits pour réparations. Hamilton est sanctionné d'un nouveau drive-through.

Massa, « en rage », selon ses dires, explose : « Combien de fois cette année a-t-il fait cela? Il se trompe, il paie, mais il n'apprend jamais. La FIA (Fédération internationale de l'automobile) doit s'en occuper, parce qu'il l'a tellement fait. »

« À la fin de la course, j'ai essayé de lui parler pour éclaircir l'épisode, mais il s'en est allé sans même me répondre. (Dans la zone d'interview) je suis allé le retrouver et je lui ai dit : 'du bon boulot. Comme ça tu gagneras beaucoup d'autres Championnats!'. »

« Lewis fait son autocritique. La course a été très dure pour lui. Mais il s'en remettra », a réagi dimanche Martin Whitmarsh, le directeur de McLaren. L'intéressé, lui, s'est refusé à tout commentaire.